Affiche "Aux patriotes de l'arrondissement de Saint-Gaudens"

Légende :

Affiche éditée par le comité de libération nationale de Saint-Gaudens après le 21 août 1944. Elle comprend en bas à gauche les signatures manuscrites des membres du comité.

Genre : Image

Type : Affiche

Source : © Archives nationales, 72AJ1643 Droits réservés

Détails techniques :

Affiche imprimée

Date document : Après le 21 août 1944

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne - Saint-Gaudens

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Contexte historique

A partir du 18 août 1944, des éléments des troupes d'Occupation se regroupent à Saint-Gaudens en vue de préparer leur retraite. Voitures et bicyclettes sont réquisitionnées. Le départ a lieu par l'avenue de Toulouse dans la nuit du 19 au 20. On a alors l'impression que la ville est évacuée. Il n'en est rien. Quelques 300 Mongols (en fait, des Turkhestanais russes d'Asie centrale qui ont été enrôlés de force) sont toujours à la caserne Jean Pégot. En outre, des camions allemands reviennent en ville, soit parce qu'ils ont été victimes d'une panne mécanique, soit parce qu'ils manquent de carburant.

Au petit matin du dimanche 20 août, vers 7 heures 30, des hommes du maquis d'Aspet entrent en ville, le GM 1 de Alibert ("Ransac") en tête, suivi par les maquisards de Courtiade. Très vite, ils se heurtent au convoi ennemi, près de la sous-préfecture. Des coups de feu sont tirés, un officier allemand est tué, un autre blessé. Les maquisards décrochent, mais la réaction des Allemands et des Mongols est brutale. Ils tirent dans toutes les directions, tuant une infirmière, Gabrielle Franceschini, qui se trouvait dans le couloir de sa maison. Il prennent des otages, qu'ils menacent d'exécuter devant la sous-préfecture, puis devant le mur de la caserne. Le climat reste tendu pendant plusieurs heures. Le sous-préfet Dautresme mène des discussions et cherche à calmer les Allemands. Il en est de même pour le docteur Bergès, qui connaît l'officier russe qui commande l'unité mongole. C'est en fin de matinée, vers 11 heures 50, que la situation se détend : les Allemands donnent l'ordre d'évacuation, sans représailles. La liesse populaire peut alors se manifester. La population sort de chez elle, envahit les rues et les terrasses de café. Des drapeaux tricolores sont mis aux fenêtres. Les maquisards entrent en ville et occupent les différents quartiers. Des éléments du groupe Lachaux font prisonniers une quinzaine de Mongols isolés qui n'avaient pu rejoindre leur convoi.

Mais au milieu de l'après-midi, vers 16 heures, survient une nouvelle alerte : le bruit court que les Allemands reviennent en ville, une colonne de 400 hommes arrivant par la route de Montréjeau. A nouveau c'est la panique. Les gens rentrent chez eux, font disparaître les drapeaux. La défense de la ville est organisée par les maquisards présents. Un groupe de volontaires armés - avec le capitaine Gesse, Jean Pierre, Jean Luent, Daniel Latapie, Waintrop etc. - se prépare à défendre la mairie. Mais tout cela n'est pas nécessaire, les Allemands ne rentrent pas en ville.

Le lendemain 21 août, un Comité local de libération (dit d'arrondissement) est officiellement installé. Cela ne se fait pas sans mal. Le chef du maquis Bidon V, Pierre Lachaux ("Duclos"), " un homme de caractère et d'action, fait pour commander mais acceptant mal de l'être " dit Aimé Castex qui l'a bien connu, cherche à obtenir la présidence et à imposer dans le CLL une personne au passé politique douteux. Il n'obtient pas satisfaction. C'est le docteur Ollé, représentant de l'AS, qui est choisi comme président, ses vice-présidents étant le capitaine Gesse (pour le parti radical), de Bertrand Pibrac (pour le Front national) et... Lachaux lui-même (pour l'Industrie des pétroles !). Un premier appel à la population est lancé. On l'invite à " se remettre calmement au travail. En vue d'éviter tout incident et tout désordre, il est rappelé que la police et la gendarmerie sont seules qualifiées pour procéder aux arrestations (...). Tout acte individuel de pillage, de réquisition abusive ou de violence sera impitoyablement réprimé ". La volonté de limiter les désordres et les excès est ici manifeste. Le 23 août, un Comité d'épuration est mis en place. Il est présidé par le capitaine Gesse. L'une de ses premières décisions est de ne prendre en considération que des plaintes et des demandes signées,  pouvant éventuellement entraîner... des poursuites contre leurs auteurs. 


Michel Goubet, "La libération de Saint-Gaudens" in CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009