"Notes sur les journées qui ont précédé et suivi le 11 novembre 1944 - Mesures prises par le recteur Roussy"

Légende :

 

Type : Document

Source : © Archives nationales, F/60/1485 Droits réservés

Détails techniques :

Rapport dactylographié de 9 pages

Date document : Sans date [mi-novembre 1940]

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Ces 9 pages de notes dactylographiées, parfois complétées à la main, sont postérieures au jeudi 14 novembre 1940, dernière date mentionnée dans ce document issu de la série AJ 16 des Archives nationales rassemblant les archives du Rectorat de Paris, en l’occurrence -pour cet ensemble- couvrant la « guerre de 1939-1945 ». Neurologue, professeur à la Faculté de médecine, fondateur en 1934 de l’Institut du cancer (qui prendra son nom en 1950), Gustave Roussy a été nommé recteur sous le Front populaire, maintenu en juin 1940 (et réinstallé à ce poste à la Libération).

De ce long mémoire justificatif, il ressort que les autorités universitaires comme policières étaient au courant du projet de manifestation à l’Étoile au plus tard le 4 novembre. En revanche, elles ne semblent rien savoir sur les auteurs du projet, si ce n’est qu’il s’agit d’étudiants, ni sur leurs tendances politiques. On notera qu’il n’est pas fait mention de l’arrestation de Paul Langevin, ni du rassemblement de protestation le 8 novembre.

Le recteur assure avoir pris jour après jour toutes dispositions auprès des chefs d’établissements secondaires, des doyens de facultés, d’un responsable étudiant (François Lescure, cf. infra) pour éviter toute manifestation étudiante ou lycéenne dans les établissements, même pour participer au fleurissement des monuments aux morts à l’intérieur des établissements. La gestion de la rue étant l’affaire de la police, même si le recteur reçoit les Renseignements généraux ou va voir le Préfet de police de Paris.

Concernant les chefs d’établissement, alors qu’il est à Vichy pour voir le Maréchal Pétain et le secrétaire d’État Georges Ripert, il autorise l’inspecteur général Gustave Monod et le « secrétaire général de l’Université », Maurice Guyot, à réunir « les proviseurs et directrices de lycées parisiens » en Sorbonne, salle des commissions, le 4 novembre, à 17h, pour les inciter à « éviter (..) tout incident d’ordre politique ». De retour à Paris, le recteur, le lendemain, après une séance du Conseil de l’Université de Paris, garde les doyens des facultés parisiennes et le directeur de l’École normale supérieure (Carcopino depuis septembre) : « on parle du 11 novembre ». Le samedi 9 novembre, à 14h30, nouvelle réunion des directions des lycées parisiens, toujours salle des commissions.

Concernant le mouvement étudiant, à deux reprises, le mercredi 6 et le dimanche 10 novembre, le recteur reçoit « le jeune Lescure, étudiant en lettres, délégué de l’Union nationale des étudiants ».
« Le soir [du 11 novembre], on parle dans Paris de la manifestation de l’Étoile, aucun renseignement officiel. » C’est à 21h que le recteur est informé de la décision de fermer les facultés.

Le recteur Roussy est avec le secrétaire général de l’Académie de Paris le seul haut fonctionnaire relevé de ses fonctions au lendemain de la manifestation du 11 novembre (le 13 au matin, « par coup de téléphone »). Aucun responsable policier n’est sanctionné. Le préfet de police Langeron l’est deux mois plus tard, sans lien apparent avec la manifestation étudiante et lycéenne.


Jean-Philippe Legois et Alain Monchablon

Pour en savoir plus :
Notice ROUSSY Gustave par Alain Dalançon, version mise en ligne le 15 mars 2015, dernière modification le 30 décembre 2018.