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Robert Jean, dit Christian, Disandro, résistant et artiste

Légende :

Portraits de Robert Jean Disandro, dit Christian, d'abord agent de renseignement à Beaucaire (Gard), d'où, grillé, il rejoint la 7101e compagnie FTPF (Tournon), puis le maquis Ventoux, avant de s'engager dans la 1re armée du général de Lattre - ici, le 26 janvier 1945, au sein du 1er régiment blindé de fusiliers marins

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection Famille Disandro Droits réservés

Détails techniques :

Photographies analogiques en noir et blanc (voir recto-verso et album).

Date document : 26 janvier 1945

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Tournon-sur-Rhône

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Contexte historique

Robert Jean Disandro est né le 3 avril 1924 à Avignon (Vaucluse), son père est bûcheron-élagueur, sa mère coiffeuse. Prénommé "Robert" pour l’administration, il est "Jean" pour ses parents et "Christian" au maquis, prénom qui lui reste toute sa vie d’adulte. Son nom, écrit en deux parties (Di Sandro) du fait de ses racines, évolue au fil du temps en "Disandro".
Il aurait entendu à la BBC l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 et rejette, dès cette année-là, le gouvernement de Vichy, s’opposant à certains de ses professeurs de collège. En avril 1942, il s’engage dans la marine nationale et assiste le 27 novembre 1942 au sabordage de la flotte française à Toulon. Désormais libre de tout engagement, il regagne le domicile familial à Beaucaire (Gard), où ses parents et lui-même sont venus s'installer en 1930, sa mère y tenant un salon de coiffure.

En 1943, son action consiste à noter les mouvements des troupes allemandes cantonnées à Beaucaire, notes transmises au réseau local de résistance. Repéré par la police et concerné par la nouvelle loi de février 1944 sur le STO, qui est étendu aux classes 43, 44, 45 et 39 dans sa totalité, il est exfiltré par la Résistance locale vers un maquis d’Ardèche près de Tournon, celui de la 7101e compagnie FTPF.
Pour limiter les risques, mais aussi pour que les effectifs rassemblés soient en rapport avec les possibilités d'aide de la population locale et avec les buts recherchés, les résistants sont répartis dans différents camps.

Du 10 février à la fin mai 1944, Christian appartient au Groupe Sampaix qui nomadise pour échapper aux Allemands et aux miliciens. Ainsi ces maquisards quittent les hauteurs dominant la vallée du Rhône pour l’intérieur du département.
Pour Christian, la Raze à Desaignes est le camp type, celui de ses 20 ans et de sa jeunesse résistante, au point d’être inhumé dans ce village, dont les habitants ont fait preuve d’hospitalité et d’amitié.

Dans un carnet, il croque sur le vif la vie quotidienne de ces jeunes maquisards. Il dessine des membres du groupe, leurs conditions d'hébergement, les gardes, le soutien des paysans ardéchois. Il représente aussi des actions menées avec succès : sabotages de voies ferrées, réception de parachutages au Gerbier-de-Jonc (avril 1944), mais aussi des echecs : attaque de la gendarmerie de Vernoux, et des drames : arrestations de Lunette et Rapha, qui seront déportés, morts de "Lardant", de "Louis", responsable local de la Résistance tué par une sentinelle allemande à l’entrée de Saint-Barthélémy-le-Plain.

Le 24 mai 1944, "Lardant" - dans le civil, Maurice Picq - l'un de ses compagnons de maquis, est tué lors d'une opération de sabotage de la voie ferrée à Vion. La mort de ce camarade va changer le cours de l'existence de Christian. En effet, lors de leurs discussions, ils ont découvert qu'ils sont presque "jumeaux" puisque Maurice est né le 4 avril 1924. Ils se sont liés d'amitié, ont échangé leur véritable identité et leurs adresses. Christian, lors d'une permission en 1945, en venant rendre aux parents de Maurice des effets personnels, rencontre pour la première fois Reine, la jeune sœur de cet ami disparu. En août 1948, il l'épouse.

Suite à la mort de Lardant, Christian quitte le maquis ardéchois et rejoint début juin celui du Ventoux, proche de sa région. Il y retrouve un ami d'enfance, Fernand Milhon, dit Nanan, qui va être tué vers la mi-juin à Carpentras par les Allemands alors qu'ils circulent en voiture. Christian est blessé par la même balle à l'origine de la mort de Nanan.

Après avoir participé à la libération de Beaucaire, sans combat contre les Allemands, fin août 1944, Christian s’engage en septembre dans la 1re armée du général de Lattre de Tassigny au sein du 1er régiment blindé de fusiliers marins, jusqu’en juin 1945. 

À la suite de la capitulation allemande du 8 mai 1945, il se porte volontaire pour intégrer le corps expéditionnaire français destiné à partir combattre le Japon, aux côtés des Américains. Après la reddition du Japon, il est dirigé vers l’Indochine jusqu’en avril 1947. Il appareille de Toulon le 5 novembre 1945. Il reste quelque temps à Hanoï, la Baie d'Along puis est affecté à un équipage de LCVP (Landing Craft Vehicle and Personnal : barges de débarquement) dans le delta du Mékong. Il participe aux actions de contre-guérilla, dans les méandres du fleuve, lors des débuts de cette guerre d'Indochine. Sur cette période, il fait de nombreux dessins, quelques aquarelles, et relate certains événements.

Après diverses expériences professionnelles, il intègre en 1951 l'administration des Douanes, où il fait carrière jusqu'à sa retraite. De simple agent, il devient officier commandant, après avoir suivi les cours de l'Ecole Nationale des Douanes à Paris. Au terme de sa carrière, il est décoré de la médaille d'honneur de la douane.

S’inspirant de ses dessins, Christian réalise au début des années 1960 des aquarelles pour quelques camarades et lui-même. Il fait de même dans les années 1980 pour ses trois enfants : Maurice, Christian et Isabelle. Chaque fois, il reprend ses pinceaux, d’où des réalisations légèrement différentes. Il existe donc, non pas une aquarelle originelle, mais plusieurs œuvres sur le même sujet.
En autodidacte, il continue de faire des aquarelles, sur les lieux visités ou dans lesquels il séjourne.

Membre d'associations d'anciens combattants, il s'investit dans le devoir de mémoire, participe à de nombreuses commémorations : 8 mai, 11 novembre, 16 juin au Pouzin... Il rédige les éloges funèbres de compagnons. Il reste en lien d'amitié avec ses anciens camarades, en particulier ceux du Groupe Sampaix avec qui il a partagé, avec la fougue de leurs vingt ans, la même révolte devant l'humiliation de la défaite, de l'Occupation et de la collaboration. Le même idéal, les mêmes valeurs de liberté, de patrie, d'honneur... les animaient.

[Voir l'album photographique lié.]


Auteur : Alain Martinot

Sources :

Archives de la Famille Disandro.