Massacres allemands pendant l'été 1944




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ESPACE PEDAGOGIQUE

Objectif de cet espace : 
permettre aux enseignants d\'aborder plus aisément, avec leurs élèves, l\'exposition virtuelle sur la Résistance dans la Drôme en accompagnant leurs recherches et en proposant des outils d’analyse et de compréhension des contenus.

L'espace d'exposition s'articule autour d'une arborescence à quatre entrées :
- Zone libre et Occupation,
- Résistance,
- Libération et après-libération,
- Mémoire.

Chaque thème est introduit par un texte contextuel court. A partir de là, des documents de tous types (papier, carte, objet, son, film) sont présentés avec leur notice explicative.

La base média peut être aussi utilisée comme ressource pour les enseignants et leurs élèves dans le cadre de travaux collectifs ou individuels, en classe ou à la maison.

Pour l'exposition sur la Résistance dans la Drôme, sont proposés aux enseignants des parcours pédagogiques (collège et lycée), en lien avec les programmes scolaires, utilisant les ressources de l'exposition :

1/ Collège :

Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Fiche 1 : La France vaincue, occupée et libérée,
     . Fiche 2 : Le gouvernement de Vichy, la Révolution nationale et la Collaboration,
     . Fiche 3 : Vivre en France durant l'Occupation,
     . Fiche 4 : La Résistance.

2/ Lycée :

- Note méthodologique
- Parcours pédagogiques composés de :
     . Dossier 1 : L'Etat français (le régime de Vichy),
     . Dossier 2 : Les Juifs dans la Drôme (antisémitisme, persécution, arrestation, déportation, protection),
     . Dossier 3 : Les résistants,
     . Dossier 4 : La Résistance armée,
     . Dossier 5 : La Résistance non armée,
     . Dossier 6 : La vie quotidienne.

Si vous êtes intéressés par ces dossiers, contactez nous : [email protected]

Réalisation des dossiers pédagogiques : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

1. De la déclaration de guerre à l’Armistice, le 22 juin 1940 : Un mois après le début de leur attaque en mai 1940, les Allemands atteignent le nord de la Drôme. L’Armistice arrête les combats sur la rivière Isère. Le nord du département est occupé par les troupes allemandes.
2. De l’Armistice à l’occupation allemande, le 11 novembre 1942 : La Drôme est située en zone non occupée.
3. Du 11 novembre 1942 au 9 septembre 1943 : La Drôme est placée sous administration et occupation italiennes.
4. Du 9 septembre 1943 au 31 août 1944 : l’armée allemande occupe la Drôme ; c’est la période la plus intense pour la lutte contre l’ennemi et le gouvernement de Vichy.


Il s'agit d'une sélection de cartes nationales et locales sur la Résistance. La plupart de ces cartes ont été réalisées par Christophe Clavel et Alain Coustaury. Il s'agit d'une co-édition AERI-AERD tous (droits réservés)


CARTE INTERACTIVE DROME ET VERCORS DROMOIS ET ISEROIS
(Suivez ce lien pour afficher la carte et sélectionnez les points du paysage souhaités pour afficher les fiches correspondantes)


