"Yonne 1940-1944 - aperçu géographique et mémoriel"
Le département de l’Yonne est le plus septentrional de la Bourgogne. Auxerre, son chef-lieu, est distant de 166 kilomètres de Paris et de 155 kilomètres de Dijon. Sens, la sous-préfecture du nord du département, est à 110 kilomètres de Paris et Avallon, celle du sud, à 220 kilomètres de la capitale. La population de l’Yonne a atteint son maximum en 1851, avec 381 133 habitants et, en 1936, en a perdu près de 110 000. La densité n’est plus alors que de 36 habitants au km2.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, c'est un département rural, agricole, boisé, peu industrialisé et faiblement urbanisé. Mais il est traversé par l'axe majeur du réseau de transport terrestre français : l'axe Paris-Lyon-Méditerranée (PLM). Sur la grande voie ferrée PLM, le trafic est intense et la gare de Laroche-Migennes est une escale technique à mi-chemin entre Paris et Dijon, avec un grand dépôt de machines, et une cité ouvrière et cheminote.
La proximité parisienne, la présence d'un réseau de transport, comme les vastes espaces boisés constituèrent autant de conditions favorables au développement de la Résistance. Toujours est-il qu'elle y fut importante, diversifiée, active et combative. Nombreux maquis mobiles suscitant accrochages puis combats, puissants réseaux de résistants sédentaires, intense répression de l'occupant expliquent sans doute que cette période est restée profondément ancrée dans la mémoire collective.
Cette mémoire a été fortement influencée, dans les années 1970 à 1990, par la mémoire communiste, pratiquement la seule à s’exprimer dans des ouvrages ayant rencontré un large public. Quand ils décidèrent d'écrire l'histoire de la Résistance, sans négliger les archives, les chercheurs durent apprendre à composer et parfois à s'opposer à cette mémoire.
Équipe de l'Yonne : Claude Delasselle, Bernard Dalle-Rive, Joël Drogland, Frédéric Gand et Thierry Roblin