Mariage de Pierre Brossolette et Gilberte Bruel

Légende :

Pierre Brossolette épouse en juillet 1926 Gilberte Bruel, avec qui il aura deux enfants, Anne et Claude.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection famille Brossolette (www.pierrebrossolette.com) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 20 juillet 1926

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Gironde

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Contexte historique

Le 20 juillet 1926, Pierre Brossolette épouse Gilberte Bruel à Blaye (Gironde).

Gilberte Bruel est née le 27 décembre 1905, au 24 rue Vaneau, dans le 7e arrondissement à Paris. Son père était Gilbert Bruel, directeur de banque d'origine forézienne et sa mère Marie-Thèrese Déromas d'une famille de Blaye (Gironde), qui au début du siècle avait des vignobles à Mazerolles. 1926- Chez les Deromas Bordeaux Elle a suivi ses études secondaires à l'Institut Sainte-Clotilde, où elle a passé son baccalauréat. C'est sur les bancs de la Sorbonne en 1923, où elle préparait sa licence d'Histoire et de Géographie, que Gilberte rencontre à 17 ans le normalien Pierre Brossolette, qui lui avait vingt ans. Louis Joxe avait fait remarquer à son ami Pierre une très jolie jeune fille aux cheveux auburn et aux yeux verts... Et c'est ainsi que Pierre Brossolette décide de lui faire la cour. Ils se fiancient en 1925 puis se marient en 1926. Le couple aura deux enfants: Anne en 1927 et Claude en 1928.

Pendant les années 30, en plus de son métier de journaliste et commentateur de politique étrangère à la radio, son mari est devenu militant socialiste et responsable du secrétariat de la Fédération Socialiste de l'Aube. Pendant de longues journées Gilberte organisait avec lui le bureau et l'aidait avec les tâches d'intendance. Après l'armistice, son mari est démobilisé dès l'automne 1940. Contraint de cesser sa profession de journaliste, les époux Brossolette reprennent une librairie-papeterie, spécialisée en littérature russe au 89 rue de la Pompe, qui sert de lieu de rencontre et de «boîte à lettres» pour la Résistance. Gilberte Brossolette seconde son mari dans l'organisation des réunions secrètes pour mettre en place la Résistance à Paris et effectue des envois de courrier clandestin. À la suite de deux perquisitions successives effectuées par les autorités françaises et allemandes à son domicile en mai 1942 qui l'obligèrent à chercher son fils dans l'enceinte même de la Gestapo, Pierre et Gilberte décident que la famille doit de gagner Londres en juillet 1942. Pierre Brossolette leur fait franchir la ligne de démarcation en juillet 1942, puis les fait embarquer aux calanques de Cassis vers Gibraltar en felouque et ils parviennent finalement à Londres en septembre sur un convoi de 36 navires revenant de Malte et à destination de Glasgow.

À Londres, Gilberte assure la liaison entre le Commissariat à l'Intérieur de la France libre et la BBC, ainsi que l'accueil et l'évaluation de Français engagés dans France Libre. Son activité durant cette période lui vaudra la médaille de la Résistance. Suite au décès de son mari en mars 1944, Gilberte rentre en France. Dès son retour, elle est chargée de la direction des émissions féminines à la Radiodiffusion française, puis devient rédacteur en chef adjoint. Elle participe à l'hommage aux "Morts la Résistance", avec l'inauguration de la rue Pierre Brossolette dans le 5e arrondissement de Paris, en octobre 1944.

L'Assemblée consultative provisoire d'Alger réunie à Paris adopte le 24 mars 1944 et instaure le vote des femmes à travers l'ordonnance du 21 avril 1944. Gilberte Brossolette est nommée à l'Assemblée consultative provisoire du 7 novembre 1944 à octobre 1945 comme membre du groupe de la Résistance extra-métropolitaine présidé par Claude Hettier de Boislambert à la nomination de De Gaulle. Elle appartient alors aux Commissions de la jeunesse et des sports, de l'intérieur, et du travail et des affaires sociales. Siègent à cette Assemblée 16 femmes parmi les délégués, dont Gilberte Brossolette, Marie-Hélène Lefaucheux, Marie-Claude Vaillant-Couturier et Lucie Aubrac. Le général de Gaulle lui a écrit une lettre en mars 1945 pour le premier anniversaire de la mort de son mari.

Les premières élections qui permettent aux femmes de voter et d'être candidates se déroulent les 29 avril et 13 mai 1945, les premières municipales d'après-guerre. Gilberte Brossolette est candidate en 2e position sur la liste présentée par la SFIO dans le 4e secteur de la Seine à la seconde Constituante. Cette liste a deux élus, avec 81 674 suffrages sur 377 267 exprimés, dont Gilberte Brossolette, qui est élue à la plus forte moyenne. Elle siège alors aux Commissions de la famille, et de la presse, et intervient dans la discussion sur l'extension aux élections législatives prévues pour 1946 des inéligibilités retenues en 1945 pour l'élection aux Constituantes. Elle demande alors sans succès que les porteurs de la Francisque soient inéligibles.

En janvier 1946, un article lui est consacré sur la revue "Life Magazine": Gilberte Brossolette - Heroine of the french underground", par le photographe Walter Sanders. Après l'adoption de la Constitution de la IVe République, elle est nommée au Conseil de la République (nom du Sénat) en décembre 1946 par l'Assemblée nationale pour représenter le groupe socialiste puis, tête de liste SFIO pour le département de la Seine, elle élue sénatrice en novembre 1948 et réélue en mai 1952. De 1946 à 1954, elle est élue vice-président du Sénat (par 213 voix sur 231) et aura été la première femme à présider une séance du Sénat. Membre du groupe de la SFIO, elle siège aux Commissions des affaires étrangères et de la presse. Ses interventions publiques portent pour l'essentiel sur les affaires étrangères : traité de paix avec l'Italie, accords franco-polonais du 19 mars 1948, statut du Conseil de l'Europe, politique étrangère de la France, communauté européenne du charbon et de l'acier. Elle intervient également sur les budgets de la radiodiffusion télévision française pour 1955 et 1956, ainsi que sur l'hébergement en France des réfugiés hongrois en décembre 1956, la protection des enfants contre l'alcoolisme, et les travailleuses familiales. Gilberte Brossolette a été nommée, de juillet à décembre 1952, membre suppléant à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe. Elle est élue conseillère de Montrouge lors des élections municipales de 1953. Les 2 et 3 juin 1958, elle vote contre les pleins pouvoirs à De Gaulle et contre la révision constitutionnelle.

Lors de la préparation des listes pour les élections sénatoriales de juin 1958, les deux sénateurs sortants du département de la Seine étant placés par la SFIO à un rang difficilement éligible, Henri Barré et elle décident de ne pas se représenter. Après avoir quitté le Sénat, elle reprend son activité de journaliste à l'ORTF et tient une chronique de politique étrangère. En 1973, elle écrit un livre sur la vie de Pierre Brossolette, ses souvenirs, leur vie commune, l'entre-deux guerres, la Résistance et Londres. Elle meurt à Recloses, le 18 février 2004 à 98 ans.