  France de 1940 à 1944
  Départements français sous l’Occupation
  Régions militaires de la Résistance en 1943
  La Drôme, géographie physique
  Esquisse de découpage régional de la Drôme
  Les communes de la Drôme
  Carte des transports en 1939
  Le confluent de la Drôme et du Rhône
  Densité de la population de la Drôme en 1939
  Densité de la population de la Drôme en 1999
  Evolution de la densité de population de la Drôme entre 1939-1999
  L’aérodrome de Montélimar-Ancône
  Aérodrome de Valence - Chabeuil - La Trésorerie
  Les caches des armes et du matériel militaire
  Les terrains de parachutages dans la Drôme
  Bombardements alliés et allemands dans la Drôme
  Immeubles détruits par les Allemands et la Milice
  Emplacement de camps de maquis de 1943 au 5 juin 1944
  Localisation des groupes francs qui ont effectué des sabotages en 1943
  Implantation et actions de la compagnie Pons
  FFI morts au combat ou fusillés
  Plan-de-Baix, Anse, 16 avril 1944
  Géopolitique de la Résistance drômoise en juin-juillet 1944
  Dispositif des zones Nord, Centre, Sud vers le 10 juin 1944
  Combovin, 22 juin 1944
  Vassieux-en-Vercors 21, 22, 23 juillet 1944
  Combat de Gigors 27 juillet 1944
  Le sabotage du pont de Livron
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 21 au 24 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 25 et 26 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 27 au 29 août 1944
  Carte simplifiée de la bataille de Montélimar du 29 août à 12 heures le 30 août 1944
  Etrangers au département, non juifs, arrêtés dans la Drôme et déportés
  Déportation, arrestations dans la Drôme
  Déportation des Juifs dans la Drôme
  Lieu de naissance de Drômois déportés, arrêtés dans la Drôme et à l’extérieur du département
  Cartes des principaux lieux de mémoire dans la Drôme
  Perceptions de la Résistance drômoise

Publications locales :

Une bibliographie plus détaillée sera accessible dans l’espace « Salle de consultation » du Musée virtuel.

SAUGER Alain, La Drôme, les Drômois et leur département. 1790-1990. La Mirandole. 1995.
GIRAUDIER Vincent, MAURAN Hervé, SAUVAGEON Jean, SERRE Robert, Des Indésirables, les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale. Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 1999.
FÉDÉRATION DES UNITÉS COMBATTANTES DE LA RÉSISTANCE ET DES FFI DE LA DRÔME, Pour l’amour de la France. Drôme-Vercors. 1940-1944. Peuple Libre, Valence, 1989.
DE LASSUS SAINT-GENIÈS (général), DE SAINT-PRIX, Combats pour le Vercors et la Liberté. Peuple Libre, Valence, 1982.
LA PICIRELLA Joseph. Témoignages sur le Vercors, 14e édition, Lyon, 1994
LADET René, Ils ont refusé de subir. La Résistance en Drôme. Auto-édition. Portes-lès-Valence, 1987.
DREYFUS Paul, Vercors, citadelle de Liberté, Arthaud, Grenoble, 1969.
MARTIN Patrick, La Résistance dans le département de la Drôme, Paris IV Sorbonne, 2002.
SERRE Robert, De la Drôme aux camps de la mort, Peuple Libre et Notre Temps, Valence, 2006.
SUCHON Sandrine, Résistance et Liberté. Dieulefit 1940-1944. Éditions A Die. 1994.
VERGNON Gilles, Le Vercors, histoire et mémoire d’un maquis, L’Atelier, Paris, 2002.

Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERD-AERI, 2007.

Ce travail n’aurait pu avoir lieu sans l’aide financière du Conseil général de la Drôme, du Conseil régional de Rhône-Alpes, du Groupe de Recherches, d’Études et de Publications sur l’Histoire de la Drôme (GRÉPHiD) et de l'AERD qui y a affecté une partie des recettes de la vente des dvd-roms, La Résistance dans la Drôme et le Vercors.

L’équipe de la Drôme tient à les remercier ainsi que :
- l’Office départemental des anciens combattants (ONAC),
- la Direction départementale de l’équipement de la Drôme (DDE),
- le Centre départemental de documentation pédagogique de la Drôme, (CDDP),
- le personnel et la direction des Archives départementales de la Drôme, de l’Isère, des Archives communales de Allan, de Crest, de Die, de Grâne, de Montélimar, de Romans-sur-Isère, de Triors, de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, de Saint-Uze,
- les Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv), le National Archives and Records Administration (NARA), The National Archives (les archives nationales britanniques), Yad Vashem,
- le Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation de Romans, le Musée de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, le Mémorial de La Chau, le Musée de Die, le Musée Saint-Vallier, la Médiathèque de Montélimar, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, le Mémorial Shoah, l’Association des Amis du Musée des blindés de Saumur, le Musée de la Division Texas (USA),
- l’Association Études drômoises, l’Association Mémoire d’Allex, l’Association Sauvegarde du Patrimoine romanais-péageois, l’Association Mémoire de la Drôme, l’Association des Amis d’Emmanuel Mounier, l’Association Patrimoine, Mémoire, Histoire du Pays de Dieulefit, l’Amicale maquis Morvan, la Fédération des Unités Combattantes et des FFI de la Drôme, l’Association nationale des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors.

