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Brassard du mouvement Armée des Volontaires

Légende :

Brassard conçu sur le même modèle que ceux du NAP Police et d'Honneur de la Police. Il comporte un tampon "Armée des Volontaires - Paris XIVe" et un second "corps franc FFI - SB" 

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés

Détails techniques :

Brassard 205 X 90 mm, simple tissu, à coudre sur tour de bras

Date document : 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris XIVe

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Contexte historique

Le mouvement L'Armée des Volontaires (AV) naît à la fin de l'été 1940 de contacts informels pris à Paris et en Région parisienne par le commandant René Lhopital, ingénieur civil des Mines et ancien aide de camp du maréchal Foch. Présidée par Lhopital, la première réunion clandestine de l'organisation naissante a lieu le 13 octobre 1940, au 6 rue des Ciseaux dans le VIe arrondissement parisien. Y participent notamment Charles Domergue et André Donnay. D'abord localisé dans le VIe arrondissement autour de Lhopital, Domergue et Donnay, ainsi que de Lamboley, Raulhac et Trannant, du chanoine Lancrenon, Gaillard, et d'un certain nombre d'imprimeurs du Quartier latin, le mouvement s'étend dès l'automne 1940 vers les Halles et dans les VIIe, XIIe et XIIIe arrondissements.
À cette époque, les fondateurs de l'AV sont de sentiment maréchaliste et veulent surtout agir contre l'occupant allemand. Leur première activité consiste par conséquent à venir en aide aux prisonniers évadés en fournissant à ceux-ci de faux papiers (fiches de démobilisation, cartes d'alimentation et d'identité, etc.) et en les aidant à gagner la zone libre. Au cours de ce même automne 1940, les membres de l'AV entreprennent de diffuser Pantagruel en raison de la présence parmi eux du fondateur et imprimeur de ce journal clandestin, l'éditeur de musique Raymond Deiss (d'octobre 1940 à octobre 1941, époque de l'arrestation de Deiss, seize numéros de Pantagruel paraîtront). Par ailleurs, dès septembre, Lhopital est entré en relation avec Savourey, l'adjoint de Ripoche. Ce contact sera à l'origine des relations suivies de l'AV avec Ceux de la Libération (CDLL). En décembre, Lhopital rencontre le commandant Pantaloni. À l'image des duos Frenay/Chevance ou Arthuys/Blocq-Mascart, les deux hommes ambitionnent de développer une action commune. Mais leur projet ne débouche pas. En établissant ainsi des liens avec des groupes voisins et en s'efforçant de se développer tous azimuts, l'AV s'affirme comme une organisation typique de la première Résistance.
Au cours de l'année 1941, L'Armée des Volontaires se développe à Paris puis en province, tout en élargissant le champ de ses activités. Dans un premier temps, d'arrondissement en arrondissement (en particulier les VIIIe, XIVe, XVe et XVIIe), elle poursuit l'extension de son implantation parisienne. Elle crée également des antennes à Levallois, à Boulogne et en banlieue sud. Simultanément, sous l'impulsion d'Adrien Peltier et Arsène Poncey, ainsi que du commissaire Gaston Pateau, elle commence à recruter dans les milieux de la police parisienne (en juillet 1943, ce travail débouchera sur la naissance du mouvement Honneur de la Police dont la direction sera confiée au commissaire Dubent). Par ailleurs, sous la houlette de Domergue et de Donnay, elle crée des antennes en Normandie, dans le Nord, en Champagne, en Alsace et en Lorraine, ainsi que dans les Pyrénées. En outre, des groupes préexistants fusionnent avec elle : celui du docteur Chanel à Nevers, celui de l'avoué Renard à Poitiers, celui d'André Bergez et Jean Auriac à Bordeaux, le groupe de Valentin, Louvat, en Vendée. Des liens sont établis avec les éléments militaires d'inspiration résistante regroupés par le général Riedinger, ainsi qu'avec Charles Deguy, l'un des chefs du réseau Saint-Jacques.
En octobre, un contact est pris par André Méresse, de l'AV, avec l'agent de la France libre Raymond Laverdet, Ruis "mission Dastar". Dans le même temps, tout en poursuivant l'entretien de ses filières d'évasion et la recherche de points de passage sur la ligne de démarcation, le mouvement développe une activité de collecte de renseignements militaires et économiques par le truchement d'agents recrutés dans les ports, les gares et les usines. Il se lance dans le noyautage de l'administration (préfectures, postes, mairies, hôpitaux). Il recherche des zones de parachutage et des terrains d'atterrissage pour les Lysanders. Il s'efforce de constituer des dépôts d'armes.

