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Mémorial du stand de tir de Balard

Légende :

Mémorial situé avenue de la porte de Sèvres, à proximité de l'ancien stand de tir de Balard, détruit en 1964, en hommage aux 143 fusillés, Paris XVe

Genre : Image

Type : Mémorial

Source : © Département AERI Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : 2014

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Au stand de tir de Balard furent torturées puis fusillées, selon les actes des décès déposés au service de l’État civil de Paris 15e, 143 personnes, parmi lesquelles :
les cinq lycéens du lycée Buffon ;
le réseau de renseignement et d’action de Robert Beck ;
des Francs Tireurs et Partisans français, dont Raymond Losserand et Gaston Carré ;
des FTP-MOI qui ont donné leur vie pour leur patrie d’adoption ;
des gaullistes ;
des résistants Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard) non identifiés et dont les corps ont probablement été brûlés.

A signaler sur ce monument une erreur d'orthographe :
5/10/1942 est inscrit Eugène SÉROT, 43 ans (or le S du nom est erroné) la bonne orthographe étant : PÉROT.


Département AERI

Contexte historique

Il existait deux stands de tir à l'entrée du terrain militaire (actuellement à l'emplacement de l'héliport d'Issy-les-Moulineaux). Construits probablement en 1937-1938, ils servaient aux exercices de tir pour les jeunes recrues de l'armée. Sous l'Occupation, les Allemands qui étaient installés au Ministère de l'Air, en prirent possession.

Le 31 août 1944, Henri Danty, commissaire de police du XVe arrondissement, rédige un important rapport sur ces stands de tir : "La formation de l'Armée de l'Air qui occupe les lieux sous les ordres du commandant Marette a fait procéder hier à des fouilles dans le premier stand et a déjà exhumé quatre volumineux cercueils paraissant contenir de un à plusieurs corps. (…) Le deuxième stand servait de lieu d'exécution et j'ai fait les constations suivantes : au pas de tir et sur une longueur de 10 mètres et sur toute leur hauteur, les murs sont tapissés d'une épaisse couche d'amiante et portant, jusqu'à une hauteur de 2 m 50, des centaines d'empreintes de mains. Cette partie du stand semble avoir été fermée par une cloison l'isolant du reste du stand. (…) A la butte de tir il existe trois poteaux d'exécution portant d'innombrables traces de balles. Sur ces poteaux sont accrochés les bandeaux et cordages destinés aux suppliciés. En outre six poteaux rasés, c'est-à-dire sectionnés par les balles sont rangés le long du mur ainsi qu'un lot de six poteaux neufs".

Selon Serge Barcellini et Annette Wieviorka (Passant, souviens-toi), les deux stands de tir "ont été démolis dans les années cinquante* pour permettre la construction du boulevard périphérique. Un des terrains est devenu le parking du ministère de l'Air, face au 5 bis de l'avenue de la porte de Sèvres. Sur le mur de clôture du parking, une plaque rappelle, sous l'inscription, Ici sont morts fusillés par les nazis, les noms des résistants qui y ont été exécutés".

Les stands ont été entièrement rasés sans le moindre souci de préservation des installations ou des objets pouvant témoigner sur cet important lieu d'exécution. Cependant, un des poteaux a échappé à la destruction et se trouve aujourd'hui au musée de la Préfecture de police. En février 1946, le ministre de l'Education nationale avait proposé le classement du site comme monument historique et avait demandé dans ce sens une enquête au Préfet de police. Ce dernier, dans sa réponse, est d'avis que ce classement "ne présente plus beaucoup d'intérêt, les traces d'atrocités commises ayant à peu près disparues". En effet, au lendemain de la Libération, des curieux emportèrent des "souvenirs" lors de leur passage dans ces lieux laissés sans surveillance puis des marchandises américaines y furent même entreposées.

Plus de 140 résistants ont été exécutés en ce lieu entre le 6 juillet 1942 et le 7 juillet 1944 parmi lesquels nous pouvons notamment citer les cinq lycéens de Buffon, Gaston Carré, Raymond Losserand, quelques responsables de la Vérité Française (Roland Coqueugniot, Jehan de Launoy, Pierre Stumm), les FUJP de Bonnières (Georges Herrewynn, Raymond Pochon, Eugène Janneton…).


 

 

* en fait le 24 juin 1964.


Auteur : Fabrice Bourrée, "Le stand de tir d'Issy-les-Moulineaux" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2005.

Sources et bibliographie :
Archives de la Préfecture de Police, GA 2029 (enquête d'août 1944 sur le stand de tir d'Issy).
Adam Rayski, Les martyrs du stand de tir d'Issy les Moulineaux (commémoration du 21 juin 2000).