Sophie Schwartz (Zysla Chajmowicz)

Légende :

Sophie Schwartz accompagnée d'une jeune fille, Larissa Wuzek, qu'elle réussit à cacher pendant la guerre.

Militante communiste très engagée dans les activités d’entraide à l’égard des femmes, Sophie Schwartz fut l’une des deux femmes ayant participé en septembre 1940 à la fondation du mouvement  "Solidarité". Membre de la direction juive de la MOI en zone nord à partir de 1942, elle joue un rôle de premier plan dans la mobilisation des femmes contre l’occupant et le régime de Vichy et pour le sauvetage des enfants.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Mémorial de la Shoah / Coll. Larissa Gruszow Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : FranceParis

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Contexte historique

Militante communiste très engagée dans les activités d’entraide à l’égard des femmes, Sophie Schwartz fut l’une des deux femmes ayant participé en septembre 1940 à la fondation du mouvement  "Solidarité". Membre de la direction juive de la MOI en zone nord à partir de 1942, elle joue un rôle de premier plan dans la mobilisation des femmes contre l’occupant et le régime de Vichy et pour le sauvetage des enfants.

Né à Lodz en Pologne en 1905, Sophie Schwartz adhère dans sa jeunesse au parti socialiste juif, le Bund, avant de rejoindre les Jeunesses communistes. Arrêtée une première fois en 1924 pour ses activités communistes, elle juge plus prudent de quitter son pays d’origine. Elle séjourne aux Pays-Bas puis en Belgique, où elle rencontre son futur mari Leizer Micnik (Goldman) originaire de Roumanie. En 1930, Sophie Schwartz et Leizer Micnik arrivent à Paris. Le couple connaît une existence difficile liée à son statut de travailleurs immigrés et multiplie les engagements militants au sein de structures liées au PC. Leizer s’engage à la CGT et devient l’un des responsables de la section juive de la MOI. En 1935, Sophie Schwartz est l’une des fondatrices du Mouvement des femmes juives contre le fascisme et la guerre, dont l’une des missions consiste lors de la Guerre d’Espagne à apporter une aide aux épouses de ceux qui combattent au sein des Brigades internationales. Prenant conscience de la très grande difficulté dans laquelle se trouvent les femmes qui élèvent seules leurs enfants, elle fonde également avec Hélène Provocher un pensionnat pour enfants de trois à six ans. Ce pensionnat ferme au début de la guerre. Sophie Schwartz développe dans le contexte de la "drôle de guerre" de nouvelles activités d’entraide à l’égard des femmes au sein de l’organisation "Les femmes réunies" qui apportait une aide aux femmes juives dont les maris étaient mobilisés.

Au titre de son rôle joué au sein du mouvement des femmes juives avant la guerre, Sophie Schwartz est invitée à participer par la direction de la MOI à la création de "Solidarité" qui doit permettre de reconstruire dans la clandestinité les différentes associations d’entraide qui étaient liées à la section juive. Elle est avec Teschka Tenenbaum la seule femme du comité directeur qui se réunit la première fois au domicile de Rex Puterflam en septembre 1940. Sophie Schwartz est plus particulièrement chargée au sein du mouvement du "groupe technique" qui doit réaliser avec une vingtaine de machines rudimentaires l’impression du journal Unzer Wort et de tracts en yiddish et en français. Elle anime également l’Union des femmes juives qui se reconstitue dans la clandestinité pour organiser des collectes afin d’aider celles qui se trouvent privées de leur mari, arrêté ou prisonnier. Son époux Leizer Micnik est arrêté lors de la rafle organisée par les Allemands le 21 août 1941 dans la communauté de juifs étrangers habitant le XIe arrondissement. Après avoir été interné à Drancy, il est déporté à Auschwitz en août 1942, où il est gazé à son arrivée.

En 1942 Sophie Schwartz intègre le comité directeur de la MOI en zone nord. Elle a pour mission de mobiliser les femmes dans le cadre d’actions destinées à dénoncer les persécutions dont sont victimes les juifs en France. Sophie Schwartz organise notamment des manifestations de femmes devant les locaux de l’UGIF ou devant certaines administrations pour demander la libération des enfants, des femmes et des malades qui ont été arrêtés. A partir de la rafle du Vel d’Hiv, elle s’occupe surtout de prendre en charge les enfants qui ont pu être cachés pour échapper aux arrestations afin de les envoyer à la campagne dans des milieux non juifs. Repérée du fait de ses responsabilités au sein de la MOI par les Brigades spéciales (elle figure dans les rapports de police sous le nom de Bécassine), Sophie Schwartz doit quitter Paris et se réfugier en octobre 1943 à Lyon où elle intègre la direction des mouvements juifs de la zone sud qui ont fusionné au sein de l’UJRE. Elle multiplie les liaisons avec les différents comités et groupes de combats disséminés dans la région lyonnaise et continue de participer aux différentes activités de sauvetage des enfants. Elle est à la fin de l’Occupation promue lieutenant au sein des FTP-MOI du fait de ses responsabilités dans l’organisation.

A la fin de la guerre, Sophie Schwartz poursuit à Lyon ses activités d’entraide au sein de l’UJRE, dont elle est l’une des responsables à Lyon. En 1946 elle quitte Lyon pour prendre la direction du CCE (Comité de l’Enfance) à Paris, jusqu’en 1950. Elle choisit ensuite de retourner en Pologne, où elle vivra 18 ans avant de revenir en France en 1968 alors que la guerre des Six Jours a provoqué un regain d’antisémitisme en Pologne. Sophie Schwartz est décédée à Boulogne-Billancourt en 1999.


Auteur : Fabrice Grenard

Sources et bibliographie
Association des amis de la Commission centrale de l’enfance (AACCE), Les Juifs ont résisté en France, 1940-1945, « Sophie Schwartz : résistante de l’UJRE et dirigeante de l’Union des Femmes juives clandestines » (texte de Tolek Skrobek).
René Goldman, Une femme juive dans les tourmentes du siècle passé, Sophie Schwartz –Micnik (1905-1999), AGP, 2006.