Les FTP-MOI juifs de zone Sud

Les premiers détachements armés qui se réclament des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans – Main d’Œuvre Immigrée) se forment à partir de juin 1942 en région parisienne. Dans les semaines qui suivent d’autres unités FTP-MOI commencent à s’organiser, notamment en zone Sud. Si le premier embryon de ce qui sera le détachement Carmagnole apparaît à Lyon au printemps 1942, ses activités commencent réellement à l’automne 1942 après que les Allemands ont envahi la zone Sud. Même constat à Marseille qui voit naître le détachement Marat au printemps 1942 sous la direction de Basil Serban mais dont les actions commencent également à l'automne 1942. A Toulouse, Marcel Langer, communiste polonais issu d’une famille juive, met sur pied la 35e Brigade FTP-MOI. Il la commande d’octobre 1942 jusqu’à son arrestation le 5 février 1943, date à laquelle Jan Gerhard lui succède. Enfin, c’est au printemps 1943 que le bataillon Liberté apparaît à Grenoble. Composée essentiellement de jeunes juifs communistes souvent d’origine étrangère, cette unité FTP-MOI multiplie ses actions après l’occupation des régions alpines par les troupes allemandes en septembre 1943. 

Auteur(s): Fabrice Bourrée

Plan de l'expo

Crédits

Partenaires

Bibliographie

La 35ème brigade FTP-MOI Marcel Langer (Toulouse) haut ▲

Les premiers détachements armés qui se réclament des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans – Main d’Œuvre Immigrée) se forment à partir de juin 1942 en région parisienne. Dans les semaines qui suivent d’autres unités FTP-MOI commencent à s’organiser à Bordeaux (Zone Occupée), à Grenoble, Lyon, Marseille, Toulouse (toutes quatre en Zone Libre). Les FTP-MOI accueillent essentiellement des étrangers, contrairement aux FTPF (Francs-Tireurs et Partisans Français) constitués à compter de mars 1942.
A Toulouse, Marcel Langer, Polonais communiste issu d’une famille juive, ancien combattant des Brigades Internationales en Espagne, met sur pied la 35e Brigade FTP-MOI. Il la commande d’octobre 1942 jusqu’à son arrestation le 5 février 1943. Condamné à mort par un tribunal d'exception français, la section spéciale près de la cour d'appel de Toulouse, Marcel Langer est guillotiné le 23 juillet 1943, dans la prison toulousaine Saint-Michel. Ses camarades décident alors d’accoler son nom à celui de la brigade. Depuis 2007, une station du métro de Toulouse s’appelle Saint-Michel-Marcel-Langer.
L’activité de la brigade va croissant jusqu’au printemps 1944. En milieu urbain (Toulouse, Agen, Montauban), elle réalise de nombreux attentats contre des installations utiles à l’ennemi, contre des militaires hitlériens et des collaborateurs. Elle agit aussi en milieu rural (notamment en Lot-et-Garonne et Tarn-et-Garonne) afin de priver l’ennemi de ressources agricoles. En avril 1944, la brigade subit une nouvelle vague de répression, en Haute-Garonne, Lot-et-Garonne et Tarn. Néanmoins, un groupe d’une vingtaine de ses membres italiens participe à la bataille de Castelnau-sur-l’Auvignon, dans le Gers, le 21 juin 1944. Le dernier chef de la 35e Brigade, le Polonais Zeef Gottesman, est mortellement blessé le 19 août 1944 lors des combats de la libération de Toulouse.

