Données extraites du CD(DVD)-ROM : La Résistance en Haute-Garonne (2009)

Marcel TAILLANDIER



Alias "Ricardo ; Morhange ; X 1"

Etat-civil

Né(e) le/en 25 Mars 1911 à Condat-en-Combrailles (Puy-de-Dome)


Profession en 1940 : Militaire (adjudant)
Domicile en 1940 : Non renseigné

Résistance

Lieux d'action : Haute-Garonne
Organisation de Résistance : CDM - TR - Chef du réseau Ricardo puis du réseau Morhange

Commentaires

Militaire de carrière, Marcel Taillandier échoue à Toulouse après l'armistice : il est adjudant-chef radio affecté au 5e bureau de l'état-major. Il appartient aux services spéciaux de la Défense nationale et il rejoint rapidement le service du contre-espionnage des Travaux ruraux (TR) du capitaine Paillole. Il participe également au travail de camouflage du matériel (CDM), et il constitue autour de lui une première équipe formée d'anciens militaires, comme Maurice Colette, Paul Favre ou Yvon Peuziat. Mais cela ne suffit pas. Dès le mois de mai 1942 il est décrit comme voulant en " découdre avec les boches et leurs copains ". Du renseignement et du camouflage, il passe de plus en plus aux activités de contre-espionnage. L'arrivée des Allemands en novembre 1942 accélère son évolution.

Durant l'hiver 1942-1943 il prend comme couverture la direction d'un café toulousain, le Frascati, situé Allées Jean Jaurès. S'y retrouvent fréquemment des anciens du CDM, comme le commandant Pointurier, le capitaine Sandeau ou le lieutenant Lenotre. Taillandier est alors " Ricardo ", un pseudonyme que, selon son camarade Maurice Espitalier, il se serait " donné à lui-même d'après une réclame d'apéritif ". Un service de renseignement et de contre-espionnage est en cours d'organisation quand, en mai 1943, un officier français, le capitaine P., dénonce le groupe. Ce qui conduit la Gestapo au Frascati : l'équipe du CDM est décimée, le commandant Pointurier est fusillé, les autres membres sont déportés, Taillandier échappe de peu à l'arrestation. Obligé de devenir clandestin, il change rapidement de pseudonyme et devient " Morhange ", nom qu'il emprunte, selon son camarade Pierre Salètes " à l'Atlantide, de Pierre Benoît, un roman qu'il aimait beaucoup ". A 32 ans sa vie va changer de sens : elle s'identifie totalement avec les activités du réseau qu'il met en place entre juin et septembre 1943.

Il est en contact avec le chef Pommiès, mais aussi avec les services de la sécurité militaire du commandant Paillole à Alger. Celui-ci lui fixe pour mission de " paralyser l'ennemi et détruire la trahison. L'application de la mesure D (la peine de mort) devra être rigoureuse, mais respectera nos règles : la décision doit être prise (par l'antenne de) Barcelone, sauf cas d'urgence ou de légitime défense. Un compte rendu doit toujours être adressé à Alger ".

Taillandier (" Morhange ") recrute de nouveaux membres, en particulier dans la police, et dans les groupes-francs de Combat par l'intermédiaire du capitaine Pélissier. Renseignements et action sont menés de pair. Beaucoup d'opérations sont spectaculaires : infiltration de la police allemande et des mouvements de collaboration ; actions diverses de récupérations ; enlèvements, interrogatoires puis exécutions de traîtres et d'agents allemands... Taillandier est décrit par ses camarades comme " un homme modeste, sans bravades inutiles, sans éclat, payant toujours simplement, presque discrètement, de sa personne ; toujours à son poste de chef, il donnera d'une voix douce, presque féminine, les ordres les plus durs. Et il réussira, et les actions les plus dangereuses, celles où les coefficients de chance paraissent voisiner le zéro, seront menées à bien ". Et Maurice Espitalier d'ajouter : " il ne forçait jamais le ton, même quand il avait à donner l'ordre le plus grave. Il ne disait jamais : " Vous allez faire ceci ou cela ", mais : " Je voudrais que vous fassiez telle chose ", et admettait parfaitement qu'on ne soit pas d'accord. Il vous laissait tranquillement exposer vos raisons, vous écoutait soigneusement, réfléchissait, puis prenait sa décision. Dès lors, il fallait obéir ".

Après avoir échappé de multiples fois aux dangers qui le menaçaient, Marcel Taillandier est rattrapé par la malchance le 11 juillet 1944, peu de temps avant la Libération. Ce jour là, sa voiture est arrêtée à Saint-Martin du Touch, sur la route d'Auch, par des Feldgendarmes allemands. La Gestapo arrive. Des coups de feu sont échangés. Taillandier parvient à s'échapper, mais il est rattrapé et abattu alors qu'il s'est réfugié sur le toit d'une maison. Son compagnon Léo Hamard, capturé, est torturé : il meurt  dans les locaux toulousains de la Gestapo, sans avoir parlé, après huit jours de souffrances.

Il est fait compagnon de la Libération par décret du 20 janvier 1946.



Décorations et récompenses

  • Légion d’honneur
  • Croix de la Libération
  • Médaille militaire
  • Médaille de la Résistance française
  • Croix de guerre 1939-1945
  • Medal of freedom (USA)
Sources et bibliographie utilisées

Auteur : Michel Goubet



Sources complémentaires

  • Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 295710
  • Service historique de la Défense, Vincennes : GR 28 P 4 59 29
  • Ordre de la Libération : Biographie en ligne - (voir)
En savoir plus

Retrouvez la biographie détaillée de Marcel TAILLANDIER dans le CD(DVD)-ROM :