Consignes de l'EMN FFI sur les brassards, 25 mars 1944

Légende :

Extrait de "Instructions générales sur l'organisation des FFI", 25 mars 1944, page 5. Le document complet est consultable dans l'album lié à cette notice.

Genre : Image

Type : Document

Source : © Collection Jean-Louis Rolland Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Date document : 25 mars 1944

Lieu : France

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Analyse média

Dans sa note du 25 mars 1944 intitulée "Instructions générales sur l'organisation des FFI", l'état-major national FFI dirigé alors par Pierre Dejussieu-Pontcarral donne sa description du brassard FFI : "Brassard d'étoffe blanche, portant au centre et apparent une croix de Lorraine. Au  pied de la croix, du côté droit, le cachet de l'EMN ou celui de la région ou celui du département. De châque côté de la croix, en majuscule, l'une des lettres N, R, D, suivant que la personne appartient à l'un de ces trois échelons : Etat-major, région ou département."

A la suite du descriptif figure un dessin du brassard en question. Ce dessin n'est pas propre à cet exemplaire puisque nous le retrouvons sur un autre exemplaire de cette note conservé dans les archives privées de Serge Ravanel, commandant régional FFI de la région R4. L'exemplaire présenté ici a été reçu par Pierre Rolland alias commandant Fayel, chef FFI de la sous-région P2.

Les directives données par l'état-major national FFI suivent celles adressées quelques jours plus tôt par le CFLN via la DGSS et le BCRAL à destination des délégués civils et militaires : brassard  "blanc avec croix de Lorraine rouge".


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources :
Archives nationales, 3 AG 2 /457
Archives privées Serge Ravanel

Contexte historique

Les Forces françaises de l’intérieur (FFI) naissent de l'accord signé le 29 décembre 1943 entre les représentants de l'Armée secrète (AS), des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) et par Louis-Eugène Mangin, qui fait fonction de délégué militaire national du Comité français de la Libération nationale. Il établit qu'à la base les unités conservent leur indépendance ; ce sont les commandements qui sont unifiés, au niveau départemental, régional et national. Le 26 février 1944, l'Organisation de Résistance de l'Armée (ORA) est intégrée dans les FFI. Ceux-ci fédèrent alors l'essentiel des formations militaires. 

En février-mars 1944 est mis en place l'État-major national FFI (EMN-FFI) placé sous le contrôle du Comité militaire d'action (COMAC) qui lui donne ses directives, nettement en faveur de l'action immédiate. En mai 1944, Alfred Malleret (Joinville), ancien responsable régional de Libération-Sud puis des Mouvement unis de Résistance pour la région de Lyon, en prend le commandement. 

La nomination par de Gaulle du général Koenig à la tête de l'État-major FFI (EMFFI), constitué fin avril 1944 et installé à Londres (différent de l'EMN-FFI de Paris), n'a guère d'incidence pratique sur le commandement de la Résistance militaire en France. L'existence de l'EMFFI de Koenig permet de faire évoluer les relations avec les Alliés principalement américains qui sont satisfaits de trouver en ce général respecté un interlocuteur « régulier» qu'Eisenhower reconnaît comme commandant en chef des FFI le 30 mai 1944. Ce faisant, il reconnaît en outre aux FFI le statut d'une « armée régulière » placée sous le contrôle direct des Français, intégrée dans le dispositif allié. L'ordonnance du Gouvernement provisoire du 9 juin 1944 désigne les Forces françaises de l'intérieur comme « parties intégrantes de l'armée française ».

Revenant sur le terrain des combattants FFI, il faut remarquer que longtemps après la « fusion » au sommet, les unités combattantes, qu'elles relèvent de l'AS, des FTP ou de l'ORA, conserveront leur personnalité, leurs choix stratégiques et pendant longtemps leur autonomie d'action. Cependant, le processus d'unification se met à l'œuvre sous l'influence de plusieurs facteurs. D'abord, l'action des chefs départementaux et régionaux FFI qui, souvent, constituent de véritables états-majors unifiés au sein desquels les cadres apprennent à se connaître et qui par une attribution équitable des moyens matériels (notamment en armes) facilitent la perception de l'intérêt de l'unification. Par ailleurs, l'intensification de la lutte armée comme de la répression obligent à une coordination toujours plus poussée afin d'assurer la sécurité des troupes et de garantir l'efficacité de leur action. Enfin, la base pousse spontanément - et vivement - à l'unité, surtout les nouvelles recrues. Majoritaires après le 6 juin, et peu sensibles aux « étiquettes » anciennes, celles-ci sont portées par la dynamique de la « levée en masse ». Dans ces conditions, peu connu avant le 6 juin, le sigle FFI s'impose très vite chez les combattants au point que les unités elles-mêmes se dénomment désormais très souvent « AS-FFI » ou « FTPF-FFI », affichant ainsi leur appartenance commune.


Sources : Dictionnaire historique de Résistance, sous la direction de MARCOT François, 2006, Robert Laffont, article « Forces Françaises de l’Intérieur », pages 185-186