Stèle funéraire du mouvement Turma-Vengeance

Légende :

La stèle se situe dans le cimetière du Père-Lachaise (Paris XXe), 95e division, allée Gréphule. Elle porte la mention "Le mouvement de résistance TURMA-VENGEANCE à ses combattants fusillés, morts en déportation, tombés dans les combats de la Libération".

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : Claude Richard

Source : © Collection Claude Richard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

En décembre 1940, le docteur Victor Dupont décide de créer à Paris un mouvement de résistance. Avec l'aide du docteur Raymond Chanel de Nevers, il jette les bases d'un réseau de renseignements nommé "Turma" et développe son réseau d'évasion. Puis avec le concours du docteur François Wetterwald, revenu d'un essai infructueux pour rejoindre l'Angleterre, il développe les futurs corps francs Vengeance. En 1941 et 1942, l'activité des pionniers de Turma-Vengeance est très souvent imbriquée entre renseignement, action, évasion. Peu à peu, avec le développement du mouvement et de ses effectifs, l'organisation se met en place pour aboutir à l'automne 1943 à une structure bien étoffée. Un comité directeur clandestin composé des principaux responsables du mouvement prend les grandes décisions. A la suite des arrestations successives, les responsables changent souvent, mais on peut résumer ainsi l'organisation de Turma-Vengeance à l'automne 1943 :

Le comité directeur clandestin :

- Docteur Vic-Dupont “Vic”, “Sorel”, “Pélerin”, “Chartreux”
- Docteur Wetterwald “François”, “Masson”, “Robin”, “Bélier”
- Docteur Raymond Chanel (jusqu'à son arrestation en décembre 1942)
- Docteur Bommelaer “Miche”
- Docteur Brulé
- Jean Charbonneaux “Jean-Marie”, “Cumulo”
- Marius Charlot “Casimir”
- Pierre Frilet
- Jacqueline Héreil “Myrtille”
- François Jacquemin
- Georges Julien “Richard”, “Bertrand”, “Renaudin”
- Bernard Lauvray “Noé”, “Narcisse”
- Jean Lavenant “Maho”
- Claude Lerude “Paul 8”
- André Mulle “Pons”, “Adam”
- Maître Nouveau “Vallière”
- Charles Pillot de Coligny
- Gustave Salomon

Le réseau évasion fut créé en juin 1940 par Raymond Chanel, (arrêté et déporté en décembre 1942), il comprenait notamment à Paris pour l'hébergement et les faux papiers le groupe de la rue de Bourgogne (Mesdames Barland, Hellestern, Goret). Le Réseau de renseignements "Turma" était dirigé par Vic-Dupont et son adjoint Jean Charbonneaux, élève à HEC, avec deux agents de liaison : Jean Garcelont "Jeannot" et Raymond Fresnoy "Raymond". Il englobait six sous-réseaux , cinq agents sans réseau et une centrale. Parmi ces sous-réseaux, celui baptisé Arc-en-Ciel était actif en Région parisienne sous la direction de Raymond Baud. Les courriers étaient remis à la Centrale Parisfal pour transmission à Londres. Un agent de liaison d'Arc-en-Ciel, Bernard Fallot "Raoul" jeune pompier de Paris et agent de la Gestapo travaillant pour Masuy ,101 av. Henri Martin, décimera "Turma" en octobre 1943.

La centrale du réseau installée en dernier lieu chez l'abbé Villien, vicaire de la Trinité, était dirigée par Pierre Mallez, élève à HEC, avec l'aide d'Adrien Bories "Priam". Leur rôle était de trier, contrôler, codifier et mettre au propre les renseignements pour transmission à Londres par la centrale Parsifal. Les copies étaient archivées chez Bouchet, librairie rue du Faubourg Poissonnière.

Les corps-francs Vengeance étaient placés sous la direction du Dr François Wetterwald, secondé par Pierre Frilet. Ils comprenaient six régions : Paris et la Seine ; Seine-et-Oise et Seine-et-Marne ; Normandie ; Nièvre, Allier, Yonne ; Loiret, Cher, Loir-et-Cher, Indre, Indre-et-Loire ; Bretagne et une extension en Touraine et au Poitou. La région parisienne était commandée par Mulle et son adjoint Michel Foulon, élève à HEC. Paris et la Seine étaient placés sous le commandement de Michel Bommelaer. Ses adjoints étaient le Dr Georges Brulé et François Jacquemin. Jacques Bonnel de Mézière était chargé du deuxième bureau en liaison avec Turma. Les corps-francs diposaient d'une cache d'armes aux Invalides placée sous la responsabilité de Georges Morin. Les effectifs de la Seine-et-Oise et de la Seine-et-Marne étaient placés sous la responsabilité de Pillot de Colligny "Emmanuel", "Chantran". La Seine-et-Marne était dirigée par Henri Bouteiller "Commandant Albert" et la Seine-et-Oise par Charles Couderc "Alain".

La section spéciale d'action immédiate était chargée de la protection des chefs lors des réunions importantes , de l'exécution des traîtres, des vols de voitures d'armes et d'uniformes aux Allemands, du vol de tickets d'alimentation dans les mairies pour les membres clandestins et les aviateurs secourus, de la destruction d'installations stratégiques. Elle était notamment composée de Bernard Chevignard, Michel Pelletier, Jean-Marie de Prémonville, Daniel Gieules et Daniel Domange.

D' octobre 1943 à février 1944, les arrestations organisées par des traîtres français payés par la Gestapo vont peu à peu décimer la tête de Turma-Vengeance à Paris et à Orléans. Tout d'abord dans le réseau de renseignements Turma, l'agent de liaison Bernard Fallot, "Raoul" du réseau Arc en Ciel, aidé par Raymond Fresnoy , agent de liaison de "Cumulo" et de "Mercure" envoie chez Masuy (Abwehr), 101 avenue Henri Martin, pratiquement toute la tête du réseau . Ensuite, en janvier et février 1944, c'est le groupe de la Gestapo de la rue Mallet-Stevens avec l'aide d'agents "Les Amis du Maréchal" tels que Max Dumas "Jacques", Suzanne Verhner "Dominique", Noël Jacquot "Paul" infiltrés à CDLL (Ceux de la Libération) qui fait arrêter successivement la tête des corps francs Vengeance de Paris et d'Orléans.

Tous les corps-francs et les maquis passèrent sous le contrôle des FFI pour les combats de la Libération. Nombreux sont ceux qui s'engagent ensuite dans l'armée pour poursuivre les combats jusqu'en Allemagne.


"Le mouvement Vengeance en Ile-de-France" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.