Square Antoine Le Bris, Quimper

Légende :

Plaque à la mémoire du groupe de résistance ayant participé au sabotage du fichier STO, Square Antoine-Le-Bris, Quimper

Genre : Image

Type : Square

Producteur : Paulina Brault

Source : © Département AERI - collection Paulina Brault Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : Juin 2015

Lieu : France - Bretagne - Finistère - Quimper

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Analyse média

Retranscription de la plaque :

 

" SQUARE ANTOINE-LE-BRIS

Ici, le 14 janvier 1944,
un groupe de résistants
a participé au sabotage
du Service du Travail Obligatoire (STO)
et à la destruction de ses 44 000 dossiers.

Cette action d'éclat a fait du Finistère
le premier département réfractaire de France

Quimper se souvient "



Cette plaque a été inaugurée en janvier 1994. Antoine Le Bris était le responsable quimpérois du mouvement Libération-Nord.


Contexte historique

Antoine Guillaume Le Bris est né le 3 novembre 1920 à Plouaret (Côtes-du-Nord).

En 1943, alors qu'il est employé aux PTT à Paris, Le Bris entre en relation avec des réseaux de renseignements. Il est réfractaire au STO (à développer...)

En juin 1943, il s'établit à Quimper (Finistère), et rejoint, en août 1943 sur proposition du capitaine Laurent Jacq, dit "capitaine Quézennec", ingénieur polytechnicien, le mouvement Libération-Nord, dont il deviendra le chef de secteur. Il a notamment sous sa responsabilité différentes missions de renseignements, et notamment la surveillance des lignes entre Paris et la Bretagne, ainsi que le recrutement d'agents du mouvement. Il devient l'adjoint du capitaine Guézennec.

Antoine Le Bris et Louis Kernéis, tous deux étudiants en droit, sont nommés, à la mi-septembre 1943, rédacteurs à la Direction départementale du Service du travail obligatoire et en profitent pour saper au mieux différents dossiers et fournir aux jeunes requis du STO ayant pris le maquis, de fausses cartes de travail. C'est également là qu'ils vont se lier à la résistante Jeannette Cras.

Le commandement de Libération-Nord du secteur de Quimper décide alors de monter une opération de très grande envergure contre les départs au STO : il faut faire disparaître l'ensemble des listes et dossiers. Antoine Le Bris fait partie de l'équipe d'une douzaine de résistants chargée, le 14 janvier 1944, de ce fameux coup de main sur les fichiers du STO du Finistère : 44 000 dossiers sont en effet volés et détruits, ce qui interdit tout contrôle de la main-d'œuvre dans le Finistère.

Le 14 février 1944, il est arrêté par la Gestapo pour le sabotage des fichiers du STO. Très durement interrogé et torturé, il ne livre pas le nom de ses camarades.

Il est incarcéré à la prison de Mesgloaguen de Quimper jusqu'au 4 juin 1944, avant d'être transféré à la prison de Rennes puis au camp Margueritte (Rennes) jusqu'au 28 juin. Il est ensuite transféré à Compiègne, du 9 au 28 juillet 1944. Il est déporté à Neuengamme le 28 juillet 1944 et décède le 10 avril 1945 à Lunebourg (Allemagne), sous les coups d'un SS, tandis qu'il était acheminé vers Bergen Belsen. 

 

