Plaque à la mémoire d'Albert Zimmer, Strasbourg (Bas-Rhin)
Légende :
Plaque apposée sur le char Zimmer situé au 170 avenue du Rhin à Strasbourg (Bas-Rhin)
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Source : © Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : sans date
Lieu : France - Grand Est (Alsace) - Bas-Rhin - Strasbourg
Contexte historique
Fils d'un couple de restaurateurs installés à La Wantzenau, Albert Zimmer fréquente l'école primaire de la commune. A sa sortie, il intègre le collège Saint-Pierre-Fourrier à Lunéville (Meurthe-et-Moselle) où il est un excellent élève. Néanmoins, très rapidement, la réalité familiale le rattrape et dès l'âge de quatorze ans, il entame un cursus à l'école hôtelière de Strasbourg avant d'être envoyé dans divers institutions à travers la France.
Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne. La famille Zimmer est évacuée et s'installe à Dreux (Eure-et-Loire) avant qu'Albert la rejoigne pour finir ses études. Après la défaite de juin 1940, elle revient à La Wantzenau. Devant le régime nazi et son annexion de fait de l'Alsace, Albert Zimmer décide de s'évader d'Alsace. Le 14 juillet 1941, il quitte ses parents et ses soeurs pour passer les Vosges par le tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines. Il se rend à Saint-Dié-des-Vosges puis à Nancy. Caché dans un wagon de charbon, il parvient à franchir illégalement la ligne de démarcation et arrive le 23 juillet 1941 à Lyon.
Albert Zimmer rejoint Marseille pour y souscrire un engagement volontaire dans l'armée d'armistice car il souhaite avant tout s'engager dans une unité en poste en Afrique du Nord (AFN). Le 20 août 1941, il embarque pour Alger et rejoint son affectation au 12ème groupe autonome des chasseurs d'Afrique (GACA). En juin 1942, son instruction terminée, il est affecté au 12ème régiment de chasseurs d'Afrique à Thiès au Sénégal en Afrique Orientale française (AOF). C'est là qu'il fait la connaissance du major Rouvillois.
Le 8 novembre 1942, les Alliés débarquent en Afrique du Nord. En janvier 1943, le 12ème régiment de chasseurs d'Afrique quitte le Sénégal pour l'Algérie où l'armée américaine équipe l'unité avec du matériel moderne. Albert Zimmer suit de nombreux stages ainsi que les cours d'élèves sous-officiers. Il en sort major en juillet 1943 et il est aussitôt nommé maréchal-des-logis. En octobre 1943, l'unité est rattachée à la 2ème division blindée (DB) du général Leclerc en cours de formation. La mise en place se déroule près de Rabat (Maroc). Le 12ème régiment de chasseurs d'Afrique est scindé et Albert Zimmer se retrouve affecté au 12ème régiment de cuirassiers. Il est sous-officier de liaison à l'état-major.
Entre avril et juin 1944, Albert Zimmer passe trois mois avec son unité au camp de West Lutton (Angleterre) pour parfaire son entraînement et son instruction. Suppliant le chef d'escadron Rouvillois, il parvient à se faire affecter comme tireur sur le char lourd Schermann Sarreguemines. Le 2 août 1944, l'unité débarque sur le sol français et, dès le 9, engage les premiers combats. Le 12, il participe à la libération d'Alençon (Orne) puis à celle de Paris le 25.
Le 8 septembre 1944, alors qu'Albert Zimmer devient tireur du char Saint-Denis II, la 2ème DB repart vers l'est. Mais, l'unité s'embourbe durant l'automne en Lorraine. Enfin, le 31 octobre 1944, après la prise de Baccarat (Meurthe-et-Moselle), la formation est mise en repos quinze jours à l'arrière du front. Depuis le début des combats, le maréchal-des-logis Albert Zimmer s'est illustré en détruisant de nombreuses batteries ennemies et reçoit même une citation pour son engagement en août 1944. Avant le départ pour la libération de l'Alsace, il est nommé à la tête du char Cherbourg. Dans la nuit du 19 au 20 novembre 1944, le sous-groupement Rouvillois gagne le front américain et via La Petite-Pierre (Bas-Rhin) passe la nuit du 22 à Dettwiller (Bas-Rhin).
Le lieutenant-colonel Rouvillois (nommé le 11 novembre 1944) s'appuie alors sur les conseils du strasbourgeois Robert Fleig et s'engage sur la route de Strasbourg en évitant les barrages ennemis. La progression s'effectue par Mommenheim et Brumath (Bas-Rhin) jusqu'à la capitale alsacienne. Dans la nuit du 22 au 23, la colonne s'élance. Guidé par Robert Fleig, le sous-groupement Rouvillois progresse dans Strasbourg à partir de la place de Haguenau et tente de contrôler les points névralgiques. Mais, malgré ce premier succès, le pont de Kehl reste le véritable objectif afin de lancer une tête de pont sur le Rhin. Ce 23 novembre 1944, vers 16 heures, le maréchal-des-logis Albert Zimmer entame une avancée dans l'île entre le canal et le petit Rhin. Il se retrouve à la tête du détachement avec le char Cherbourg, juste derrière, la jeep avec le lieutenant Le Quellec et Robert Fleig. Néanmoins, la résistance des Allemands s'intensifie à mesure qu'ils se rapprochent du pont et touché en plein fouet par une charge de Panzerfaust, le char Cherbourg est immobilisé et prend feu. Albert Zimmer décède sur le coup peu après la mort de Robert Fleig.
Le 23 novembre 1945, une plaque commémorant l'exploit du maréchal-des-logis chef André Zimmer qui le premier atteignit le Rhin à Strasbourg est inaugurée face au pont de Kehl (Allemagne).
Albert Zimmer est cité à l'ordre de l'armée le 8 février 1945: "Chef de char d'une bravoure maintes fois éprouvée. Après s'être distingué au cours des combats de la campagne d'Alsace et de la prise de Strasbourg, a été volontaire pour exécuter une patrouille audacieuse vers le pont de Kehl. A été mortellement frappé dans son char alors qu'il atteignait les bords du Rhin." Cette citation comporte l'attribution de la croix de guerre 1939-1945 avec palme.
Eric Le Normand in DVD-ROM La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance - AERI, 2016