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Stèle de la Vallée aux Loups à Châtenay-Malabry

Légende :

La stèle est située dans le parc de la Vallée aux loups, voie de l'Orme Mort, à Chatenay-Malabry. Elle porte l'inscription "Ici en 1940, 1941, 1942 ont été fusillés des patriotes victimes de la répression nazie. Souvenez-vous."

Genre : Image

Type : Stèle

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleurs

Lieu : France - Ile-de-France - Hauts-de-Seine - Châtenay-Malabry

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Contexte historique

Ayant confié la sécurité de l’armée allemande à ses tribunaux militaires, le commandement militaire allemand est amené à réquisitionner, dans chaque département, des lieux pour procéder aux fusillades des condamnés à mort, puis à partir du mois d’août 1941, des otages. Ils choisissent d’anciens sites de l’armée française : stands de tirs, forts ou casernes qui permettent un déroulement sécurisé et sans trouble des exécutions.
À Paris, la première fusillade, celle de Jacques Bonsergent, a lieu dans l’enceinte du fort de Vincennes au mois de décembre 1940. A la libération de Paris, en août 1944, 26 résistants capturés par les Allemands sont également fusillés dans l’enceinte du fort et dans le fossé Est.
D’autres sites sont utilisés ponctuellement, tels que la Vallée aux Loups, à Châtenay-Malabry, au chemin dit de « l'Orme mort». Les Allemands ont fusillé, en état actuel des connaissances, 3 personnes en 1941, Louis Robert Pelletier, Henri Gautherot et Samuel Tyzelman.

Louis Robert PELLETIER
 est né le 18 juillet 1889 dans une famille bourgeoise et catholique, descendant d'un général d'Empire. Agrégé d'histoire, il enseigne à l'École pratique des hautes études. Engagé volontaire durant la Première Guerre mondiale (quatre blessures, sept citations et la Légion d'honneur),, il décide de rester dans l'armée et combat au Maroc en 1920-1921 à la tête d'une unité de tirailleurs marocains. Revenu à la vie civile, devenu directeur de cabinet de Joseph Caillaux, ministre des Finances, il participe, en 1926, à la conférence de Washington sur la réduction des dettes de guerre. Après cette expérience politique, il revient au journalisme professionnel et devient rédacteur en chef de Paris-Soir. Parallèlement, il enseigne les méthodes d'espionnage à l'École militaire et entre au 2e Bureau (renseignements) de l'état major des armées. C'est dans ce même service qu'il sert, comme officier volontaire, en 1939-1940. À l'été 1940, Louis Robert Pelletier refuse la défaite et l'Occupation. Avec d'autres éléments du 2e Bureau, il prend la direction pour la zone occupée d'un réseau clandestin de renseignements. Dans le même temps, il prépare avec des cousins bretons son passage à Londres, où il compte rejoindre de Gaulle. Vendu à l'Abwehr (Service de renseignements de l'armée allemande) par deux agents retournés, il est arrêté le 11 novembre 1940 à Paris, au café "La Potinière", rue La Béotie, près du Cercle militaire. Il est incarcéré et torturé à la prison du Cherche-Midi, puis transféré à Fresnes. Condamné à mort pour espionnage le 28 juillet 1941 par le tribunal militaire allemand, il est fusillé le 9 août 1941 à la Vallée aux Loups (Châtenay Malabry), chemin dit de "l'Orme mort". Au Panthéon, son nom figure sur la plaque d'hommage aux écrivains et journalistes morts pour la France.

Henri Gautherot, secrétaire des Jeunesses communistes de Gentilly, et Szmul Tyszelman (Titi), chargé des planques et du matériel, participent à la manifestation du 13 août 1941 organisée par la direction clandestine des Jeunesses Communistes et initialement prévue gare Saint-Lazare. La présence policière sur place oblige les organisateurs à transférer la manifestation Porte de Saint-Denis. Stationnés au Conservatoire des Arts-et-Métiers, les Allemands entrent en jeu. Du côté de la Porte Saint-Martin, une bagarre s'engage. Henri Gautherot prend la fuite. Un civil allemand se lance à sa poursuite et le rattrape dans une loge de concierge au 37 boulevard Saint-Martin. Sous réserve d'un inventaire plus précis, il semble qu'il y ait eu, ce soir-là, comme le mentionne un document allemand, six arrestations : Joseph Bireraer, blessé au côté droit par une balle de revolver allemande, ainsi que Henri Gautherot, conduits tous deux à l'Hôtel Dieu ; Abraham Lichtyg, arrêté pour avoir blessé au visage un gardien de la paix ; Abraham Crazover et Robert Berger. Quant à Szmul Tyszelman, poursuivi par les militaires allemands, auxquels une fourgonnette Police-Secours du XIXe arrondissement avait prêté main forte, il a été finalement arrêté dans une cave du 29 boulevard Magenta où il s'était réfugié. Deux jours plus tard, Gautherot et Tyszelman sont condamnés à mort par le tribunal militaire du Kommandant von Gross-Paris qui siège dans les salons de l'automobile Club, place de la Concorde, ou bien dans la "salle des fêtes" de l'hôtel Continental (un doute subsiste). Henri Gautherot (21 ans) et Samuel Tyszelman (20 ans) sont fusillés le 19 août 1941 à Châtenay-Malabry. Une affiche, éditée par le Parti communiste, apparaît alors sur les murs de Paris et de sa banlieue. Reprenant la phraséologie de celle qui a annoncé l'exécution des deux militants, elle met en garde l'occupant : "Avis au général Stülpnagel. À partir de ce jour, conformément au décret de la Justice Populaire, dix officiers allemands répondront de la vie d'un jeune patriote français. Vingt officiers allemands seront exécutés dans la semaine du 19 au 26 août pour venger la mort de Gautherot et Tyszelman" (affiche découverte le 28 août à Asnières par la Police). L'Humanité clandestine, dans son numéro du 21 août, reprenant le thème de l'affiche, réclame vengeance pour les deux martyrs et appelle la mort de vingt Allemands. C'est ce même jour que Pierre Georges a décidé de venger "Titi", au métro Barbès…


Site internet du Mémorial du Mont-Valérien
Guy Krivopissko, La vie a en mourir ; lettres de fusilles 1941-1944, Tallandier, 2003.
Boris Dänzer-Kantof, "La manifestation du 13 août 1941" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004