Mais l'année 1941 est également le temps des premiers coups durs. Le développement rapide de L'Armée des Volontaires la rend en effet d'autant plus vulnérable. Arrêté une première fois le 1er avril, Lhopital est finalement relâché à la fin mai. À la mi-juillet, le groupe de Bordeaux est décimé par les arrestations. Plusieurs membres du groupe seront fusillés comme otages le 23 octobre suivant, d'autres seront jugés, condamnés à mort et exécutés en Allemagne. En septembre, Domergue, le chef du district parisien qui, depuis avril, a succédé à Lhopital à la tête de l'AV, est arrêté à son tour. En novembre, Donnay, le successeur de Domergue, tombe entre les mains de la Gestapo. Il est remplacé par son adjoint Méresse, tandis que le docteur Chanel devient le responsable du mouvement pour la province. À cette époque, Raulhac et Lamboley sont également emprisonnés. En janvier 1942, Lhopital et Domergue (qui avait été relâché en décembre 1941), mais aussi Lalanne-Picart, Bonny et Le Pape tombent dans une série de coups de filet. Ainsi, début 1942, la plupart des fondateurs de l'AV sont sous les verrous. D'abord incarcérés en France, il seront transférés en Allemagne en octobre 1942 pour y être jugés.
En mai 1943, Maxime Belleville, Philippe Bonny, Raymond Cousin, Raymond Deiss, Charles Domergue, André Lalanne-Picart et Marcel Le Pape seront condamnés à mort. Désiré Charles, André Donnay et René Lhopital seront, quant à eux, condamnés à des peines d'emprisonnement dont ils effectueront la plus grande partie en camp de concentration.

Sous l'impulsion de Méresse, l'Armée des Volontaires s'efforce de colmater les brèches et de poursuivre son activité pendant l'année 1942. Mais, de trahisons en arrestations, les coups durs se poursuivent. Le groupe de Poitiers, en particulier, est presque intégralement détruit. En novembre, Méresse, Chanel et la quasi totalité de l'état-major de l'AV tombent à leur tour. Le premier est remplacé à la tête de l'AV par Poncey. Une dernière série d'arrestations, au cours de l'hiver 1943, a raison des ultimes forces de l'AV. Poncey, notamment, est arrêté en mars et remplacé par Gabriel Paillot (celui-ci tombera en novembre et sera remplacé par Baudron, avec Delalande pour adjoint). En d'autres termes, à partir du printemps 1943, le mouvement n'existe plus en tant qu'organisation structurée. Certains de ses groupes ont rejoint CDLL (pour certains dès l'automne 1942). D'autres, notamment provinciaux, ont été absorbés par l'Organisation civile et militaire (OCM). D'autres encore, tel celui dirigé par Valentin, Louvat, ont rejoint Libération-Nord (novembre 1942).

Quelques groupes subsistent néanmoins, essentiellement à Paris et en Région parisienne, qui se réorganisent progressivement. Au cours de l'hiver 1943-1944, après avoir adhéré formellement au MLN, ils s'intègrent aux Forces françaises de l'intérieur (FFI). Plusieurs de leurs chefs, en particulier Baudron, Delalande et Piketty (jusqu'à son arrestation le 3 juin 1944), y exercent des responsabilités importantes. Leurs militants prendront pleinement part aux combats de la Libération. À l'automne 1944, certains d'entre eux s'engageront dans l'armée française en voie de reconstitution.

L'Armée des Volontaires est typique de ces groupes pionniers dont l'enthousiasme néophyte et l'esprit d'entreprise firent à la fois le succès initial et le destin tragique. Il ne lui a manqué que du temps et de la prudence pour devenir un grand mouvement. Ses fondateurs ont payé très cher leur impétuosité de pionniers. Soulignons enfin que ce mouvement est également représentatif de ces organisations de résistance régulièrement décimées qui ne moururent jamais tout à fait, parvenant régulièrement à renaître de leurs cendres, donnant naissance à des groupes nouveaux ou, plus simplement, rejoignant des mouvements existants.



Auteur : Guillaume Piketty in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Bibliographie :

Adrien Dansette, Histoire de la libération de Paris, Paris, Fayard, 1958, Rééd. 1966.
Henri Michel, Paris résistant, Paris, Le Grand Livre du Mois, 1982.
Henri Noguères, avec la collaboration de Marcel Degliame-Fouché et Jean-Louis Vigier. Histoire de la Résistance en France, tomes I à V, Paris, Robert Laffont, 1967-1981.