Mais nos remerciements s’adressent surtout à toutes celles et tous ceux, notamment résistantes, résistants et leurs familles, qui ont accepté de livrer leurs témoignages, de nous confier leurs documents et leurs photographies. Ils sont très nombreux et leurs noms figurent dans cette exposition. Ils s’apercevront au fil de la lecture que leur contribution a été essentielle pour l’équipe qui a travaillé à cette réalisation. Grâce à eux, une documentation inédite a pu être exploitée, permettant la mise en valeur de personnes, d’organisations et de faits jusqu’alors méconnus. Grâce à eux nous avons pu avancer dans la connaissance de la Résistance dans la Drôme et plus largement dans celle d’une histoire de la Drôme sous l’Occupation.
L’étude de cette période et des valeurs portées par la Résistance, liberté, solidarité, justice et progrès social…, nous semble plus que jamais d’actualité.

 

CONCEPTION, RÉALISATION

Maîtres d’ouvrage :
Association pour l’Élaboration d’un Cédérom sur la Résistance dans la Drôme (AERD), en lien avec l'Association pour des Études sur la Résistance intérieure (AERI) au niveau national. 

Maîtrise d’ouvrage : Carré multimédia. 

Gestion de projet AERI : Laurence Thibault (directrice) – Laure Bougon (chef de projet) assistée d’Aurélie Pol et de Fabrice Bourrée. 

Groupe de travail : Pierre Balliot, Alain Coustaury, Albert Fié, Jean Sauvageon, Robert Serre, Claude Seyve, Michel Seyve. Patrick Martin et Gilles Vergnon interviennent sur des notices spécifiques. 

Sont associés à ce travail tous ceux qui ont participé à la réalisation du Dvd-rom La Résistance dans la Drôme, et qui par la même, ont contribué à une meilleure connaissance de la Résistance dans le département. 

Groupe pédagogique : Patrick Dorme (CDDP Drôme), Lionel FERRIERE (enseignant Histoire en collège et correspondant du musée de Romans), Michel MAZET (enseignant en lycée et correspondant des archives départementales). 

Cartographie : Christophe Clavel et Alain Coustaury.

Le nombre et l’atrocité des massacres s’intensifient dans les derniers mois précédant la retraite allemande, frappant aveuglément civils autant que résistants, femmes, enfants et vieillards autant qu’hommes adultes. Souvent mis au compte de SS dans les récits, ils ont pourtant été généralement perpétrés par des hommes de la Wehrmacht, de la Gestapo, du SIPO-SD, quand ce n’était pas par des « Français » de la Milice. L’horrible sauvagerie des exécutions, qui jusqu’alors se rencontrait sur le front de l’est et dans les Balkans, se pratique maintenant en France.

Auteur : Robert Serre
 

Massacre à Valréas (Vaucluse) le 12 juin 1944



  • Médias liés
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Monument aux morts de Taulignan

Interview de Joseph Coutton sur le massacre de Valréas

Il y a moins d’une semaine que les Alliés ont débarqué en Normandie. Le 8 juin au matin, les résistants de l’AS (Armée secrète) et des FTPF (Francs-Tireurs et partisans français) pénètrent dans la cité de Valréas et en occupent les lieux stratégiques. Les Allemands, bien renseignés par un traitre infiltré, ne peuvent tolérer cet « abcès de fixation ».

