Léon ou Leoch Gaist

Légende :

Juif d’origine polonaise, Léon Gaist est l’un des premiers membres des FTP-MOI à Grenoble. Il est abattu lors d’une opération de sabotage en 1943.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance et de la Déportation en Isère Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère - Grenoble

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Contexte historique

Né en 1924 en Pologne, Léon Gaist, est issu d’une famille juive assimilé dont le père est avocat. Licencié en droit, Léon Gaist travaille dans le service juridique d’une compagnie pétrolière en Pologne. Léon Gaist et Jean Halpern se lient d’amitié lors d’un mouvement de grève en 1938 qui touche les employés du secteur pétrolier.

Léon Gaist et sa sœur accueillent à Paris Jean et Camille Halpern à l’été 1939, quelques semaines avant la déclaration de guerre. En septembre 1939, il leur est impossible de rentrer en Pologne. Après être partis à Clermont-Ferrand, Léon Gaist se fait embaucher à Paris avec Jean Halpern à l’usine Citroën jusqu’en mars 1940. Mobilisés comme tous les Polonais résidant sur le sol français en âge de combattre, ils sont regroupés au camp militaire de Coëtquidan (Morbihan). Léon Gaist est démobilisé le 18 juin 1940 et rentre à Paris.

En 1941, il rejoint le couple Halpern dans la ville de Montpellier en zone Sud où il s’installe. Il s’inscrit en droit à l’université. Il rencontre un grand nombre de réfugiés et participe aux réunions d’un groupe de jeunes juifs polonais qui se constitue au fil des semaines et auxquels viennent s’adjoindre des jeunes d’autres nationalités. Il y côtoie entre autre Wiktor Bardach, Irène Mendelson, Judith Haithin, Jean et Camille Halpern. Sous la houlette de son secrétaire général, Sigmund Rojzman, un ancien des Brigades internationales, et de Pierre Grinberg, le groupe mène un travail de formation politique interne, mais aussi un travail de solidarité en fabriquant des faux papiers ou de fausses cartes d’alimentation pour venir en aide notamment aux anciens des Brigades internationales, et enfin un travail de propagande. Les membres de ce groupe vont progressivement adhérer à l’idéologie communiste, s’ils n’étaient pas déjà sympathisants, et certains vont militer dans la sous-section juive de la MOI.

Au milieu de l’année 1942 alors que les FTP-MOI se constituent, Léon Gaist et Wiktor Bardach sont contactés pour passer à l’action militaire. Ils font de nombreux voyages à Toulouse où ils entrent sans doute en contact avec Mendel Langer qui constitue la 35e Brigade FTP-MOI. En novembre 1942, Léon Gaist quitte Montpellier pour s’installer à Grenoble, ville à l’époque encore sous occupation italienne. Dès les premiers mois de 1943, Léon Gaist est intégré au FTP-MOI de Grenoble et devient responsable d’une organisation militaire juive le futur bataillon Liberté sous le pseudonyme de Marcel. Les témoignages de Nathan Saks ou d’Irène Mendelson convergent pour louer l’autorité et la fermeté du combattant Gaist. « Son ardeur juvénile alliée à une fermeté et un esprit sérieux me fit une forte impression. Il me parla de ses projets audacieux et me dit : "Nous les anéantirons dans le feu". Quand je lui demandais "Qui, nous ?" il commença à compter sur les doigts et en souriant s’arrêta, sur le nombre quatre » (témoignage de Nathan Saks alias Raymond qui lui succédé à sa mort, paru dans le livre de Jacques Ravine). Ce groupe prépare la lutte armée en rassemblant des armes. Il accomplit une première action le 1er mai 1943 en sabotant la voie ferrée Grenoble-Chambéry. Le 7 juillet 1943, Léon Gaist dirige un groupe de trois hommes pour saboter la biscuiterie Brun à Saint-Martin d’Hères (Isère) dont la propriétaire est une amie personnelle de Pétain et qui fournit l’armée allemande en biscuits et gâteaux. À une heure du matin, un gardien les surprend dans l’usine. Léon Gaist se présente comme membre de la Résistance, mais le gardien tire et le tue.

Léon Gaist est enterré sous la fausse identité de Paul, Léon Gaubert, étudiant français inscrit en chimie à la faculté de Montpellier. « Ça a été un choc terrible pour nous tous qui le connaissions personnellement et je dois dire qu’à l’époque, quand j’ai appris sa mort, j’ai eu le sentiment d’un énorme gâchis. Est-ce que le sabotage d’une usine de biscuits, même si elle travaillait pour les Allemands, valait la vie de Leoch, un garçon de sa trempe, avec tout ce qu’il aurait pu faire d’important ? » (Interview d’Irène Mendelson réalisée en avril 1992 par Claude Collin). Léon Gaist est enterré au cimetière du village à Saint-Martin-d’Hères. Son nom et son pseudonyme figurent sur la tombe. Son nom figure sur une plaque commémorative à l’entrée du square du site Brun à Saint-Martin d’Hères et une rue de la commune porte son nom (rue Léon Geist).


Auteur : Hélène Staes

Sources et bibliographie
- Service historique de la Défense, Vincennes, dossier individuel de Léon Gaist, GR 16 P 239305.
- Service historique de la Défense, DAVCC, Caen 21 P 190459.
- Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds Carmagnole-Liberté, carton 1.
- Jacques Ravine, La Résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Paris, Julliard, 1973.
- Claude Collin, Jeune combat, les jeunes juifs de la MOI dans la Résistance, Grenoble, PUG, 1998.
- Claude Collin, "Montpellier – Grenoble 1942. Éléments pour une histoire des organisations communistes juives en zone Sud" (texte non publié).
- Notice du Maitron GAIST ou GEIST par Jean-Pierre Besse.