Louis Paul Roudier

Genre : Image

Source :

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Saint-Rémy-de-Provence

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Contexte historique

Louis Roudier, né le 3 mars 1921 à Arles (Bouches-du-Rhône), frère cadet de Marcel Roudier*, est le fils de Pierre Roudier et de son épouse Marie-Louise Bavol. La famille habite Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône) et les deux hommes, sous-officiers de réserve, passionnés d’aviation, fréquentent l’aérodrome de Romanin, sis dans le quartier de la Galine. Ils rejoignent la Résistance et le groupe des Mouvements Unis de la Résistance (MUR), dirigé par le gérant de la coopérative boulangère de la Galine, Eugène Thiot*.

Dans la soirée du 9 juin 1944, les frères Roudier tombent dans le piège tendu dans les locaux de la coopérative boulangère par les légionnaires français de la compagnie Brandebourg, spécialistes de l’infiltration des maquis, qui sillonnent le quartier de La Galine depuis des heures. Ils sont, comme leurs amis, brutalement interrogés. Marcel Roudier est traîné jusqu’au mas familial où des armes sont découvertes et amenées à la coopérative. Entre temps, des soldats allemands arrivent avec un camion, sur lequel les Saint-Rémois sont chargés. Eugène Thiot* y est hissé, mort ou mourant. Le véhicule prend la direction d’Orgon, s’arrête brièvement pour jeter le corps d’Eugène Thiot* dans un fossé et interrompt sa course à mi-chemin de Lamanon et Sénas. Là, entre la voie ferrée Miramas-Cavaillon (Bouches-du-Rhône - Vaucluse) et le canal des Alpines, les détenus sont assassinés par coups de feu, de crosse et à l’arme blanche. Les corps de Louis et Marcel Roudier sont retrouvés quelques jours après sur le territoire de la commune de Sénas, et les quatre autres dépouilles sur celui de la commune de Lamanon, quartier de la Baptistine.

Le corps de Louis Roudier, la tête tuméfiée, légèrement vêtu d’habits et chaussé de pantoufles de toile, ne fut pas immédiatement identifié. Il fut d’abord inhumé à Sénas, puis, après des obsèques solennelles à Saint-Rémy, le 5 décembre 1944, dans le cimetière de cette ville. Louis Roudier fut reconnu mitrailleur, chef de sizaine des MUR. Mais Casimir Pierre Mathieu, chef des MUR de Saint-Rémy, fait également état de son appartenance aux FTPF, tout en certifiant qu’il était placé directement sous ses ordres, ce qui est possible dans un groupe composite comme celui de la Galine. Louis Roudier fut homologué sergent à titre posthume et obtint la mention « Mort pour la France » et fut décoré de la Croix de guerre et de la Croix volontaire de la Résistance.

Son nom figure sur la plaque commémorative de la coopérative de la Galine et sur la stèle érigée entre Sénas et Lamanon, le long du canal des Alpines. Il est gravé sur la plaque « Guerre de 1939-1945 » du monument aux morts de la place de la République, sur celle FTPF scellée au début de l’avenue de la Résistance au centre de Saint-Rémy et sur le monument aux morts de la Résistance du cimetière de cette ville. Une rue de Saint-Rémy porte le nom de Louis et Marcel Roudier.

 

* Se référer aux biographies dans le bandeau des médias.


Auteur : Robert Mencherini

Sources :

Dossier DAVCC, Caen, 21 P 145559 ;

Archives départementales du Gard, 3U7, article 252, dossier Paolino Honoré ;

Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 76 W 129, rapports de gendarmerie, 11, 12 et 16 juin 1944 ;

Casimir-Pierre Mathieu, La résistance à l’oppression, la première et deuxième guerre mondiale, La Résistance, Saint-Rémy, chez l’auteur, Cavaillon, Imprimerie Mistral, 1978 ;

Marcel Bonnet, « Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944 », Revue de l’Amicale laïque de Saint-Rémy-de-Provence, 1984, reproduit (avec des documents) in Marcel Bonnet, Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944, présenté par André Bonafos et par Rémy Bonein (chef de groupe du quartier de la Galine 1940-1943), Eyrargues, Édition espace culturel Eyrarguais, 1991 ;

Véronique Sassetti, « Saint-Rémy-de-Provence pendant la Seconde Guerre mondiale », mémoire de maîtrise, dir. R. Mencherini, Université d’Avignon et des pays de Vaucluse, 1996, dactylographié ;

Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944), Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Paris, Syllepse, 2011 ;

Robert Mencherini, notices de La Galine, lieu d’exécution, et biographies des victimes, Dictionnaire Maitron des Fusillés (sur le site Internet du Maitron en ligne) ;

État-civil.