Plaque rappelant la reddition de la colonne Elster, Arçay (Cher)
Légende :
Plaque apposée sur la façade de l'école d'Arçay.
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Source : © Musée de la Résistance et de la Déportation de Bourges et du Cher Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : sans date
Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Cher - Arçay
Contexte historique
Suite au débarquement de Normandie du 6 juin 1944, puis à celui du 15 août 1944 en Provence, les troupes allemandes d'occupation du Sud-Ouest, composées d'unités hétéroclites (infanterie, artillerie, marine) reçoivent l'ordre de rallier, le 19 août, l'Allemagne pour participer à la prochaine bataille décisive qui se produira inévitablement quand les forces alliées atteindront les zones frontalières entre l'Allemagne et la France libérée. Les dernières troupes, près de 20 000 hommes, commandées par le général Elster, arrivent dans le Berry à partir du 5 septembre 1944. Elles sont harcelées par les maquis et l'aviation alliée, contraintes d'éviter les grands itinéraires, et, utilisant véhicules à moteur, bicyclettes, attelages tirés par des chevaux, ou obligées de se déplacer à pied, elles s'étalent sur des dizaines de kilomètres dans l'Indre et le Cher. La préoccupation principale du général Elster et de son état-major est alors de franchir la Loire pour se diriger vers la trouée de Belfort.
Le 7 septembre, le commandant Robin est de retour de Romorantin accompagné de deux délégués américains qui partent aussitôt sur la route Châteauroux-Levroux installer un poste de signalisation pour l'aviation. Les panneaux seront blancs ou rouges selon que les négociations avec Elster aboutiront ou non. Le 9 septembre, Husser et Mirault sont chargés de retourner auprès d'Elster, qui est maintenant installé avec son état-major à Châteauneuf-sur-Cher, dans le château, propriété du duc de Maillé. Comme il l'avait fait avec le comte d'Ornano, Elster laisse échapper des confidences au duc : "Je sais que maintenant je ne peux arriver en Allemagne, mais mes hommes ne le savent pas ; ils marchent depuis le 23 août, ils sont éreintés... Si j'avais une division blindée, j'essaierais de me frayer un passage... Personnellement, étant en voiture, j'aurais le temps de passer, mais je ne veux pas abandonner mes hommes. J'ai décidé d'abandonner la lutte, mais je ne veux me rendre qu'à des forces régulières, pas au maquis". Husser et Mirault arrivent dans l'après-midi, annoncent à Elster que ses conditions sont acceptées, dans leurs grandes lignes. Elster demande un moment aux deux officiers pour mettre son état-major au courant. Les conditions générales posées par les Américains sont admises par Elster, qui accepte d'en discuter dans le détail. Rendez-vous est pris pour le lendemain 10 septembre. Vers 18 heures, le colonel Bertrand a été averti par le colonel Chomel des clauses de la capitulation. Il est furieux. Chomel lui répond : "Vous savez bien que les Allemands ne se rendront ni à vous ni à moi, mais aux Américains. S'ils se rendent, c'est une affaire réglée."
Le 10 septembre, en milieu de matinée, le colonel Chomel, commandant de la brigade Charles Martel de retour de Limoges, les capitaines Hussert et Mirault, un lieutenant interprète de l'armée américaine et un major anglais se concertent avant de partir (sauf Chomel) à Châteauneuf-sur-Cher persuader Elster de venir signer sa reddition à la sous-préfecture d'Issoudun. Elster donne son accord à la version qu'on lui présente du protocole de reddition. A 14 heures, il accepte enfin de venir à Issoudun. A la même heure, le général américain Macon, accompagné de son adjoint le colonel French et du major Clutton représentant les Britanniques, arrivent à la sous-préfecture où ils sont rejoints par le colonel Chomel. Les officiers américains ne comprennent pas l'état d'esprit des combattants français et anglais du maquis. Le colonel Chomel dira plus tard : "Initialement, les Américains avaient l'air de m'oublier". A 16 heures, le document de reddition est signé par Elster et Macon, et seulement contresigné par Chomel.
Les représentants de la Résistance ont de quoi être frustrés par les clauses essentielles du protocole : "[...] Le commandement allié veillera à ce que les combattants irréguliers n'exécutent plus d'attaques et ne tendent plus d'embuscades contre le groupe de marche allemand. Le groupe de marche allemand (se portera) au nord, vers la Loire et atteindra celle-ci à Orléans, Beaugency et Mer. Pour l'exécution de ce mouvement, toutes les armes, tous les véhicules dont il dispose et son équipement au complet sont laissés à la disposition du groupe allemand.[...]". L'intransigeance d'Elster à garder son armement et son équipement au prétexte d'avoir à se défendre éventuellement contre les maquisards arrange bien les Américains. Pierre de Monneron, le sous-préfet d'Issoudun, essaie en vain d'obtenir que les Allemands déposent immédiatement les armes. Le colonel French s'oppose obstinément à sa demande, les Américains ne tenant pas à laisser un armement considérable entre les mains des "partisans". Vers 23 heures, les émissaires des vainqueurs de Decize et d'Autun arrivent dans le Cher ; ils apprennent qu'Elster a déjà signé la capitulation qu'ils venaient demander.
Le 13 septembre, selon le protocole signé à Arçay, les troupes d'Elster se mettent en marche ; elles quittent Sancoins et Saint-Amand-Montrond. En cours de route, elles font encore plusieurs victimes parmi les FFI chargés de surveiller leur évacuation : c'est ainsi que Pierre Maudry est tué à Saint-Michel-de-Volangis. Le 15 septembre 1944, la reddition définitive aux forces américaines est effectuée à Beaugency (Loiret).
Jean-Claude Bonnin in CD-ROM La Résistance dans le Cher, AERI, 2008