Plaque en hommage à L. Sampaix, G. Vallet et à A. Biver, XIXe

Légende :

Plaque en hommage à Lucien Sampaix, Georges Vallet et André Biver, tous trois fusillés par les nazis, située 2, rue Emile-Desvaux, Paris XIXe

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Wikimedia Commons Libre de droits

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Cette plaque reprend littéralement le même texte que celle située à deux pas, 24, rue-des-Bois, Paris XIXe. 


Contexte historique

Lucien Sampaix (1)

Fils d’un ouvrier tisseur, cinquième enfant d’une famille de sept, Lucien Sampaix entra, à l’âge de douze ans, en apprentissage dans une usine de la métallurgie où il acquit la qualification d’ajusteur-mécanicien. Pendant l’exode, il se loua chez des paysans de la Marne puis travailla dans une brasserie à Rouen jusqu’à sa mobilisation en avril 1918. Démobilisé en 1921, il revint à Sedan et s’embaucha dans le textile, notamment chez Monnet, Grosselin, puis dans la métallurgie, aux Aciéries de Longwy. Ce fut à partir de ce moment que Lucien Sampaix commença à militer, adhérant d’abord au syndicat CGTU de la métallurgie, puis, en 1923, au Parti communiste.
Rapidement, il devint secrétaire à la fois du syndicat local des Métaux et du rayon de Sedan. Il participa dès lors à toutes les luttes comme celles de la Ruhr en 1923 ou de la guerre du Rif en 1925, animant des réunions ou encore organisant des grèves dans le Sedanais et à Raucourt. Son activité militante (il était également membre de l’ARAC et du SRI) et ses articles économiques, sociaux et politiques sur la situation à Sedan qu’il publia en 1927 dans L’Exploité, organe de la région de l’Est du PC, amenèrent Jacques Bozzi dans Le Socialiste ardennais qui aimait railler les communistes ardennais à les appeler « les Sampaix ». Ceci lui valut aussi d’être mis à la porte non seulement des Aciéries de Longwy en 1926 mais encore par maints autres employeurs des Ardennes. Désigné en 1929 comme secrétaire général de la Région Nord-Est (Aisne, Ardennes, Marne) du PC, Lucien Sampaix s’installa à Reims et débuta sa vie de permanent. En avril, il dirigea la grève de la serrurerie Borderel avec Gabriel Diné, secrétaire de la 2e Union régionale des syndicats unitaires, réussit le 1er mai à débaucher les ouvriers de l’usine Laval, organisa, le 11 mai, un meeting auquel plus de 1 600 grévistes assistèrent, fut l’instigateur en novembre de la grève des métallurgistes de Guise (Aisne). Faisant partie du nouveau bureau de l’URU en 1930, il continua à inciter des mouvements revendicatifs notamment, en juillet et août, dans l’industrie textile de Saint-Quentin ou, en septembre, dans le secteur vinicole de Reims-Épernay. Lucien Sampaix n’avait cessé de collaborer régulièrement à L’Exploité. Il en devint le directeur et publia de nombreux articles dont certains appelaient à la fraternisation des soldats et des ouvriers. Ayant été à l’origine du parrainage du 106e RI par les ouvriers du syndicat du Bâtiment, il fut arrêté, le 12 avril 1930, après perquisition à la Maison du Peuple, inculpé puis relâché. Condamné à six mois de prison puis, en mai 1931, à dix mois de prison et 500 F d’amende, il entra dans la clandestinité mais fut à nouveau arrêté à Charleville en novembre 1931. Confirmée par la cour d’appel, sa condamnation le conduisit aux prisons de Reims et de la Santé puis à la centrale de Clairvaux. Après neuf mois de détention, il fut libéré à la faveur d’une amnistie présidentielle. Pendant son incarcération où il avait obtenu le statut de détenu politique, Sampaix avait été, à titre de protestation, deux fois candidat : aux élections cantonales d’octobre 1931 dans le canton de Sedan-nord et aux législatives de 1932 dans la circonscription de Sedan où il avait obtenu 2 213 voix sur 15 772 inscrits.

Lucien Sampaix fut alors appelé à la rédaction de l’Humanité pour s’occuper de la rubrique « informations politiques ». Côtoyant Gabriel Péri, Paul Vaillant-Couturier, Louis Aragon, il devint, en juillet 1936, secrétaire général de l’Humanité sous la direction de Marcel Cachin. Membre du rayon des Ier et IIe arr., il avait été présenté aux législatives de 1936 dans la deuxième circonscription du Xe arr. (Porte Saint-Martin, Porte Saint-Denis) où il avait recueilli 2 305 voix sur 14 740 inscrits, soit 15,6 % et s’était désisté en faveur de Bossoutrot, radical-socialiste qui avait été élu. A l’Humanité, Lucien Sampaix utilisa sa plume pour défendre les soldats et mener des campagnes notamment contre les « cagoulards » ou les agissements de la 5e colonne. Marcel Cachin, dans un article de l’Humanité du 15 décembre 1948, rappela qu’il « démasqua sans se lasser les Abetz, les Bonnet, les Dusseigneur, les de Brinon, les Doriot... Sa campagne trouvait dans le pays une telle résonance que ceux qu’il marquait au fer rouge le traînèrent, dans les débuts de juillet 1939, devant la 12e Chambre correctionnelle de Paris. » Défendu par maître de Moro-Giafferi, il fut acquitté. Il fut affecté dans une usine de Levallois (Seine) en 1939 mais le directeur refusa de le prendre malgré son ordre de mobilisation. Lucien Sampaix participa alors à la parution de l’Humanité clandestine, ce qui lui valut d’être arrêté le 19 décembre. Transféré de camp en camp, il réussit à s’évader le 25 décembre 1940 et à gagner Paris. Il reprit contact avec le Parti communiste clandestin mais fut très vite à nouveau arrêté, le 27 mars 1941. Détenu à la Santé, condamné le 27 août aux travaux forcés à perpétuité, il fut conduit à la centrale de Beaulieu, à Caen, et fusillé le 15 décembre avec treize autres otages.
Sa femme, Yvonne Sampaix, et sa fille, Simone Sampaix, furent aussi des militantes communistes et résistantes. Comme Gabriel Péri, fusillé le même jour que lui, Lucien Sampaix fut traité en héros après son exécution. Leurs noms furent toujours associés dans les luttes patriotiques que le PCF mena et dans les hommages qu’il leur rendit.
Ils furent donnés à de nombreuses rues ou places dans toute la France.

