De Gaulle et l'appel du 18 juin 1940

Légende :

Le général de Gaulle au micro de la radio anglaise, dans les studios londoniens de la BBC, sans date (probablement le 30 octobre 1941)

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Fondation Charles de Gaulle / BBC Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Probablement 30 octobre 1941

Lieu : Angleterre - Londres

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Analyse média

Cette photographie est postérieure au 18-Juin-1940, comme l’indiquent les insignes métalliques de la France Libre accrochés à son uniforme. Elle aurait sans doute été prise le 30 octobre 1941. 

Voici le texte de l'appel du 18 juin dans la version diffusée à la presse britannique par de Gaulle, et reproduite le 19 juin par le Times et le Daily Express (à l'exception de la phrase finale). La version effectivement prononcée était légèrement différente pour les deux premières phrases, plus neutres à l'égard du gouvernement Pétain à la demande du gouvernement britannique (voir le Dictionnaire historique de la Résistance, Laffont, 2006, p 1028-1029) :

"Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.

Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.

Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.

Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres.

Général de Gaulle "


Contexte historique

Lancée le 10 mai 1940 contre la Belgique et la France, la grande offensive allemande met rapidement en déroute les armées alliées. En France, c’est la débâcle.
Le 23 mai, de Gaulle est nommé général de brigade à titre temporaire. Il a quarante-neuf ans.
Le 5 juin, il entre au gouvernement comme sous-secrétaire d’Etat à la Défense nationale et à la Guerre.
Le 16 juin, il est en mission à Londres pour demander au Premier ministre britannique des renforts maritimes et aériens.
De retour à Bordeaux où le gouvernement s’était réfugié, il apprend la démission du président du Conseil Paul Reynaud, remplacé par le maréchal Pétain, qui s’apprête à demander les conditions de l’armistice à l’Allemagne.
Refusant la défaite, de Gaulle retourne à Londres pour y poursuivre le combat.

L’appel du 18-Juin-1940 est fondateur à plus d’un titre. Lancé, avec l’accord de Churchill, sur les ondes de la BBC par celui qui était alors inconnu du grand public, il peut être considéré comme l’acte de naissance de la France libre et du gaullisme politique.
Diffusé une première fois le 18 juin, puis quatre fois le lendemain, il est malgré tout probable que très peu de Français purent l’entendre en direct. Néanmoins la voix du général devait peu à peu leur devenir familière, de Gaulle intervenant 67 fois au micro de la BBC durant le conflit, ce qui lui valut le surnom de « général micro ».

C’est qu’il avait conscience de la nécessité de remporter la « guerre des ondes » contre les radios de Vichy et de l’occupant allemand. Ainsi, jusqu’en août 1944 et à son retour définitif sur le sol métropolitain, de Gaulle est d’abord une voix pour les Français. Acte fondateur de la geste gaullienne, l’anniversaire de l’Appel fut célébré chaque année par celui qui l’avait lancé. C’est la postérité qui a conféré à l’Appel du 18-Juin la portée quasi mythique qu’on lui connaît aujourd’hui.


Fondation-Charles-de-Gaulle