Auteur(s) : André Magne

Le Bataillon Carmagnole (Lyon) haut ▲

La naissance des FTP-MOI, comme celle de toutes les organisations de Résistance, est lente et progressive. Les premiers groupes sont très réduits, les combattants peu nombreux. Si l’on peut dater du milieu de l'année 1941 les premières rencontres d’où naîtront les FTP-MOI parisiens, il faut attendre l’été 1942, pour qu’apparaisse le premier embryon de ce qui sera le détachement Carmagnole à Lyon. Cela n’a rien d’étonnant, Paris est en zone occupée alors que Lyon est en zone Sud et ne constitue pas tout de suite un terrain de lutte militaire. Même si l’activité des FTP-MOI lyonnais commence dès le début de l’automne 1942, il est certain que les actions se multiplient à partir du 11 novembre 1942, date à laquelle les Allemands pénètrent en zone sud.
Qui retrouve-t-on dans ce premier regroupement qui comprend entre cinq et dix personnes ? Des militants communistes éprouvés dont certains ont fait la guerre d’Espagne dans les Brigades internationales ainsi que quelques membres des Jeunesses communistes. Tous sont des étrangers d’origine juive.
Le nombre des actions effectuées révèle l’intense activité de ces FTP-MOI : 240 actions pour Carmagnole de février 1943 au 23 août 1944. À cela, il faut ajouter la participation aux combats de la Libération à Lyon (insurrection de Villeurbanne) qui est loin d’être négligeable.

Auteur(s) : Claude Collin

Le Bataillon Liberté (Grenoble) haut ▲

Après l’invasion de la zone Sud par l’armée allemande le 11 novembre 1942 suite au débarquement allié en Afrique du Nord, les régions alpines et la Corse sont occupées par l’armée italienne alliée du Reich. De jeunes juifs s’installent alors à Grenoble, ville qu’ils considèrent comme plus sûre du fait de sa proximité avec la Suisse et d'une occupation italienne qui ne s'accompagne pas des mêmes persécutions contre les Juifs que dans les territoires occupés par des Allemands. C’est au printemps 1943 que le bataillon Liberté apparaît à Grenoble au sein des FTP. De jeunes juifs communistes souvent d’origine étrangère s’engagent dans la lutte armée et mènent des actions de sabotage pour nuire à l’effort de guerre ennemi. Mais en septembre 1943, l’armistice signé par le maréchal Badoglio avec les Alliés renverse la situation. Les troupes allemandes occupent les régions alpines. Les membres du bataillon Liberté multiplient alors leurs actions au péril de leur vie. Il existe une forte porosité entre le bataillon Liberté à Grenoble et la bataillon Carmagnole de Lyon, groupes francs des FTP-MOI qui ont les mêmes objectifs et les mêmes cadres.

Auteur(s) : Hélène Staes

Le détachement Marat (Marseille) haut ▲

L'invasion allemande fait affluer en mai-juin 1940 à Marseille de nombreux militants communistes, français ou étrangers fuyant l'avancée ennemie. Ils étoffent les rangs des organisations déjà présentes. Depuis l'interdiction du Parti communiste et de toutes ses activités en octobre 1939, les communistes sont habitués à travailler dans la clandestinité et sous la menace policière. Des réseaux de la Main d'oeuvre immigrée (MOI) se constituent, en particulier par affinité de langue comme la section juive yiddishophone. Jusqu'en 1942, les actions d'entraide et de lutte contre la propagande de Vichy dominent.
Au printemps 1942, en application de la décision du Parti communiste, la MOI de Marseille constitue le détachement Marat, du nom du révolutionnaire français. Il commence ses actions à l'automne 1942 et est dirigé par Basil Serban. Au printemps 1943, toutes les organisations juives communistes se retrouvent dans l'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide (UJRE). Nat Taich, Albert Lévine et Roger Godchot fondent le premier groupe de combat juif. Il n'y a pas de cloison étanche entre les FTP-MOI et l'UJRE. Les groupes de combat juifs ciblent des objectifs spécifiques et en tant que FTP-MOI participent aux actions militaires générales. Ils peuvent être au besoin épaulés par des FTP.
Le détachement Marat opère dans une région qui couvre les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes. Il réalise plus d'une centaine d'actions entre 1943 et 1944 et participe en première ligne à l'insurrection de Marseille à partir du 21 août 1944.

Auteur(s) : Sylvie Orsoni