Georges Cisson

Légende :

Georges Cisson, Dubosc, MUR-MLN, responsable régional du NAP, directeur de Provence libre, sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © DAVCC Caen Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc. Voir aussi l'album photo lié.

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Georges Félix François Joseph Marie Cisson naquit le 21 mars 1910 aux Arcs-sur-Argens (Var). Son père, Augustin Cisson, fabricant de bouchons, mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, décéda le 2 novembre 1917 à la suite d’un accident ferroviaire. Georges Cisson fut « adopté par la Nation » (pupille de la Nation) en janvier 1919. Il effectua sa scolarité, jusqu’à son baccalauréat obtenu en 1928, dans les établissements maristes de Toulon et La-Seyne (Var). Reçu,en 1930 au concours d’adjoint technique des Ponts et Chaussées, il obtint un poste de chef de bureau à Draguignan (Var). Il se maria dans cette ville le 27 avril 1935 avec Yvonne Marthe Rebuffel, dont il eut deux filles.

Très croyant, Georges Cisson voulait vivre sa foi catholique au quotidien. Il s’investit dans nombre d’associations catholiques comme la société Saint-Vincent-de-Paul ou les Équipes sociales, et dans le syndicalisme chrétien. Créateur de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) à Draguignan, il devint secrétaire de son Union locale en 1937 et fut élu secrétaire général adjoint de l’Union départementale CFTC en 1939. Il s’engagea également en politique, donna des contributions à la presse démocrate-chrétienne et milita à Jeune République, organisation créée par Marc Sangnier et qui soutenait le Front populaire.  Il fut aussi correspondant de l’hebdomadaire Temps Présent.

En 1939, Georges Cisson fut mobilisé comme sergent-chef, d’abord affecté au front des Alpes, puis au front de l’Est. Au début juin 1940, lors d’une reconnaissance sur les bords de l’Aisne, il fut grièvement blessé par un éclat de grenade et perdit l’œil gauche. Il fut décoré de la Croix de guerre. De retour à Draguignan, invalide de guerre, il donna son adhésion à la Légion française des combattants (LFC, dont il démissionna en juillet 1943) mais s’engagea très tôt dans la Résistance. Il diffusa La Voix du Vatican, puis Les Cahiers du Témoignage chrétien. En 1941, il fut contacté pour le mouvement Combat par André Ruelle, chef de district SNCF à Saint-Raphaël, catholique social et membre avant-guerre, comme lui, de Jeune République. Il lui fit part de sa volonté de résister, de l’obligation morale qu’il en avait en tant que chrétien, et accepta de diffuser les tracts et journaux de l’organisation. Mais, de fait, il rejoignit l’équipe de Libération-Sud dont il devint responsable régional, sous le pseudonyme de Dubosc. À partir de 1943, les Mouvements unis de Résistance (MUR) rassemblèrent les trois grandes organisations de résistance non communistes de zone Sud. Georges Cisson fut membre de leur directoire régional et eut la responsabilité du Noyautage des administrations publiques (NAP). Il créa le journal des MUR de l’arrondissement de Draguignan, Résistance, et édita le mensuel des MUR, Provence libre, diffusé dans toute la région. Il fut également membre du Comité départemental de Libération (CDL) du Var.

Le 12 juillet 1944, Georges Cisson vint à Marseille relever le courrier à la boîte aux lettres du mouvement, dans le magasin les « Arts marocains » de Charles Boyer, rue de-La-Palud. Mais celui-ci avait été transformé, depuis la veille, en souricière par Ernst Dunker-Delage et ses hommes du SIPO-SD (la Gestapo). Georges Cisson fut immédiatement interpellé, identifié comme Dubosc, chef régional NAP, et conduit au siège de la Gestapo à Marseille, 425 rue-Paradis. Une importante documentation « donnant des renseignements sur la situation des organisations et sur la corruption des administrations » fut saisie dans son bureau. Les documents dont il était porteur (plusieurs lettres et un carnet de poche) donnèrent, une fois décryptés, de précieux renseignements sur la Résistance régionale.

