Envoi de 25 000 brassards en Bretagne, note du 19 juillet 1944

Légende :

Note de l'état-major FFI relative à l'envoi de 25 000 brassards aux FFI en Bretagne et à l'opposition du SHAEF à ce sujet.

Genre : Image

Type : Document

Source : © Archives nationales, 3AG2/457 Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Date document : 19 juillet 1944

Lieu : France - Bretagne

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Analyse média

Par cette note du 19 juillet 1944, l'état-major FFI rappelle qu'il a obtenu l'accord d'envoyer en Bretagne 25 000 brassards. Cependant, le SHAEF (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force) s'oppose à cet envoi craignant que les Allemands comprennent en les voyant qu'une attaque se prépare. LE SHAEF suggère que ces brassards ne soient expédiés que 2 ou 3  jours avant le début de l'opération. L'état-major FFI, quant à lui, estime qu'il faut un "délai de 15 jours pour répartir les brassards sur toute la Bretagne".

Vu la date à laquelle cette note a été rédigée, il est fort probable que l'opération dont il est question soit l'opération Cobra. Il s'agit du nom de code de l'offensive américaine menée fin juillet 1944 dans le Cotentin pendant la bataille de Normandie afin de s'ouvrir la route de la Bretagne, et d'enfoncer les lignes de défense allemandes. Les Alliés débutent la mise au point de cette opération dès le 13 juin 1944, avant que la prise de Cherbourg au nord du Cotentin ne devienne l’une de leurs premières priorités. L’idée est reprise le mois suivant et présentée au général Montgomery le 10 juillet. Son lancement est prévu pour le 18 juillet. Les conditions météorologiques retardent le début de l’opération Cobra du 18 au 20 juillet, puis au 24 juillet.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Encyclopédie du débarquement et de la bataille de Normandie, site consulté le 7 juin 2016

Contexte historique

Après de violents combats en Normandie en juin et juillet 1944, les Alliés percent les défenses allemandes. Le général Patton fonce alors vers l'Ouest et Brest pour libérer une Bretagne en état d'insurrection pendant l'été 1944. Mais la péninsule ne sera définitivement libérée qu'en mai 1945 avec la reddition des poches de Lorient et Saint-Nazaire.

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, appuyés par les paras SAS, les groupes de résistants passent donc à l'action et multiplient les attaques, malgré le manque d'armes et les parachutages aléatoires. Une trentaine de conteneurs d'armes et de munitions sont largués en Bretagne entre les 9 et 17 juin. Malgré ses carences militaires, la Résistance parvient à fixer durablement l'occupant. Certaines troupes allemandes mettront ainsi plusieurs semaines pour rejoindre Avranches depuis Redon. Les combats les plus notables ont lieu à Saint-Marcel dans le Morbihan. Regroupant près de 2.000 hommes, ce maquis est attaqué le 18 juin. L'affrontement dure toute la journée. Le lendemain, FFI et SAS ont plié bagage. Les Allemands et leurs supplétifs de la Milice française incendient alors le village et s'en prennent aux civils.

La IIIe armée du bouillant général Patton fonce alors sur la Bretagne où elle entre le 31 juillet. Le 4 août, Rennes est libérée. Les tanks Sherman de Patton sont à Saint-Brieuc et Vannes le 6 août. Morlaix et Quimper voient le départ des Allemands deux jours plus tard. Les Américains avancent rapidement, les occupants préférant se replier vers l'est ou vers les grands ports bretons fortement défendus. À chaque libération de ville, la foule descend en liesse dans les rues. La Résistance joue un rôle important en harcelant l'occupant, puis, une fois les troupes alliées passées, en nettoyant les poches de résistance. Le retrait allemand ne se fait pas sans exactions. Plusieurs massacres sont commis, notamment le long de la RN 12 dans les Côtes-d'Armor et le Finistère.

Quelques poches de résistance subsistent dans des ports secondaires comme Saint-Malo ou Paimpol. Les défenses allemandes vont y être rapidement réduites, les dernières troupes de l'île de Cézembre, au large de Saint-Malo, se rendant après d'intenses bombardements. La Cité corsaire est prise le 17 août, mais son inestimable patrimoine architectural est parti en fumée dans les combats. Le 7 août, les Alliés arrivent dans les faubourgs de Brest, mais la cité du Ponant est défendue par des troupes d'élite, notamment les parachutistes du général Ramcke. Ces derniers vont se défendre pied à pied pendant plusieurs semaines. Les combats sont terribles. Les Américains lancent assauts sur assauts avec de l'aviation, des blindés puis de l'infanterie. On se bat rue par rue, immeuble par immeuble. Les Allemands ne se rendent que le 19 septembre après avoir saboté les installations portuaires qui ne pourront participer à l'effort de guerre allié. Entre-temps, Paris et Bruxelles ont été libérées.


Extrait de : Erwan Chartier-Le Floch, "Août-Septembre 44. Libération de la Bretagne", Le Télégramme, 7 septembre 2014.