Ludwik "Louis" Gronowski

Légende :

Rédacteur en chef du quotidien Naïe Presse depuis 1934,  membre de la direction centrale de la MOI depuis 1938, Louis Gronowski devient en 1939 membre du triangle de direction de la MOI devenue clandestine. 

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Mémorial de la Shoah, Paris (France) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

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Contexte historique

Né à Radziejow en Pologne le 17 janvier 1904, Louis Gronowski est le fils d’un commerçant dont la mort l’oblige à interrompre ses études et à travailler d’abord comme instituteur puis à son tour comme commerçant. Il s’engage dans les jeunesses communistes en 1921, milite au sein du Comité de ville avec pour mission d’instruire les nouvelles recrues, mais est arrêté le 30 avril 1923 et condamné à une peine de prison qu’il purge jusqu’en novembre 1924 et sa sortie sous caution. Il tente une première fois d’émigrer mais est arrêté à Dantzig en Pologne et emprisonné une nouvelle fois. Confronté au chômage, il parvient à sortir de Pologne et arrive à Anvers (Belgique) le 6 mai 1929 où il travaille au chantier-naval Coqueril comme aide-monteur. Devenu "bolchevique", il milite à la Ligue de culture et devient secrétaire du groupe juif de Liège avant d’être expulsé par les autorités belges.

Il arrive en France en décembre 1929, travaille dans une coopérative et s’intègre à la Main d’œuvre étrangère organisée par le PC depuis 1926, qui devient la Main d’œuvre immigrée (MOI) en 1932. Il subit les difficultés économiques qui touchent les travailleurs peu qualifiés au moment de la crise, travaille brièvement à Courbevoie, se retrouve une nouvelle fois au chômage quelques mois plus tard, tout en continuant à militer au sein de la section nanterroise du parti communistes dont il devient le responsable. Il est aussi en charge du journal yiddish Vérité. Il devient également rédacteur en chef du journal Naïe Press fondé le 1er janvier 1934. Il est déjà un référent important au sein de la section juive, au point d’être envoyé en URSS l’année suivante pour être soigné d’une tuberculose. Revenue en France en 1936, il est l’un des initiateurs du Congrès mondial de la kultur yiddish. En 1938, il devient membre de la direction centrale de la MOI sous le pseudonyme de Louis. À ce poste, il organise l’accueil des républicains espagnols arrivés en France lors de la Retirada après leur défaite contre les troupes nationalistes de Franco en janvier 1939, ainsi qu’auparavant celui des réfugiés juifs venus d’Europe centrale et orientale, notamment d’Allemagne et d’Autriche, fuyant les persécutions antisémites. Quoique réticent, il ne rompt pas totalement avec la ligne du PCF après la signature du pacte germano-soviétique, par fidélité et confiance envers l’URSS.

Après la déclaration de guerre en septembre 1939, il participe à la formation de l’armée polonaise combattant en France mais est réformé pour des raisons de santé. Il conserve ses fonctions de cadre au sein au sein du triangle de direction de la MOI qu’il forme avec Jacques Kaminsky et Arthur London après passage du PC et de ses organisations affiliées dans la clandestinité à la suite du décret du gouvernement Daladier du 26 septembre 1939. Il est néanmoins interné au camp de St-Cyprien (Pyrénées-Orientales) dont il s’évade durant l’été 1940. Il assure toujours la direction de la MOI, s’engage dans l’activité de propagande comme en témoigne sa brochure intitulée L’antisémitisme, le racisme, la question juive publiée et diffusée à partir de novembre 1941. Il participe à l’édition de tracts et de brochures traduits en plusieurs langues tout en tant l’intermédiaire entre Jacques Duclos et l’organisation dite de l’Orchestre rouge.

Il organise les premiers comités clandestins réunissant les immigrés présents en France, établissant ainsi les bases de l’Organisation spéciale (OS). Il participe également à la mise en place de la branche armée de la MOI après la création des FTPF en janvier 1942. Il vit dans la clandestinité sous le pseudonyme de Brunot, dispose de faux-papiers et touche une indemnité de 1 500 à 2 100 francs. En janvier 1943, il organise la direction nationale des FTP-MOI pour les deux zones et en prend la direction. Il participe personnellement à plusieurs actes de sabotages et déraillements, notamment à Rueil-Malmaison, Argenteuil, Sannois, Vanves… Quoiqu’activement recherché par la police allemande, il échappe pendant quatre années à l’arrestation.

Homologué au grade de commandant FFI le 17 mai 1946, il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 30 septembre 1946. Le 11 mars 1947, c’est la médaille de la Résistance française qui lui est décernée.

Il retourne en Pologne en 1949 et est chargé de mission de propagande par le Comité central du parti communiste polonais. Il revient en France au moment de la campagne antisémite de 1968. Ses mémoires, intitulées Le dernier grand soir. Un juif de Pologne paraissent en 1980. Il meurt à Paris le 10 avril 1987.


Auteur : Guillaume Pollack

Sources et bibliographie :
Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds de liquidation FN-OS-FTP
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 271 745
Louis Gronowski-Brunot, Le dernier grand soir : Un Juif de Pologne, Le Seuil, 1980.
Stéphane Courtois et Denis Peschanski, Le Sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, Paris, 1989, 2e édition 1994.