Delfo Novi

Légende :

Delfo Novi, ouvrier agricole italien à Arles, engagé aux Mouvements Unis de la Résistance (MUR) d'Arles - sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : CRDA

Source : © Collection CRDA Droits réservés

Détails techniques :

Photographies analogiques en noir et blanc (voir recto-verso).

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Saint-Rémy-de-Provence

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Né le 15 octobre 1918 à Santa-Maria a Monte (Toscane, Italie), Delfo Novi est le fils de Rinaldo Novi et de Judita Montanelli, son épouse. En 1944, ouvrier agricole, il habite Arles (Bouches-du-Rhône), avec sa compagne enceinte, jusqu’au moment où, réfractaire au Service travail obligatoire (STO), il vient se cacher à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône), chez sa sœur et son beau-frère, Broggi, gérant du mas de Pilons. Bien qu’engagé aux Mouvements unis de Résistance (MUR) à Arles, Delfo Novi a peu de contact avec les responsables de ce mouvement à Saint-Rémy, pour lesquels il est quasiment inconnu.

Le 9 juin 1944 vers midi, alors que le quartier de la Galine est bouclé par les troupes allemandes, quatre légionnaires français de la compagnie Brandebourg, spécialisés dans l’infiltration des maquis, se présentent au mas de Pilons en se faisant passer pour des résistants en quête d’un abri et de nourriture. Ils participent même à un simulacre de combat avec des militaires allemands, qui, arrivés vers 16 heures, fouillent le mas (sans rien trouver) et font mine de fusiller tout le monde. Puis, une heure plus tard, les quatre hommes, emmenant Delfo Novi, se rendent à l’Amicale, coopérative boulangère du quartier de la Galine, puis poursuivent leur chasse aux résistants dans tout le quartier. Revenus à la coopérative dans la soirée, ils retiennent tous les nouveaux venus dans ces locaux et obligent la femme du boulanger Thiot à cuire un agneau qu’ils ont volé. Après l’arrivée tardive du gérant de la coopérative, Eugène Thiot*, à la nuit tombée, les légionnaires Brandebourg se dévoilent. Comme les autres résistants capturés, Delfo Novi est conduit, mains sur la tête, dans une gloriette proche et soumis sans doute, comme eux, à la torture. Au cours de la nuit, des soldats allemands arrivent avec un camion, sur lequel les Saint-Rémois sont chargés et à bord duquel se trouve déjà, probablement, un jeune Lyonnais, arrêté à Cavaillon. Eugène Thiot* y est hissé, mort ou mourant. Le véhicule prend la direction d’Orgon, s’arrête brièvement pour jeter le corps d’Eugène Thiot* dans un fossé et interrompt sa course à mi-chemin de Lamanon et Sénas. Là, entre la voie ferré Miramas-Cavaillon (Bouches-du-Rhône - Vaucluse) et le canal des Alpines, les résistants sont assassinés par coups de feu, de crosse et à l’arme blanche. Les corps des frères Roudier*, Louis et Marcel, sont retrouvés quelques jours après sur le territoire de la commune de Sénas, et les quatre autres dépouilles sur celui de la commune de Lamanon, quartier de la Baptistine. Le corps de Delfo Novi porte des traces de balles et de coups à l’arme blanche dans le dos.

Delfo Novi fut d’abord inhumé à Lamanon, puis, après des obsèques solennelles à Saint-Rémy, le 5 décembre 1944, dans le cimetière de cette ville. Reconnu grenadier (MUR-CFL), il obtint la mention « Mort pour la France ».

Son nom figure sur la plaque commémorative de la coopérative de la Galine et sur la stèle érigée entre Sénas et Lamanon, le long du canal des Alpines. Il est également gravé sur la plaque « Guerre de 1939-1945 » du monument aux morts de la place de la République, sur celle scellée au début de l’avenue de la Résistance au centre de Saint-Rémy (avec la mention erronée FTPF) et sur le monument aux morts de la Résistance du cimetière de cette ville. À noter que les nom et prénom sont quelquefois inversés dans les premiers dossiers administratifs et que le prénom est parfois écrit Delfi sur les plaques commémoratives.


Auteur : Robert Mencherini

 
Sources :

Dossier DAVCC, Caen, 21 P 124083 ;

Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 76 W 129, rapports de gendarmerie, 11, 12 et 16 juin 1944 ;

Archives départementales du Gard, 3U7, article 252, dossier Paolino Honoré ;

Casimir-Pierre Mathieu, La résistance à l’oppression, la première et deuxième guerre mondiale, La Résistance, Saint-Rémy, chez l’auteur, Cavaillon, Imprimerie Mistral, 1978, pp. 316 et sq. ;

Marcel Bonnet, « Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944 », Revue de l’Amicale laïque de Saint-Rémy-de-Provence, 1984, reproduit (avec des documents) in Marcel Bonnet, Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944, présenté par André Bonafos et pas Rémy Bonein (chef de groupe du quartier de la Galine 1940-1943, Eyrargues, Édition espace culturel Eyrarguais, 1991 ;

Véronique Sassetti, « Saint-Rémy-de-Provence pendant la Seconde Guerre mondiale », mémoire de maîtrise, dir. R. Mencherini, Université d’Avignon et des pays de Vaucluse, 1996, dactylographié, p. 95 ;

Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944), Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Paris, Syllepse, 2011, p. 599 ;

Robert Mencherini, notices de La Galine, lieu d’exécution, et biographies des victimes, Dictionnaire Maitron des Fusillés (et site Internet Maitron en ligne).