Le 10, deux de leurs avions mitraillent plusieurs positions. La menace d’un assaut allemand sur la ville conduit nombre de Résistants, conscient de leur faiblesse (ils ne disposent que de moins de 200 hommes, 6 fusils-mitrailleurs et des armes individuelles) envisagent un repli. Mais un responsable influent s’y oppose.
L'attaque allemande, avec 1 200 militaires motorisés, précédés de chars, a lieu le 12 juin sur plusieurs directions visant à isoler Valréas de la montagne de la Lance. Elle se traduira par plusieurs accrochages sanglants à Valréas et ses environs :
* Dans une voiture conduite par Auguste Lambert, résistant de Montélimar, le capitaine "Alain" roulait sur la route de Dieulefit à Valréas, accompagné de deux résistants et de Yvonne Rousset, née Demangel épicière de Dieulefit dont le mari est au maquis et qui allait au ravitaillement. Au Pont-au-Jas, sur la commune de La Roche-Saint-Secret, ils tombent dans une embuscade allemande : le chauffeur Lambert est tué, ainsi que madame Rousset, "Alain" et un de ses compagnons, blessés, sont hospitalisés à Die et opérés
* des groupes FTP sont en position autour de Taulignan. Le groupe Guion est posté au niveau de "la petite tranchée" sur la route de Salles-sous-Bois. Vers 8 h, un convoi allemand arrive et des tirs sont échangés. René Ribière est tué. Les maquisards se retirent.

À Taulignan, le maquis a occupé la commune. Une cinquantaine de soldats allemands cantonnés à Montélimar y arrivent par camion. L’assaut de Taulignan a tout de l’expédition punitive : sept personnes sont fusillées par les Allemands alors qu’elles ne participaient nullement à un combat : Kléber Boudin, gendarme de la brigade de Taulignan fusillé au quartier de la Gare, Jules Vache, 42 ans, cultivateur, résistant de Taulignan, tué alors qu’il essayait de récupérer son troupeau dispersé, madame Aglaé Chaix, 70 ans, cultivatrice, abattue près de sa maison. Jean (-Marie) Fritz, garçon de 14 ans, né à Madagascar, habitant à La Seyne (Var), réfugié à Taulignan, abattu dans un arbre alors que, selon des sources divergentes, « il ramassait des feuilles de mûrier pour nourrir les vers à soie de l'école » ou essayait de se dissimuler, Fernand Théolas, né à Saint-Paul-Trois-Châteaux, 46 ans, contremaître aux cartonnages, résistant de Taulignan, pris avec une arme sur lui et fusillé devant la bascule. À l'entrée de Taulignan, vers 11 h, Pierre Darlix, cafetier restaurateur à Taulignan, qui ramenait de Valréas cinq résistants en renfort dans une voiture se fait massacrer avec Martial Deyres, 20 ans, originaire du Teil (Ardèche), Aimé Jacquerod 20 ans, né à Nîmes, militant dans les mouvements de jeunes catholiques, Henri Paschke, 18 ans, originaire de Cannes (Alpes-Maritimes), François Albert Rein, 19 ans, né à Besançon (Doubs) où il résidait avant la guerre, étudiant juif réfugié à Valence, et René Soubeyrand, 20 ans, originaire du Vaucluse.
D’autres habitants de Taulignan sont faits prisonniers ; internés à la prison de Montluc à Lyon, ils seront fusillés la semaine suivante. Le 16, le cantonnier de Taulignan, Félix Veyrier, 44 ans, est fusillé à Saint-Didier-de-Formans (Ain), laissant deux enfants orphelins, leur mère étant décédée 5 ans auparavant. Le 17, cinq hommes capturés à la tranchée de Valréas à Taulignan, emmenés à la prison Montluc, sont fusillés à la Roche, commune de Saint-Laurent-de-Mure (Isère, maintenant Rhône) : Carmelo Garcia, réfugié espagnol de 41 ans, habitant Taulignan, engagé dans les FTPF ; les frères Gelly, raflés dans leur champ, Joseph, 16 ans, né à Saou, et Pierre, 18 ans, né à Cléon-d’Andran, (les Allemands auraient trouvé sur eux des horaires de tour de garde) ; Cléon-d’Andran, né à Taulignan, 45 ans, ouvrier agricole chez les Gras, avec qui il avait déjà été pris le 9 février, torturé et emprisonné deux mois, de nouveau capturé à Taulignan ; Célestin Reynier, 55 ans, distillateur à Grignan. Ces exécutions ont été retenues dans les chefs d'accusation du procès Barbie.

