Ile-de-France

La région Ile-de-France est le lieu de naissance du journal et du mouvement Libération-Nord. A ce titre, elle concentre de nombreux militants et cadres du mouvement aussi bien à Paris (et dans le département de la Seine), que dans les départements limitrophes de la Seine-et-Oise et de la Seine-et-Marne. A signaler, la grande osmose entre les groupes de Paris et de la banlieue.

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Biographie(s)

Paris haut ▲

Les premiers groupes de Libération-Nord s’implantent dans les Ve (André Angousset), VIIe (Henri Janvier, Albert Lelay et Marguerite Renard), et IXe arrondissements, ainsi que dans le XVIe (Delfieu, receveur principal) et le XVIIIe (Gaston Gévaudan), crées fin 1940-début 1941 par d'anciens militants socialistes. Les sections de banlieue sont rattachées entre 1941 et 1943. Là aussi les contacts avec les socialistes permettent de drainer nombre de soutiens. Henri Sellier à Suresnes, Pierre Jacob à Levallois-Perret, Emile Lalande à la Garenne-Colombes, Thil à Montrouge, Pierrey à Wissous, Cottinaud à Bagneux, Robert Belvaux au Perreux, Jean Merlane à Champigny-sur-Marne, André Ohlesser à Nogent-sur-Marne sont les artisans de la toute première présence de Libération-Nord dans la région parisienne. La diffusion de la presse clandestine, Libération, mais aussi Le Populaire, Socialisme et Liberté, Combat et Défense de la France constitue, dans un premier temps, l'activité centrale de ces sections. Dans le IXe arrondissement, les Francs-maçons sont les initiateurs du groupe, bientôt rejoints par des socialistes et des syndicalistes. L'activité menée prend également un tour spécifique, tournée vers la protection des Francs-maçons et des Juifs. Dès l'automne 1941, les premières arrestations déciment le groupe : Maurice Cordonnier, Lemaire, directeur de la Caisse d'Assurances sociales "Le Travail", René Boulanger, syndicaliste, sont arrêtés. En relation avec le centre de démobilisation de la rue de Liège, la section du IXe, sous la direction d'André Hardy, installe un service de faux papiers, fabriqués par l'imprimeur Félix Giroud. Hébergement d'aviateurs alliés, collecte de renseignements, stockage d'armes sont à l'actif du groupe. Hardy devient à la Libération, président du CLL puis maire du IXe arrondissement. Le groupe du Ve arrondissement, dont le journal de marche a été conservé, se montre particulièrement présent au moment de la Libération de Paris. Outre la diffusion de la presse clandestine, le groupe étend ses activités, à partir de 1942, aux fausses cartes d'identité et d'alimentation. En 1943, s'y ajoutent le stockage d'armes, le renseignement et la formation de groupes paramilitaires. Fin 1943-début 1944, sous la direction d'Henri Clavier, épaulé par Marcel Bourgeois puis Troude, des groupes paramilitaires sont constitués dans l'arrondissement, renforcés par l'arrivée de maquisards de la forêt de l'Isle-Adam sous la responsabilité d'Etienne Breuil. Le gendarme Simon, de Maisons-Alfort, se charge de l'instruction des troupes. Après la prise de la préfecture de Police par la Résistance, le groupe du Ve s'empare du poste téléphonique du 3, rue de la Montagne Sainte-Geneviève afin d'assurer les liaisons entre les groupes combattants de la capitale. Le dimanche 20 août 1944, il prend possession de l'immeuble du Matin qu'il occupe. De véritables affrontements avec les Allemands ont lieu, le même jour, au pont Saint-Michel et à la Bastille, ainsi que le lendemain, place Maubert et à l'angle du Boulevard Saint-Germain et de la rue Saint-Jacques. La participation des groupes de Libé-Nord aux combats de la Libération de Paris est également attestée dans les autres arrondissements. Dans la banlieue sud, les troupes du colonel Léoni, dit "Rivière", ancien officier d'active, nommé en 1944 chef des FFI de la région qu'il instruit, sont particulièrement actives avec près de 7 000 combattants venus de Libération-Nord mais aussi de l'OCM, du MLN, de Libération-Vengeance et des FTP. Dans la banlieue est, un ancien officier d'active, polytechnicien, le capitaine L'Hermitte dit "Bourgoin" est chargé par Belvaux de l'organisation militaire du secteur, tout en assumant le commandement FFI de la région. 

Source(s) :

Alya Aglan, « Le mouvement Libération-Nord en IDF », in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.