 

Georges Vallet (2)

Membre du Comité Militaire des FTP - Fusillé par les nazis le 9 juillet 1943.
Georges Vallet est né en 1912, il habitait le "hameau" au 24 rue-des-Bois, près de la place-des-Fêtes. Syndicaliste, il était responsable des syndicats de la confection pour dames de la région parisienne. Georges Vallet s’engage en février 1938 dans les Brigades Internationales aux côtés des républicains espagnols dans la guerre d’Espagne. C’est le premier grand affrontement contre le fascisme, dans un pays d’Europe, dû à l’agression du général Franco contre la République et qui est soutenue par l’Allemagne nazie et l’Italie de Mussolini. Georges Vallet est blessé dans les combats des bords de l’Ebre.
Plus tard, en 1939, mobilisé dans la guerre contre l’Allemagne, il est fait prisonnier en juin 1940 et interné au stalag III A près de Berlin. En octobre 1941 il s’évade du camp et rejoint la France. Il y retrouve des camarades qui sont déjà engagés dans la Résistance depuis le début de l’occupation. D’importantes responsabilités lui sont confiées. En mai 1942, il est nommé au Comité Militaire des FTP, les Francs tireurs et Partisans de la région parisienne, en remplacement du Colonel Dumont arrêté et livré à la Gestapo. Georges Vallet est tout d’abord chargé de la protection armée de manifestations de ménagères devant des magasins d’alimentation pour protester contre les terribles restrictions imposées par l’occupant. Elles ont lieu rue de Buci avec la résistante Madeleine Marzin et rue Daguerre dans le 14e arrondissement avec Lise Ricol-London. Au cours d’une opération, le 1er avril 1943, à l’angle de la rue du cloître Notre-Dame et du parvis de la cathédrale, deux inspecteurs font usage de leurs armes et le blesse de 3 balles à la jambe. Georges Vallet est appréhendé et livré aux Allemands qui le fusillent le 9 juillet 1943 au stand de tir Balard dans le 15e arrondissement. Il avait 31 ans.

 

André Biver (3) 

Né le 31 juillet 1921 à Paris (Xe arr.), fusillé le 19 octobre 1942 au stand de tir d’Issy-les-Moulineaux (Paris XVe arr.) ; coupeur en chaussures ; militant communiste et résistant membre de l’OS.
La mère d'André Biver, Adèle Fallichef, d’origine ukrainienne, fut arrêtée le 24 septembre 1940 en raison de son militantisme communiste. Lui-même suivit en 1937-1939 les cours dispensés à l’école régionale des Jeunesses communistes. Il militait alors dans le XIXe arrondissement. Arrêté le 24 septembre 1940 alors qu’il transportait un paquet contenant 170 tracts, il vivait alors chez ses parents et leur domicile, 24 rue-Emile-Desvaux (XIXe arr.) fut perquisitionné. La police y trouva huit livres ou brochures de propagande comuniste. Il fut condamné en février 1941 par la quinzième chambre corrrectionnlle à huit ans de prison pour infraction au décret loi du 26 septembre 1939, peine confirmée par la cour d’appel le 9 avril 1941.
Interné à Aincourt le 26 mars 1941, il s’en évada dans la nuit du 28 au 29 avril 1941. Il entra rapidement dans la résistance au sein de l’Organisation spéciale. Le 7 janvier 1942, il était avec Isidore Grinberg lorsque celui-ci abattit un policier français devant un garage allemand du boulevard Magenta. Activement recherché, il fut arrêté par la Brigade spéciale 2 le 9 (ou le 12) mai 1942, alors qu’il se rendait chez Georges Grunenberger.
Détenu à la prison de la Santé, condamné à mort par un tribunal militaire allemand Kdt Gross Paris, le 10 octobre 1942, il a été fusillé au stand de tir d’Issy-les-Moulineaux, place-Balard à Paris.


AUTEUR : D'après Nathalie Viet-Depaule pour le Dictionnaire du Maitron.
SOURCES 1: RGASPI, 495 270 7063. — L’Exploité, 23 avril 1932. — Le Cri de Saint-Quentin, 1930-1931. — « Plaidoirie pour Lucien Sampaix prononcée au procès du 28 juillet 1939 », supplément àl’Humanité, 5 août 1939. — l’Humanité, 15 décembre 1948, 15 décembre 1953, 17 décembre 1961, 15 décembre 1966, 15 décembre 1969, 16 décembre 1971. r — Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, n° 25, janvier-février 1972. — Lettres de fusillés. — Fiche Batal. — D. Pierre, La CGT à Reims de 1918 à 1936, MM, Reims, 1976.


(2) AUTEUR : ANACR XIXe arrondissement.


(3) AUTEUR : Jean-Pierre Besse
SOURCES 3: DAVCC, Caen, B VIII 5. — Maroussia Naitchenko, Une jeune fille dans la guerre, Imago, 2003. — Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes, les bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, automne 1941, Fayard, 2004.