Georges Cisson apparaît sous le numéro 6 dans le « rapport Antoine », où Ernst Dunker-Delage, homme clé de la section IV du SIPO-SD, établit le bilan des arrestations qui conduisirent aux exécutions de Signes. Selon celui-ci, Georges Cisson aurait avoué qu’il dirigeait depuis 6 mois l’organisation régionale NAP. Il figure, à deux reprises, dans le livre de saisies de la police de sécurité allemande (SD) – où les dates indiquées ne correspondent pas nécessairement à celles d’entrée -. Georges Cisson est mentionné page 124, numéro 900, à la date du 13 juillet 1944, et page 132, numéro 963, à la date du 10 août 1944, comme Widerstand Chef (chef de la Résistance). Il était en possession de 15 174 francs et d’une machine à écrire portative qui furent saisis.

Le rapport « Antoine » indique : « A été fusillé le 18/7/1944 ». Georges Cisson fut effectivement exécuté à Signes le 18 juillet et enterré, de manière sommaire, avec 28 autres victimes dans la « première fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 713), fut parmi les 32 premières identifiées. Le médecin légiste constata l’éclatement complet de l’occipital et des pariétaux.

Après les obsèques nationales célébrées pour l’ensemble des martyrs de Signes au cimetière Saint-Pierre, le 21 septembre 1944, Georges Cisson fut inhumé aux Arcs-sur-Argens, dans le Var.

Le 26 décembre 1946, le conseil municipal de Draguignan décida d’attribuer le nom de Georges Cisson à la rue-Nationale. Son nom fut gravé sur le monument aux morts dracénois. Il fut également donné, dans le Var, à une rue et une place à Ginasservis, une rue à Solliés-Pont et au lycée des Métiers de l’automobile et de l’électricité de Toulon. Georges Cisson fut, à titre posthume, homologué commandant, reconnu interné résistant et Mort pour la France, décoré de la Croix de guerre avec étoile de vermeil et de la Légion d’honneur.


Auteur : Robert Mencherini

Sources :  Actes de décès et naissance ; archives départementales du Var, 1R 832 221, extrait du livret matricule d’Augustin Cisson ; DAVCC Caen, 21P 436 702, dossier de Mort pour la France, Georges Cisson ; DAVCC Caen, 27 P 244, « Bouches-du-Rhône, charnier de Signes, Procès-verbaux d’enquête, exhumations » ; DAVCC Caen, 27 P 45, livre de saisies de la police de sécurité (SD), Marseille, commencé le 14 juin 1943 (avec jour d’inscription : Tag der Eintragung) ; archives nationales 72 AJ 104, AIII, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final sur l’identification d’un groupe de Résistance de Marseille par le Kommandeur de Lyon dans l’affaire “industriel”. L’affaire Antoine », Marseille, 11 août 1944 ; archives départementales des Bouches-du-Rhône, 58 W 20, interrogatoire de Dunker par le principal chef de la BST, à propos du rapport Antoine, 9 juillet 1945 ; archives départementales des Bouches-du-Rhône, 44 J 43 III, témoignage de Max Juvénal ; Vérité, organe du mouvement de libération nationale, 1944-1945, en particulier, les numéros 1 et 42 ; presse quotidienne régionale, septembre 1944 ; Georges Cisson, plaquette éditée par le lycée des métiers de l’automobile et de l’électricité Georges-Cisson, Toulon, sd. (2010) ; Angelin German, Les chemins de la Mémoire. Soixante-cinq ans au service social de la Résistance, Draguignan, Chez l’auteur, 2005 ; André Ruelle, Et le soleil se leva, La-Seyne-sur-mer, chez l’auteur, 1979, pp. 38-39 ; Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine, thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977 ; Madeleine Baudoin, Histoire des groupes francs (MUR) des Bouches-du-Rhône, de septembre 1943 à la Libération, Paris, PUF, 1962 ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014, p. 298 ; Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var, essai d’histoire politique, thèse de doctorat d’État, dir. Émile Temime, Université de Provence, Aix-en-Provence, 1989 ; Jean-Marie Guillon, notice in Maitron-en-ligne ; Laurent Douzou, La désobéissance. Histoire du mouvement Libération-Sud, Paris, Odile Jacob, 1995, p. 231 ;  Robert Mencherini, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Résistance et Occupation, 1940-1944, pp. 503 et 507, tome 4, La Libération et les années tricolores, Paris, Syllepse, 2014, pp. 58-60.