Plaque à la mémoire de Charles Bedos, Nîmes (Gard)

Légende :

Une plaque, apposée par le barreau de Nîmes en 2010, rappelle que leur avocat Me Charles BEDOS, fut déporté à Mauthausen pour faits de résistance.

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Source : © Mémoire et Résistance dans le Gard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2016

Lieu : France - Occitanie (Languedoc-Roussillon) - Gard - Nîmes

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Charles Bedos est né le 15 avril 1903 à Naples où son père, d'origine cévenole protestante, est diplomate. Charles passe sa jeunesse à Nîmes où sa famille est venue s'installer, puis poursuit ses études à la faculté de Montpellier. Après un doctorat en lettres et en droit il devient avocat. Inscrit en 1919 au barreau de Nîmes, il acquiert, dès les années 1930, dans son cabinet du 6, rue Feuchères, "une très grande notoriété". Il entre aussi en politique en adhérant très jeune à la Section française de l'internationale ouvrière (SFIO) au même moment que Louis Salle, libraire à Nîmes et futur membre du Comité départemental de Libération. En 1935, il est élu conseiller municipal sur la liste du maire socialiste sortant Hubert Rouger.

Mobilisé en septembre 1939 à Avignon mais rapidement exempté, il est traducteur d'italien pour l'armée jusqu'à la défaite. De par ses convictions patriotiques et socialistes, il refuse la défaite, l'armistice, le régime de Vichy et la collaboration. Dans les affaires civiles concernant les Juifs et leurs biens, il met son talent et sa réputation au service d'une opposition systématique au Commissariat général aux questions Juives, répétant à la barre son indignation contre la législation antisémite et les spoliations. A partir de 1941, il partage ce combat avec Alix Jean qui devient son épouse l'année suivante. Agée de 22 ans, Alix est issue d'une famille patriote ralliée au général De Gaulle, auditrice régulière de Radio Londres. Dès cette époque, le couple est associé aux activités de la Résistance nîmoise, son domicile servant, par exemple de boîte à lettres pour Marceau Bonnafoux et les membres de Combat.

Dans l'histoire de la lutte contre l'oppression, Charles Bedos reste l'avocat de la Résistance. En effet, dès les premières arrestations, il accepte de défendre de jeunes militants communistes, comme Henri Julien, incarcéré au Fort Saint-Nicolas de Marseille en mars 1942, n'hésitant pas à faire disparaître des dossiers des pièces compromettantes pour les patriotes. Selon le témoignage de Marius Sauze, en cas d'arrestation, le mot d'ordre des organisations clandestines est de désigner Me Bedos, de se confier à lui et de compter sur lui pour les liaisons avec l'extérieur.
Il accepte de défendre les résistants de la première équipe Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de la zone Sud jugés par la section spéciale de la cour d'appel de Nîmes, à partir du 29 mars 1943. Dans un contexte très difficile pour les accusés (notamment une forte pression allemande, après l'attentat de la Maison Carro, qui a coûté la vie à cinq militaires allemands), Charles Bedos et Maurice Delran plaident en faveur de Vincent Faïta, Jean Robert, Louisette Sauze-Maurin "Josette", Jean Casazza, Chabert et Maurel. Mais Jean Robert et Vincent Faïta sont condamnés à mort, leurs compagnons à la réclusion à vie. Maître Bedos assiste ainsi aux derniers moments de Jean Robert et Vincent Faïta guillotinés le 22 avril 1943. 

Après sa brillante et éloquente plaidoirie lors du procès où il confirme sa réputation d'avocat engagé, il apparaît comme une cible toute désignée aux yeux des partisans du régime de Vichy. Juge de paix suppléant, il est victime de l'épuration préfectorale et relevé de ses fonctions. En octobre 1943, il est arrêté avec neuf autres résistants dont Jean Gaubillac, cheminot, Pierre Bousquet, Emilien Ronzas, Marcel Cabos, Bonnefoi et sa fille Madame Bonnecaze ; ils sont amenés au siège de la Gestapo, boulevard Gambetta.

Après leur transfert à Compiègne, leurs épouses et leurs familles se regroupent autour d'Alix Bedos pour former une sorte de comité de soutien clandestin, dont Alix devient la présidente. Celle-ci effectue alors de nombreuses démarches : elle se rend à Vichy auprès de Paul Creissel, avocat de profession et ministre de l'Information du gouvernement, et rencontre Giessler, responsable SS de la zone Sud. Elle est autorisée à se rendre à Compiègne. Sur place, grâce à l'entremise d'un gardien d'origine tchèque, elle peut s'entretenir cinq trop courtes heures avec son mari mais ne peut empêcher sa déportation à Mathausen en mars 1944 comme NN "Nacht und Nebel ". Revenue à Nîmes, elle continue son action de soutien aux déportés jusqu'à la Libération.

Le 25 août 1945, le préfet Paganelli demande à Alix de prendre la direction de la FNDP (Fédération nationale des déportés politiques), pour prendre en charge les déportés gardois de retour. Installées au 6 de l'avenue Feuchères, deux équipes, aidées par la Croix Rouge, se relaient pour accueillir les déportés. Charles revient, en mai 1945, profondément marqué par la déportation. Bien qu'affaibli par la tuberculose (il doit passer deux ans en sanatorium), il accepte la présidence de la FNDP du Gard, assisté par Jacques Lafont, son secrétaire. Pendant plusieurs années, il organise de multiples manifestations pour témoigner de ce qu'a été la déportation : ainsi, en septembre 1945, avec Jean Oberlé, Pierre Bourdan et Jean Marin (de Radio Londres pendant la guerre), il tient, aux Arènes, une conférence devant 25 000 personnes, intitulée "de l'impossibilité de décrire".
Charles Bedos et quelques autres déportés, comme Emilien Ronzas, Marcel Cabos, Jean Gaubillac, Andrée Julien organisent aussi des "tournées" dans les salles publiques des villes et villages du département., sans y trouver toujours un écho réceptif à leurs propos. Cette même volonté conduit Charles Bedos à se présenter, avec succès, aux élections législatives de 1946. Elu, il choisit cependant de s'effacer au profit de Paul Béchard et de reprendre ses activités d'avocat. Bâtonnier d'honneur du barreau de Nîmes, il continue à assumer la présidence de la FNDIRP gardoise pendant quelques années.

Charles Bedos est décédé en 1966.


CD-ROM La Résistance dans le Gard, AERI, 2009