Jan Marcinkowski

Genre : Image

Type : Portrait

Source : © Collection privée Marcjanna Marcinkowski-Couturier Droits réservés

Lieu : Ile-de-France - Paris - Paris

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Jan Nepomućne Marcinkowski, né le 11 mai 1892 en Pologne, arrive, en 1927, en France, pour un concours international de coiffure où il obtient le 1er prix. Comme la France l’a très bien reçu, il décide de rester à Paris et donne des cours à l’école de coiffure SLUA (Saint-Louis Union Académie) de la rue Cadet. Il y rencontre Marcelle Lucienne Breteaux, née le 15 mai 1909, 5ème d’une famille de 12 enfants qui est son élève. Marcelle Breteaux avait souhaité s’occuper des visages : pour y parvenir, elle travaille et intègre l’école d’esthétique et de coiffure, car elle avait été très marquée par les Gueules Cassées de la 1ère Guerre mondiale. Elle est formée à la réparation faciale par le professeur Antonin Gosset. Jan et Marcelle se marient en 1935. 

Pendant l’Occupation, Jan et Marcelle Marcinkowski souhaitent montrer qu’ils continuent de vivre normalement. Ils donnent tous les deux des cours dans l’Ecole qui se situe alors dans la salle de la Société savante, rue de Rennes : les cours sont gratuits et les enseignants obtiennent un ticket de métro, par cours, pour toute rémunération. Jan va tous les matins à l’église prier pour la France avec M. Vauclair, président des tailleurs… 

Au début de la guerre, Jan est contacté par le colonel Valentin. Il accepte d’entrer en Résistance à la condition que ses compagnons s’occupent de sa petite fille, Marcjanna, née entre temps, s’il lui arrive quelque chose. La promesse est faite et tenue jusqu’à leur disparition, après guerre. Jan et Marcelle Marcinkowski ont un salon de coiffure au 33 boulevard Montparnasse. Et Jan accepte de coiffer les femmes à condition qu’elles fassent des petits carrés de laine pour faire des couvertures envoyées aux prisonniers, dans lesquelles Marcelle glisse des petits mots. Le salon de coiffure devient un lieu de réunion et sert de boîte à lettres à Libération-Nord. Yvonne Tillaud-Houben vient apporter le courrier et en profite pour se faire « pomponner ». Dans le fond de la boutique, il y avait toujours un escabeau pour pouvoir sortir, derrière, par les toits, si nécessaire. Des réunions de Libération-Nord se tiennent aussi dans la salle de cours de l’Ecole de coiffure. Au retour, il faut remonter la rue de Rennes et passer devant le cinéma Arlequin où sont installés les occupants et donc attendre que le garde soit rentré dans l’immeuble. 

Un jour où M. Couret, comme souvent, apporte du courrier chez Mme Roserot de Mélin, les Allemands arrivent. M. Couret, comme « couverture », propose son quart de beurre. Un Allemand présent affirme alors : « Pendant que certains se font casser la gueule, d’autres en profitent pour vendre du beurre ». M. et Mme Marcinkowski sont prévenus. Un quart d’heure plus tard, quelqu’un vient et demande à déposer une valise. Marcelle lui répond : « On est chez les dames, ici. Allez mettre la valise, en face, à la consigne de la gare Montparnasse ». Ensuite, cet individu va voir la boulangère, Mme Ferlat, pour lui poser la même question. Bien que prévenue aussi, elle lui dit de poser sa valise dans un coin. Une demi-heure plus tard, elle est arrêtée. En sortant de l’école, Marcjanna et Jacqueline Ferlat voient la Gestapo dans la boulangerie et passent sans se faire remarquer. De retour chez elle, 6, avenue du Maine, à Paris 15ème, Marcjanna retrouve ses parents très pâles qui lui disent « Vas chez Cléopâtre ». Cléopâtre était Mme Bourdelle, la femme du sculpteur, qui habite dans le même immeuble, deux étages plus bas et garde parfois la fillette. 

Le 3 février 1943, toute la famille Marcinkowski participe au bal de la coiffure à l’hôtel Intercontinental, rue Scribe à Paris 9ème : au bout d’un moment, Marcelle dit à Marcjanna d’emmener les garçons (Stéphane et Stanislas, deux jeunes Polonais, prisonniers de guerre et évadés, aidés par Jan), regardés d’un peu trop près par les Allemands, à la maison. A la sortie de l’hôtel, c’est le couvre-feu, il fait froid et il y a beaucoup de neige ; Stéphane prend Marcjanna sur ses épaules. En passant le pont de la Concorde, Marcjanna leur explique qu’ils sont devant la Chambre des Députés et les deux jeunes se mettent à chanter la Marseillaise. Ce soir là, Marcjanna, très effrayée, a été très contente d’arriver chez elle. 

De temps en temps, Marcjanna était envoyée à la campagne, à Montry (Seine-et-Marne), par ses parents pour avoir une vie plus tranquille. En fait, ce n’était pas plus calme qu’’à Paris : à son arrivée, la grand-mère lui donnait un broc à apporter au cimetière, destiné à nourrir ses oncles qui étaient au maquis (maquis du Comte de Moustiers à la Ferme du Buisson). Jan, Marcelle et Marcjanna parviennent à passer la guerre sans encombre mais avec la peur au ventre permanente.


Source : Témoignage de Marcjanna Marcinkowski, le 26/09/2012.