Place des 44 enfants d'Izieu, Paris XIIIe

Légende :

Place des 44 enfants d'Izieu, dans le secteur de Maison-Blanche, Paris XIIIe

Genre : Image

Type : Nom de place

Source : © Wikimedia Commons Libre de droits

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : 2005

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Créée dans les années 2000 sous l'appellation de voie EP/13, la place fut dénommée en 2005 en souvenir des enfants d'Izieu, gardés par Miron Zlatin et sa femme Sabine Zlatin et raflés par la Gestapo à Izieu le 6 avril 1944.


Mairie de Paris

Contexte historique

L'Occupation allemande pèse sur Belley et sa région depuis septembre 1943. Dans la ville, une "trentaine" (groupe de trente hommes) de la Milice et des collaborateurs aident les Allemands. Au début de 1944, la tension monte avec l'arrestation par la Gestapo du docteur Bendrihem, d'origine juive, le 7 janvier, à Glandieu, commune de Saint-Benoît. Les responsables de la colonie d'Izieu, Sabine Zlatin et son mari Miron, inquiets, cherchent un autre refuge pour leurs protégés.

Le 6 avril 1944, Jeudi saint, la colonie se réveille. A 8 h 30 arrivent Léon Reifman, ancien éducateur à la colonie et deux jeunes réfugiés, internes au collège de Belley. Soudain, surgissent au rez-de-chaussée trois hommes en civil descendus d'une voiture de la Gestapo de Lyon, suivie de deux camions occupés par des soldats allemands. Léon Reifman, alerté par sa sœur, saute par une fenêtre à l'arrière du bâtiment et se cache dans un buisson. Dans le réfectoire prêt pour le petit-déjeuner, les soldats hurlent des ordres et chassent à l'extérieur les quarante-quatre enfants et les sept adultes qui s'occupent d'eux. Les voisins de la colonie, bouleversés, sont tenus à distance et assistent impuissants au drame.

Une quinzaine de soldats allemands font monter à coups de crosses les enfants en pleurs et le personnel dans les véhicules. Les trois civils, dont deux Allemands en gabardine, dirigent l'opération. Puis le convoi s'engage sur la route de la Bruyère, et les voisins de la colonie sont émus aux larmes lorsque les enfants entonnent : "Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine !", chant que leur ont probablement appris le professeur de musique de Belley et leurs éducateurs.

Le sinistre convoi marque une halte devant la confiserie "Bilbor", où les Allemands demandent du charbon de bois pour les gazogènes. Là, le petit Wucher, reconnu par sa tante, est libéré par les Allemands car il n'est pas juif. Alertée par les gendarmes, Mademoiselle Cojean, secrétaire en chef à la sous-préfecture, fait parvenir à Montpellier un télégramme à Sabine Zlatin : "Famille malade. Maladie contagieuse". 

Le soir du 6 avril 1944, les quarante-quatre enfants, dont le plus jeune n'a que quatre ans, et les sept adultes raflés sont incarcérés à la prison Montluc à Lyon. Deux jours après, ils arrivent en train au camp de Drancy dans la région parisienne. 34 enfants et quatre adultes partent le 13 avril pour Auschwitz, et les départs des autres sont échelonnés jusqu'en juin ; 42 enfants et cinq adultes sont exterminés à leur arrivée au camp. Miron Zlatin et deux jeunes sont fusillés en juillet en Estonie. De tous les raflés d'Izieu, seule Madame Léa Feldblum parvient à survivre à la déportation et peut témoigner au procès de Klaus Barbie en 1987. Accusé d'avoir dirigé lui-même cette opération, il est inculpé de crime contre l'humanité.

Le sous-préfet de Belley, Pierre-Marcel Wiltzer, déclare avoir reçu, au cours de l'hiver 1943 - 1944, une lettre de dénonciation précisant que les enfants de la colonie sont des enfants juifs. La colonie d'Izieu abrite maintenant un musée-mémorial inauguré en 1994 par le président Mitterrand et Sabine Zlatin.


"6 avril 1944 : rafle d'Izieu", in DVD-ROM La Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura, AERI, 2013