Hélène Taich

Légende :

Passeport roumain de Bella Haïs (Hélène Taich), 1937

Genre : Image

Type : Passeport

Source : © Collection privée Clément Taich Droits réservés

Date document : sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Contexte historique

Bella Haïs naît le 15 septembre 1918 en Roumanie dans la province de Bessarabie. Elle milite aux Ecoliers rouges, une organisation de lycéens communistes. A quinze ans elle est arrêtée, battue, mais ne cède rien. Lorsqu'elle est à nouveau menacée d'arrestation, son père choisit de lui faire quitter clandestinement la Roumanie. Bella Haïs arrive à Paris en 1937 et y milite jusqu'en 1940.

A l'automne 1940, Bella Haïs s'établit à Marseille où elle entre en contact avec des militants communistes, Choura Haham, alias Annie, également originaire de Bessarabie, son mari Avram Haham, Basil Serban, ancien des Brigades internationales, les familles Melamedow et Catalan, originaires de Bulgarie. Hélène Taich participe à l'aide aux réfugiés internés dans les camps de la zone sud. En juin 1941, sous l'impulsion Adam Rayski, un des responsables de la Main d'oeuvre ouvrière (MOI), le groupe crée une section du Secours populaire (Solidarité en zone Nord) et continue ses actions d'assistance tout en diffusant la presse clandestine communiste en yiddish et en français.

Dés la formation du détachement marseillais des FTP-MOI qui prend le nom de détachement Marat à l'été 1942, Bella Haïs accepte les missions les plus périlleuses. Agent de liaison interdépartementale, elle transporte armes et munitions, comptant sur sa jeunesse pour échapper aux contrôles et plus tard n'hésite pas à doter le landau de son fils d'un double fond pour continuer ses missions. Elle devient Hélène Cerutti ou Coste. Lorsque le détachement Marat réalise des attentats ou des sabotages, Hélène est en première ligne. C'est elle qui transporte les grenades que Basil Serban lance dans la salle de l'hôtel Splendid qui abrite un banquet de la commission italo-allemande. Hélène participe à « la nuit des transformateurs » le 8 mai 1943 qui aboutit à la destruction de seize transformateurs alimentant des usines travaillant pour les Allemands.

Avec son compagnon Nat Taich, elle participe aux combats de la libération de Marseille. Le général de Goislard de Montsabert lui décerne en août 1944 la croix de guerre avec étoile d'argent. Après la guerre, Hélène Taich poursuit son action militante. Assistante sociale, elle devient une des directrices de la Villa Massilia de Sainte-Maxime que l'UJRE de Marseille a ouvert pour les enfants juifs dont les parents ont été déportés ou fusillés. Lorsque, faute de moyens, la maison ferme en mars 1948, Hélène suit les enfants à la villa Beauregard de Nice. En 1949, elle est un des membres fondateurs avec Nat Taich et Manu-Lipman Sterenzy du comité marseillais du MRAP. Avec son mari, Hélène témoigne dans les écoles et auprès des jeunes des valeurs de la Résistance. Dans les années 1980-1990, elle assure la vice-présidente de l'ANACR des Bouches-du-Rhône. Hélène qui est devenue la mémoire du détachement Marat reçoit la Légion d'honneur en mai 1990. Elle reste jusqu'à son décès en décembre 1999 membre du parti communiste français.


Auteur : Sylvie Orsoni

Sources
Service historique de la Défense, Vincennes, 16 P 283601 (dossier individuel Bella Haïs, Hélène Taich)
David Diamant, Les Juifs dans la résistance française 1940-1944 (avec armes ou sans armes), Roger Maria Editeur, 1971.
Renée Dray-Bensousan, Hélène Echinard, Catherine Marand-Fouquet, Eliane Richard, Yvonne Knibiehler, Dictionnaire des Marseillaises, éditions Gaussens, 2012.
Grégoire Georges-Picot, L'innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence, Paris, éditions Tirésias, 2011.
Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3, Paris, Syllepse, 2011.
Christian Oppetit (dir.), Marseille, Vichy et les nazis, le temps des rafles, la déportation des juifs, Marseille, Amicale des déportés d'Auschwitz et de Haute-Silésie, 1993,p.41-43.
Jacques Ravine, La résistance organisée des juifs en France 1940-1944, Paris, Julliard, 1973.