Plaque en hommage à l'abbé Roger Derry

Légende :

Plaque en hommage à l'abbé Roger Derry et à ses compagnons du Bon Conseil, située 6, rue Albert-de-l'Apparent, Paris VIIe

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Geneanet Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Roger Derry est né le 29 décembre 1900 à Aube, petite commune de l'Orne. Son père travaillait à l'usine électrique d'Aube comme chef d'entretien. Peu de temps après sa naissance, la famille part s'installer à Nantes. Un de ses deux frères aînés, Gaëtan décède à l'âge de cinq ans d'une diphtérie, et, en 1907, son père tombe gravement malade et reste hospitalisé pendant trois ans et demi. Il décède quelques mois après son retour au sein du foyer. Dépourvue de toutes ressources, la mère de Roger Derry vient s'installer à Paris, avenue de Lowendal.
Inscrit à l'école paroissiale, le jeune Roger fréquente "Le Bon Conseil" où l'abbé Esquerré lui communique son amour passionné pour le Christ. L'Oeuvre du Bon Conseil a été fondée en 1894 par l'abbé Louis Esquerré, vicaire de Saint-François Xavier, dans le but d'aider les familles dans leur mission éducative et de préparer les jeunes à leur vie d'adultes en développant leur sens des responsabilités dans une perspective authentiquement catholique. En 1913, Roger Derry obtient son certificat d'études. Malgré son souhait de pousser plus loin son instruction primaire, il choisit d'apprendre le métier de tapissier pour aider sa mère avec ses maigres gains d'apprenti.
Lorsque la guerre éclate en 1914, son patron est mobilisé et l'atelier fermé. Roger trouve alors un emploi dans un atelier de réparation de cycles. Parallèlement à son activité professionnelle, il continue de fréquenter assidûment le Bon-Conseil et devient l'un des plus précieux auxiliaires de l'abbé Esquerré. Lorsqu'il apprend la disparition au front de plusieurs de ses amis du Bon-Conseil, Roger Derry décide de suivre la carrière ecclésiastique.

En mars 1920, appelé au service militaire, il est affecté au 131e régiment d'infanterie à Orléans. Tous les dimanches, il revient au Bon-Conseil. Libéré du service militaire en mars 1922 avec le grade de sergent, il décide immédiatement de suivre des études secondaires pour pouvoir entrer au séminaire. Il rejoint alors la Maison Saint-Jean à Changis-sur-Marne puis entre au séminaire d'Issy-les-Moulineaux.

Roger Derry est ordonné sous-diacre le 25 mai 1929, diacre le 11 janvier 1930 et enfin prêtre le mois suivant. Le 29 juin 1930, il célèbre sa première messe dans la chapelle du Bon-Conseil. Dès le soir de son ordination, l'abbé Derry était nommé vicaire à Saint-Germain de Vitry puis quelques temps plus tard à Saint François-Xavier. Il y créé une section de jocistes.

En septembre 1939, l'abbé Derry est mobilisé et affecté au 6e régiment d'infanterie avec le grade de sergent-chef. Le 15 décembre 1939, un décret ministériel le nomme aumônier militaire. L'abbé Derry est alors affecté à la 6e division d'infanterie nord-africaine à la fin du mois de décembre. Entre temps, il participe avec ardeur aux combats en se portant volontaire pour toutes les missions périlleuses. A partir de la mi-février, il est affecté au 69e bataillon de chasseur à pied. Au mois de mai, il est muté à la 2e division légère de chasseurs en partance pour la Norvège. Parti de Brest le 8 mai, il est de retour le 19 mai. Affecté à la 40e Division d'infanterie nouvellement créée, il suit les troupes dans la bataille de la Bresle. En juin, il rejoint les rescapés du 69e BCP et les accompagne dans leur retraite qui les conduit dans le Lot, près de Cahors. C'est là qu'il apprend l'armistice.

De retour à Paris, à Saint François-Xavier et au Bon-Conseil, il ne peut se résigner à voir son pays occuper par les Allemands. Dans un de ses sermons, il dit : "Non, la France n'est pas un pays perdu, une nation pourrie. C'est un mensonge de dire que les Français n'ont plus le sentiment du devoir et de l'honneur. Sachons voir ce qui fleurit encore, au beau pays de France, de grandeur, d'héroïsme et de sainteté. C'est maintenant l'heure du sacrifice et de la lutte, car vivre, c'est lutter". Dès le début de l'Occupation, plusieurs de ses anciens camarades de guerre cherchent auprès de lui une aide sous quelque forme que ce soit, ne fut-ce que des conseils. A l'époque où le drapeau français n'est hissé nulle part en France occupée, l'abbé Derry fait monter les couleurs, chaque jour, dans la cour intérieure du Bon-Conseil. Il en est de même en été, devant les jeunes rassemblés dans son centre de vacances de Maudétour, en Seine-et-Oise. En contact étroit avec le chef d'escadron Vérines qu'il a rencontré à Saint-François-Xavier, l'abbé Derry devient l'un de ses principaux adjoints au sein du réseau Saint-Jacques. Entouré de plusieurs membres du Bon-Conseil, Pierre Aussannaire, Yves-Raymond Ponchel, Jacques Ponchel, Marc Dufour, il collecte des renseignements pour ce réseau.

Le 9 octobre 1941, au moment où il se dispose à célébrer la messe, l'abbé Derry est arrêté par la Gestapo et incarcéré à Fresnes où il est mis au secret. Plusieurs personnes du Bon-Conseil sont également appréhendées, Pierre Aussanaire, Raymond Ponchel, Marc Dufour et Charles Deprez. En décembre 1941, l'abbé Derry quitte la prison de Fresnes à destination de celle de Dusseldörf en Allemagne. Jugé par le Tribunal du Peuple le 28 août 1943, il est condamné à mort. Le 20 septembre 1943, il quitte la prison de Dusseldörf pour celle de Rheinbach près de Bonn. Le 14 octobre, il est transféré à Cologne et décapité le lendemain avec Marc Dufour. Il est inhumé au cimetière de Cologne.

Le 23 juin 1945, en l'Eglise Saint François-Xavier, un service funèbre fut célébré à la mémoire de l'abbé Derry.

Décorations :
Chevalier de la Légion d'honneur, Croix de guerre 1939-45 avec palme.


Auteur : Fabrice Bourrée, "Derry Roger (1900-1943)", in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2005.

Sources et bibliographie : Archives du Bureau Résistance, dossier individuel de Roger Derry.
Mgr Chevrot, L'abbé Roger Derry, décapité à Cologne le 15 octobre 1944, Paris, Bonne Presse, 1946.
Colonel Guy Vérines, Mes souvenirs du réseau Saint-Jacques, Paris, Lavauzelle, 1990.
Patrick de Gmeline, Jean Vérines, Paris, Lavauzelle, 1985.