Les FTP de Suze-la-Rousse ayant appris que les Allemands se préparaient à attaquer Valréas avec leurs blindés envoient Arnaud Achiary prévenir les résistants de cette ville. Achiary part à moto de Suze-la-Rousse. Au passage, il prévient Bouchet qui tient un barrage sur la route de La Baume-de-Transit. Vers 10 h 30, Achiary parvient à joindre le lieutenant "Georges" Rigaud et son adjoint Oudot à Taulignan. Georges décide le repli, mais ses ordres ne parviendront pas aux trois groupes FTPF qui tenaient la route de Baume, d'Orange, de Grillon, et au groupe AS commandé par Allouard en position au quartier Montmartel. Un agent de la Gestapo infiltré dans les rangs de la Résistance valréassienne, Roger Ferrand, est-il pour quelque chose dans ce ratage ?

 À Valréas à midi, la sirène donne l'ordre de repli aux maquisards face à l'arrivée allemande. Les postes, connaissant la signification de l'appel, décrochent. Par contre, le barrage de la route de Baume ignore ce signal et continue sa faction. A 12 h 45, les Allemands attaquent ce barrage, Roger Carrière est touché à mort alors qu’il protégeait le flanc droit du groupe. Cinq maquisards, Émile Bouchet, Joseph Coutton, Auguste Mary, Gratien Soureillat, Alfred Buey, se repliant de la route de La Baume-de-Transit, sont pris et emmenés à Valréas. Dans les autres groupes, six hommes sont tués dans des circonstances analogues : René Discours-Bordet, Léopold Fabre, Gabriel Jardin, Ulysse Jardin, Cyrielle Laget et Julien Sallard.
L'unité de sécurité de la Luftwaffe de Valence, la 8e compagnie de la Division Brandenbourg de Pont-Saint-Esprit et le groupe de protection 210 avec le Groupe d'attaque Unger 126 de la 9e division blindée de la Wehrmacht investissent la ville. Les Allemands tirent de tous côtés dans les rues, sur les portes et les fenêtres. Ils pillent les maisons, volent bijoux, économies, vélos, provisions, mettent le feu en plusieurs endroits et, après une journée de carnage, réussissent à prendre la ville.
Un officier allemand ordonne au maire Jules Niel de faire rassembler les habitants sur la place de la Mairie.
Un officier sur le kiosque harangue la foule cernée par la troupe et menacée par les chars et armes lourdes braqués sur elle, ses phrases sont traduites en français par un interprète en uniforme allemand qui a l'accent parisien. Puis les Allemands rassemblent les 27 maquisards capturés en combat, y adjoignent 25 habitants de Valréas pris au hasard et les alignent devant un mur, mains jointes sur la tête, au rond-point du Portalon. Le maire essaie d’intervenir, il n’en sauvera que deux. Puis le peloton d’exécution commence une lente fusillade, par petits séries, entrecoupées de pauses pour aller boire à l’hôtel voisin. Et le coup de grâce à chacun d’eux. Face au peloton, des hommes hurlent un nom chéri, chantent La Marseillaise ou l’Internationale.
Une cinquantaine de corps gisent devant le mur, que l’officier allemand, après les avoir soigneusement comptés, ordonne de laisser à la vue de tous, sans les toucher jusqu’au lendemain. Malgré cet ordre, durant la nuit, des sapeurs-pompiers, des infirmières de la Croix-Rouge et des habitants volontaires examinent l’amoncellement de corps et y découvrent cinq hommes qui ne sont pas morts. Ils les transportent à l’hôpital et les remplacent par des morts des fusillades précédentes dans la campagne. L’un des rescapés de la tuerie, Alfred Buey, imprimeur à Valréas, 30 ans, meurt au cours de la nuit de ses blessures. Mais les quatre autres survivront. Ce sont Émile Bouchet, maréchal-ferrant à La Motte-Chalancon. Arrêté le 23 août 1942 dans son village pour activités communistes, ayant, avec d’autres, chanté l’Internationale dans un banquet à Bruis (Hautes-Alpes). Condamné à 3 mois de prison et 3 000 francs d’amende, interné à Fort-Barraux, puis à Montluc pendant cinq mois. Libéré le 19 janvier 1943, il reprend ses activités résistantes, achemine et héberge des Juifs de Lyon, organise le camp de la Lance. Arrêté par les GMR (Gardes mobiles de réserve) le 1er juillet 1943, il s’évade au cours de son transport. Entre dans le groupe SAP (Section atterrissage et parachutage) de Valréas-Taulignan en septembre 1943, devient chef d’un groupe-franc du sud-Drôme, avec lequel il récupère 22 camions dissimulés par le CDM (Camouflage du matériel), détourne en gare de Pierrelatte un camion de sucre et deux camions de farine, transporte un officier blessé. Les autres sont Joseph Coutton, de Taulignan, qui hébergeait les jeunes rejoignant le camp de la Lance, Auguste Mary et Gratien Soureillat.
Au total, et suivant l’ordre impératif des autorités allemandes, les 53 cercueils d’habitants de Valréas sont transportés, le 15 juin à 6 h 30, sur des charrettes, seulement accompagnés par les familles, et la municipalité. Mais dans la journée, les tombes se sont couvertes de monceaux de fleurs.