Seine-et-Marne haut ▲

Il est difficile de séparer nettement le réseau Cohors-Asturies du mouvement Libération-Nord. S'il est habituel de considérer Cohors comme une émanation de Libé-Nord, il se trouve qu'en Seine-et-Marne, au moins à Brie et à Montereau, le réseau suscité par Cavaillès naît en septembre 1941 et se trouve à l'origine de la constitution du mouvement. Plus tard, en juillet 1943, lorsqu'on décide du cloisonnement entre le réseau et le mouvement, Cohors devient autonome. Si cette séparation induisant un partage des tâches entre Cavaillès et Ribière est réalisée au sommet, les groupes locaux de Seine-et-Marne ont continué à oeuvrer en commun, les arrestations du mois suivant altérant néanmoins quelque peu cette situation. En septembre 1941, Suzanne Tony Robert choisit le renseignement, mais ses initiatives dépassent peu à peu cette option initiale jusqu'à la mise sur pied d'un groupe d'action. Ce dernier entreprend le sabotage des voies ferrées entre Brie et Grisy-Suisnes et de pylônes électriques. Les activités du réseau se diversifient, combinant le renseignement, la confection de faux papiers, la réception de parachutages et l'action armée avec notamment Bosquet, Juniaux et Tilliet. Dans sa démarche intempestive à Provins, Sergent se présente bien comme étant à Libé-Nord. Après les arrestations d'août 1943 (Cauvin, Congy...), Cohors est durement frappé mais seulement à Brie. Dans un rapport, Gosset (" Gérard " puis " Renaud ") présente un tableau catastrophique de la situation :" Nos groupes de Montereau, Melun, Brie-Comte-Robert sont anéantis " pour l'ensemble réseau-mouvement. Il faut en fait relativiser. Suzanne Tony Robert poursuit inlassablement son travail de recrutement et de renseignement. Si certains ont disparu - sept résistants sont déportés sous le sigle Cohors -, une quarantaine d'autres se maintiennent, versés plus tard dans les FFI, et participent aux combats de la Libération. On peut citer parmi eux Jacques Pavart ou " Popeye ", qui a servi Cohors en renseignant la RAF sur la chasse de nuit, ou encore Saquet, Collard... La même remarque vaut pour le groupe de Montereau, qui n'a pas connu les arrestations d'août 1943. Le docteur Delaigue, alias " Frédéric ", responsable avec Henri Ballot et le docteur Luthereau de Libé-Nord à Montereau, est a priori surtout soucieux de renseignement. Il dispose d'un poste émetteur. Le groupe possède néanmoins un terrain de parachutage à La Tombe et entrepose des armes au séminaire de la Brosse-Montceaux. Des liens sont noués avec les maquis de l'Yonne. Quant à Ballot, il rejoint l'un de ces maquis de l'Yonne pour participer à la libération de sa ville. Selon Maurice Esnault, suite à l'afflux de réfractaires, Gilbert Gaillardon " prend contact à Melun avec l'un de ses amis, Georges Moulin, résistant de toujours... ", pour la fourniture de fausses cartes d'identité. Au moment où Gaillardon et Piat ont perdu tout lien avec l'OCM et cherchent à renouer avec Marc O'Neill, ce dernier, qui vient de créer les Volontaires paysans et ouvriers (VPO), est également en pourparlers avec Grégoire, alias " Guiselain " ou " Godefroy ", responsable de Libération-Nord pour le Gâtinais. Les chefs de VPO participent à ces tractations ; on propose même à Piat une responsabilité départementale à Libé-Nord qu'il refuse. Il en a une pour Nemours et Gaillardon pour Lorrez-le-Bocage et Château-Landon. Le chef départemental, résidant à Melun, sera Georges Moulin. Cette affiliation à Libération-Nord des têtes de VPO explique la participation à l'opération Sussex de 1944. Selon Esnault toujours, c'est bien Libé-Nord, en la personne de Moulin, qui sollicite Gaillardon " pour la réception sur ses terrains de parachutage d'agents qui viendront d'Angleterre par couple, munis de postes émetteurs ". Alya Aglan a mis en évidence le rôle de Libé-Nord, citant le terrain de Souppes -en réalité Cercanceaux- qui n'est d'ailleurs pas le seul à avoir servi pour Sussex. Le 9 mai 1944 sont alors parachutés Louis et André. La réussite de l'opération incite Moulin à proposer au groupe la réception d'autres agents de Sussex. Ce sera le cas le 30 juillet et surtout le 5 août sur le terrain de la Croix-Blanche, chez Trembleau. A la Libération, Georges Moulin représente Libération-Nord au CDL. 

Source(s) :

Claude Cherrier, « Libération-Nord en Seine-et-Marne », in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.

Seine-et-Oise haut ▲

En août 1940, M. Aubert, contrôleur principal des contributions directes à Mantes, fait polycopier et diffuser dans ses services un tract intitulé « Conseils à l’occupé ». L’auteur de ce tract est Jean Texcier, qui fut l’un des fondateurs du mouvement Libération-Nord et l’un des animateurs du Comité d’Action Socialiste de Zone Nord. Les rapports de la police d’Etat de Seine-et-Oise ne mentionnent la distribution du journal Libération qu’à partir d’octobre 1943 : le 18 octobre à Versailles, le 11 novembre à Chaville, le 7 décembre à Poissy (n°186).

Cependant, plusieurs groupes affiliés à Libération-Nord se constituent dès 1941 dans diverses communes du département. Parmi les principaux groupes locaux, il faut mentionner ceux de Versailles, de Rambouillet, d'Etampes et d'Enghien. A Versailles, le groupe est dirigé par Marcel Lafitan. Ses activités sont essentiellement orientées vers le renseignement et les sabotages. Le groupe est démantelé en juin 1944 suite à l’arrestation de son chef. François Prompsaud commande le groupe de Rambouillet, dont l’aide aux aviateurs alliés est l’une des priorités. A Etampes, Louis Moreau et son groupe mènent une intense activité de renseignement. Le groupe d’Enghien est dirigé par le commandant Raphaël Larocque, qui devient par la suite responsable de l’organisation paramilitaire de Libération-Nord dans la partie centrale du nord de la Seine-et-Oise.