Claude Morgan

Légende :

Claude Morgan, Nush, Paul Eluard (avec un brassard FFI), devant la librairie des Cahiers d'art à la Libération.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Août 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Claude Lecomte est né à Paris en 1898. Fils de l'écrivain Georges Lecomte, membre de l'Académie française, il a grandi dans le milieu de la bourgeoisie intellectuelle mondaine. Il fait ses études aux lycées Michelet et Louis-le-Grand, puis intègre l'Ecole Supérieure d'Electricité. Alors que son père avait pris des positions dreyfusardes, il est séduit par l'Action française. Tout en exerçant son métier d'ingénieur dans une usine, il commence à écrire dans des revues d'extrême droite et publie quelques romans. A partir de 1935, il entame une évolution qui, du constat du traitement infligé aux ouvriers sur son lieu de travail à la guerre d'Espagne, le conduit à adhérer au PCF en 1937. En 1939, il quitte son emploi pour entrer, sur la proposition d'Aragon, dans la rédaction du journal communiste Ce Soir.

Prisonnier de guerre, il est libéré en août 1941. Se refusant à travailler pour la presse collaborationniste, il obtient un poste au service des musées nationaux. Parallèlement, il s'engage dans la Résistance. Chargé par le Parti communiste d'assister Jacques Decour dans sa mission de créer un journal littéraire clandestin, Claude Lecomte ("Claude Morgan") reprend le projet après l'arrestation de celui-ci en 1942, et fait des Lettres françaises un organe de la Résistance intellectuelle. Il rédige presque entièrement les premières livraisons, avant de retrouver, grâce à Edith Thomas, le contact avec le noyau d'écrivains rassemblés par Paulhan et Decour en vue de former un Front national des écrivains.

Aux Editions de Minuit clandestines, il publie en 1944, sous le pseudonyme de "Mortagne", un récit intitulé La Marque de l'homme, qui fait écho au Silence de la mer par sa représentation modérée et humaniste des officiers allemands, inscrite dans la tradition pacifiste.

Secrétaire général du CNE de 1944 à 1946, Claude Morgan continuera d'assurer la direction des Lettres françaises jusqu'en 1953, date de sa mise à l'écart. Il y défend la ligne politique et esthétique du Parti communiste, sans éviter quelques heurts avec Aragon. En 1948, il est assigné en diffamation dans le procès que Kravchenko intente au journal à propos des goulags en URSS. Affecté en 1953 à la rédaction de la revue du Conseil mondial de la Paix, Horizons, il rompt avec le PCF en 1956, en signant, avec Sartre, Vercors, Vailland, Roy et d'autres intellectuels compagnons de route ou communistes, un manifeste contre l'ingérence soviétique en Hongrie. Isolé, dépourvu de tribune, il entreprend de publier, sous le pseudonyme de Claude Arnaud, des essais scientifiques. Il a consigné ses souvenirs dans Les Don Quichotte et les autres…, paru en 1979.

Claude Morgan est décédé à Orléans en 1980.


Gisèle Sapiro in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Bibliographie : 
Mortagne (Claude Morgan), La Marque de l'homme, Minuit, 5 juin 1944. 
Claude Morgan, Les Don Quichotte et les autres..., Paris, Roblot, 1979. 
Claude Morgan, Chronique des Lettres françaises, Paris, Editions Raison d'être, 1946, t. I : A l'aube de la IVe, 195 p.; t.II : La fin d'un monde. 1946. 
Gisèle Sapiro, "Claude Morgan", in Jacques Julliard et Michel Winock Dictionnaire des intellectuels français, Paris, Seuil, 1996.