Ambel, la clairière

Légende :

La ferme d'Ambel a été le refuge de réfractaires à la fin de 1942. Le camp constitué est considéré, par certains, comme le premier maquis du Vercors, voire de France.

Genre : Image

Type : Paysage

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © Collection Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en couleur.

Date document : 2006

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Omblèze

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Analyse média

En bas, à droite, flanc escarpé du mont Toulau, clairière encadrée d'une hêtraie, ondulations d'une prairie dominant la vallée de Quint ; pelouse grillée par le soleil estival, altitude de prise de vue 1700 mètres. En bordure de la boucle de la route, monument commémoratif de la ferme d'Ambel. Au loin, le Diois.


Auteurs : Alain Coustaury

Contexte historique

Fin décembre 1942, un groupe de 31 réfugiés polonais se cache quelques jours dans la ferme d'une clairière du plateau d'Ambel, au centre d'une vaste exploitation forestière. Ils sont relayés le 6 janvier 1943 par un groupe de huit cheminots de Fontaine, réfractaires au STO. Le site a été reconnu le 17 décembre 1942 par deux Résistants, Simon Samuel (frère du docteur Eugène Samuel), de Villard-de-Lans et Louis Brun (1900-1974), cafetier et tourneur sur bois, adjoint au maire de Pont-en-Royans, en quête d'un lieu pour héberger des réfractaires. Difficile d‘accès, aucune route n'atteignant directement le site, la maison forestière, capable d‘abriter plusieurs dizaines de personnes, a quatre co-propriétaires : Victor Huillier, transporteur et André Glaudas, marchand de vin, Résistants de Villard-de-Lans qui ont eu l'idée d'utiliser ce bâtiment, Gravier (de Briançon) et Guillet (de Grenoble), qui ignorent totalement ce projet. Le Résistant Pierre Brunet, garagiste de Pont-en-Royans, embauché comme sous-directeur de l'exploitation, s'occupe des faux papiers et du ravitaillement, en liaison avec Benjamin Malossane, de Saint-Jean-en Royans. Quant au directeur, Louis Bourdeaux, ancien officier de chasseurs alpins, d'abord à l'écart du projet, il est vite mis dans la confidence et participera activement, sous le nom de « Fayard », à la Résistance locale. Il recrute en février 1943 un jeune ingénieur forestier André Valot « Stephen » qui participe à l'encadrement du camp. Les réfractaires qui viennent de Grenoble transitent par Villard-de-Lans et Pont-en-Royans d'où ils sont acheminés à Ambel par Louis Brun, après avoir traversé la Bourne en barque. Un système d‘alerte installé à Bouvante permet de couper l'électricité alimentant la ferme et de provoquer, après trois interruptions successives, la dispersion immédiate de ses habitants. Début 1943, Ambel abrite 85 hommes, mais des raisons de sécurité conduisent à ne garder au C1 qu'un nombre plus réduit qui travaille à l'exploitation du bois. Quelques armes parviennent au printemps mais seul le parachutage de Darbounouze, dans la nuit du 13 novembre 1943, permet de commencer un véritable entraînement militaire. Début 1944, les Allemands, qui ont besoin de bois pour leurs chantiers, achètent l'exploitation. Cela n'empêche pas la cache et l'entraînement des maquisards de se poursuivre, aux frais de l'occupant qui les paye comme forestiers ! Le 16 avril 1944, la Milice découvre les caches d'armes et brûle la ferme. En juin et juillet 1944, la compagnie « Fayard » participe à la défense et aux combats du Vercors, mais peu de ses combattants ont connu l'époque des débuts du C1.

Après la Libération, le domaine d'Ambel est acheté par le conseil général de la Drôme. Un monument commémoratif est inauguré le 23 août 1964 par Benjamin Malossane.


Auteurs : Gilles Vergnon
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007. Gilles Vergon, Le Vercors. Histoire et mémoire d'un maquis, éditions de l'Atelier, 2002.