Le vendredi 14 janvier 1944, à l'heure de sortie des bureaux, sur les quais de l'Odet, face à la Feldkommandantur de Quimper, de jeunes résistants organisent le « cambriolage du STO », Service du Travail Obligatoire, dépendant de la préfecture. Le cadre de l'action est l'école Notre Dame de l'Espérance. Le rez-de-chaussée est réservé aux bureaux, tandis que le premier étage sert de dortoir aux soldats allemands. Ces derniers ne cesseront d'aller et de venir pendant que se déroule ce qu'ils croient être un « déménagement ». La prise, les dossiers de jeunes gens du Finistère promis à l'esclavage en Allemagne nazie. Elle partira en fumée la nuit même. Le commando, douze jeunes gens, déjà entrés en résistance. Beaucoup sont d'anciens élèves du Lycée La Tour D'Auvergne. Volontairement, quelques uns sont entrés dans les services de l'administration afin de saboter, comme l'a demandé le général De Gaulle à Radio Londres  Leur chef dans la Résistance, pour le Sud-Finistère, est un jeune ingénieur polytechnicien, Laurent Jacq. Il s'est fait embaucher au Génie Rural. Il viendra sur place ce 14 janvier au soir diriger en personne l'opération prévue : faire disparaître l'ensemble des dossiers du Service du Travail Obligatoire. L'équipe de Quimper, que dirige Antoine Le Bris avec Jeannette Cras et Louis Kernéis, opère directement dans les locaux où ils sont employés depuis quelques mois. Laurent Jacq, René Fauvel, Jean Le Bris (le frère d'Antoine), Léon Dolley et Pierre Germaine seront sur place à l'heure dite. La « mise à sac » va conclure le sabotage du « recensement des jeunes gens nés en 1923 » , selon la circulaire numéro 48 du 18 septembre 1943 du préfet Louis Dupiech. Leur alibi est soigneusement préparé. Ils avancent de dix minutes toutes les horloges du service pour que la place soit libre, quittent les lieux les derniers après avoir remis les horloges à l'heure. Pendant qu'ils se rendent au café de Bretagne où ce soir-là il est prévu de fêter l'anniversaire d'un ami, Laurent Jacq, René Fauvel, Jean Le Bris, Léon Dolley, Pierre Germaine, l'équipe de Quimper, arrivent dans les bureaux pour l'opération de sabotage prévue. L'équipe d'Ergué-Gabéric, dont le chef est François Balès, tue le cochon dans la ferme de Pennarun ce jour-là. François Balès et Jean Le Corre, les amis de toujours, ne quitteront la ferme que le temps d'aller en voiture, sur les quais de l'Odet, Boulevard de Kerguélen, charger les sacs de pommes de terre dans lesquels on empile prestement les dossiers. Ils y retrouvent le groupe de Quimpérois ainsi que Pierre Le Moigne et Hervé Bénéat d'Ergué Gabéric. C'est le deuxième alibi. Une providentielle coupure de courant à 18h37 plongera toute la ville dans l'obscurité et confortera l'alibi des « employés » du STO de l'équipe de Quimper. Précaution de plus, une jeune femme surveille sur les quais que le chargement se passe bien. C'est Elisabeth Le Bris, la jeune épouse de Jean. Dans la nuit du 14 au 15 janvier, de 21 heures à 6h le lendemain, les 44 000 dossiers seront brûlés dans le four du jeune boulanger d'Ergué Gabéric, François Balès. 

Le lundi matin, les premiers employés du STO qui arrivent découvrent des bureaux complètement dévastés, il ne reste que les meubles.  Cet acte de Résistance par sa portée humaniste et fraternelle, par son audace, par son intelligence, par la perfection de sa coordination, est exceptionnel. Cet acte est unique en France. Le prix de ce courage sera terrible. Sans preuve, sans aveu malgré les tortures, sept furent déportés. Seuls survivants, Jean Le Bris de l'équipe de Quimper et Jean Le Corre de l'équipe d'Ergué-Gabéric, ont pu témoigner de ce haut-fait. Les douze membres de ce haut fait de Résistance sont : Laurent Jacq, Antoine Le Bris, Louis Kernéis, René Fauvel, Hervé Bénéat, morts en déportation ; François Balès, mort en combattant pour la Libération du Finistère ; Jean Le Bris et Jean Le Corre, déportés et revenus des camps ; Jeannette Cras, Léon Dollet, Pierre Germaine et Pierre Le Moigne qui échappent à la déportation.


Auteur : Paulina Brault

Sources :

Dossier SHD 16 P 347989

D'après Anne Friant, présidente départementale des Résistants et Amis de la Résistance-ANACR Finistère - Texte rédigé en accord avec Jean Le Bris et Jean Le Corre et publié sur le site. 

D'après l'étude mise en ligne sur le site Internet GrandTerrier.net, consultée le 2 février 2016.