Yves Bernard dessiné par le peintre Léon Delarbre

Légende :

Yves Bernard dessiné par le peintre Léon Delarbre, 1944

Genre : Image

Type : Dessin

Source : © Collection Gabrielle Bernard Droits réservés

Détails techniques :

Croquis au fusain ?

Date document : 1944

Lieu : France - Bretagne - Finistère

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Analyse média

Dans le tunnel de Dora, l’artiste Léon Delarbre, lui aussi déporté et arrivé sur place à la fin août 1944, en provenance de Buchenwald, dessine ce portrait du jeune Yves Bernard. Celui-ci est parvenu à conserver ce dessin, en le cachant sous ses vêtements contre son torse, puis en parvenant à l’adresser à sa mère.

On y distingue son numéro de matricule (42147), ainsi que des traces sur son visage. Elles correspondent à des injections réalisées par les Allemands, en guise d’expériences médicales. Yves en a conservé des séquelles toute sa vie, sous la forme de lipomes dont il a dû être opéré à plusieurs reprises.


Auteur : Delphine Le Floc'h

Contexte historique

Né le 8 octobre 1924 à Pont-l’Abbé, Yves Bernard est décédé le 13 juin 1990.

Entré dans la résistance en 1941, au sein des Francs-Tireurs et Partisans (FTP), à la suite de son frère aîné Jean, il mène toute une série d’actions, en particulier la distribution de tracts et de journaux qu’il va chercher à Quimper. La nuit, à vélo, il les rapporte à Pont-l’Abbé, située à une petite vingtaine de kilomètres de la préfecture du Finistère. Il les entrepose ensuite chez Corentinik, c'est-à-dire Corentine Tanniou, qui dissimule dans son commerce, situé dans le quartier de la gare à Pont-l'Abbé, l'un des dépôts utilisés par les résistants. Le principal « fait d’armes » du groupe auquel appartient Yves Bernard consiste en une inscription, tracée au goudron sur le mur de la salle de cinéma du patronage laïque, à quelques dizaines de mètres seulement de la Kommandantur : « Vive le Front national qui se bat pour la libération de la France ! ».

Yves Bernard est finalement arrêté, par trois policiers français, au milieu de ses camarades de classe, alors qu’il suit un cours de chimie à l’école primaire supérieure de Pont-l’Abbé (l’ancêtre du lycée Laennec), le 28 octobre 1942. Il a tout juste 18 ans.

Emprisonné à Saint-Charles à Quimper, puis à Monfort-sur-Meu près de Rennes, il est condamné à un an de prison le 21 janvier 1943. Il est d’abord écroué au Pré-Pigeon à Angers durant trois mois, puis à Baugé pendant 9 mois. Ensuite, après avoir pourtant purgé sa peine, il se trouve livré aux Allemands puis transféré au camp de transit de Compiègne, avant sa déportation dans le camp de concentration de Buchenwald, à la fin du mois de janvier 1944. Il a seulement 19 ans. C’est alors le camp de Dora qui l’attend : il y arrive le 18 février 1944, avec la mission de travailler à la construction de fusées V1 et V2. Mais avec ses camarades, c’est à des petites opérations de sabotage qu’il se livre.

Après l’évacuation et les marches de la mort, Yves Bernard est rapatrié en France par Valenciennes puis l’hôtel Lutétia à Paris, avant de regagner son Finistère natal, le 25 mai 1945, à l’âge de 20 ans.


Auteur : Delphine Le Floc'h

Sources :

 

Entretiens avec Gabrielle Bernard, la veuve d’Yves Bernard (novembre-décembre 2013).

 

Entretien filmé avec Per Pérennou, camarade de classe d’Yves Bernard, témoin de son arrestation - 6 décembre 2010.

 

« La Libération de trois camarades de paillasse détenus à Dora » - récit non daté de Jean Di Domenico, codétenu avec Yves Bernard à Dora, collection personnelle de Mme Gabrielle Bernard.

 

René PICHAVANT, « Deux frères au Front national… », dans les Clandestins de l’Iroise (1943-1944), volume 3, pages 123 à 152, Douarnenez, éditions Morgane, 1986.