Après avoir investi Valréas et Taulignan, les Allemands poussent vers Nyons, arrivent jusqu'à Novezan, hameau de Venterol et rebroussent chemin. Il semble que les nazis aient voulu semer la terreur en amenant sur ce secteur des forces importantes, pour obliger les FFI (Forces françaises de l'intérieur) à décrocher, puis en pillant, incendiant, violant, assassinant, pour insuffler la crainte d'un retour aussi sauvage si les FFI revenaient.

 Le journal de la 9e Panzer rend compte de l’opération en ces termes : « Pertes ennemies : 110 morts, pas de pertes chez nous. Prise : 41 MG, 1 sMG, 10 M.Pi, plusieurs carabines, des munitions, de la dynamite, quelques véhicules (inutilisables) ».


Auteurs : Robert Serre
Sources : Association cantonale des Familles de Fusillés, des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes de l’Enclave de Valréas, 12 juin 1944, 53 fusillés à Valréas, Récits et témoignages, 5e édition, 2001, 172 pages. AN, BCRA, 3AG2/478, 171Mi189 SHGN, Rapports R4, Cie Drôme. SHAT, bobine 173, page 152/1. ADD, 132 J 1, 132 J 25, 132 J 62, 97J 27, 97J 38, 97J 91, 1920 W. Réponse de Thomas, instituteur de Taulignan, au questionnaire du CH2GM, 10/04/1960 Musée de Montreuil, archives Duclos, rapport dactylographié N°A10166/D133, du 14/7/1944 Monuments aux morts et plaques commémoratives Valréas, Taulignan, St-Restitut, Montélimar Le Dauphiné Libéré, 8 juin 1993 Patrick Martin. Thèse Chaffel. Pour l'Amour de la France Drôme terre de liberté Combats pour le Vercors et pour la liberté. Ladet "Ils ont refusé de subir"- Pons. Dufour. La Picirella L.F Ducros (Tome 3) Terre d'Eygues n°13. En Avant F.F.I du 21/10/1944, récit de Bouchet et Dongois. site la seyne, perso.wanadoo.fr

Bordant la route d’Orange, ce « mur des fusillés » porte deux plaques très explicatives : « Ils étaient là, face à ce mur, à attendre leur mort » « victimes de la barbarie nazie ».

 Malgré les transformations de la rue et l’édification d’un bâtiment, le « mur des fusillés » a été conservé dans son état originel.



Titre : Massacre à Valréas (Vaucluse) le 12 juin 1944

Légende :

Moins connus que les exactions du Vercors, les massacres de Valréas (enclave du Vaucluse dans la Drôme) et d'Izon-la-Bruisse ont marqué le passage de la Wehrmacht dans cette région.

Genre : Image     Type : Monument

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © Collection Alain Coustaury - Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique couleur.


Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Vaucluse - Valréas