Léon Pfeffer (Roland)

Légende :

Initialement responsable de la logistique du bataillon Carmagnole des FTP-MOI, Léon Pfeffer prend part à des opérations armées, notamment en juin et juillet 1944. Arrêté, interné à Montluc, il est fusillé le 27 juillet 1944 sur la place Bellecour à Lyon. 

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds Carmagnole-Liberté Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Lyon

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Contexte historique

Léon Pfeffer est né le 12 octobre 1922 à Nancy au sein d’une famille juive polonaise arrivée en France peu après la Première Guerre mondiale. La famille décide de s’installer à Paris (dans le XXe arrondissement puis dans les XVIIIe). Après avoir fréquenté l’école primaire, Léon devient bijoutier-orfèvre et milite, à la fin des années 1930, dans les Jeunesses communistes.

Dans les premiers mois de l’année 1942, Léon et ses deux frères (Elie et Maurice) gagnent Toulouse afin d’échapper aux rafles qui visent les Juifs de la zone occupée. Leur mère, Chenidel Hackel, arrêtée le 24 juillet, est déportée à Auschwitz–Birkenau par le convoi n°10 et leur père, David Pfeffer, quitte Drancy, le 6 mars 1943, par le convoi n°51 qui mène une cinquantaine de déportés à Maïdanek et les autres vers le centre de mise à mort de Sobibor. Aucun des deux ne reviendra. A Toulouse, Léon intègre l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) et la Main-d’œuvre immigrée (MOI). Son plus jeune frère, Maurice, fait le choix de rejoindre la France libre. Il fait toute la campagne d’Italie mais tombe en septembre 1944 en Alsace.

Début 1944, Léon et Elie sont envoyés à Lyon où ils entrent dans les rangs du bataillon Carmagnole des FTP-MOI. Léon (dit Roland) est initialement responsable de la logistique (procurer au bataillon une machine à écrire, une ronéo, des tampons de police, des tickets de transports et coupons d’alimentation, mais également des armes et des explosifs), puis rapidement, derrière son mentor nommé Marius Motta (Bob), il participe à des opérations armées. Ainsi, le 20 juin 1944, il est de ceux qui attaquent à la grenade un train de matériel de guerre allemand au pont de la « Manufacture des tabacs ». Le 1er juillet, il contribue au déraillement d’un train allemand lors d’une opération qui a lieu à Calonges au Mont-d’Or.

Les rares sources dont nous disposons ne peuvent préciser la date exacte de son arrestation mais nous disposons de plusieurs témoignages concernant ses derniers moments. Arrêté vraisemblablement le 23 juillet, il est interné à Montluc, dans la « baraque des Juifs ». L’un de ses compagnons de détention, Jacques Silberman, a témoigné des souffrances endurées par Léon lors des séances de torture infligées par la Gestapo. Le 27 juillet, avec quatre autres résistants (Albert Chambonnet, René Bernard, Gilbert Dru et Pierre Chirat), il est fusillé sur la place Bellecour en représailles d’un attentat qui était survenu durant la nuit dans un restaurant fréquenté par les Allemands. Un rapport de police permet d’affirmer que cette exécution à la mitraillette a été commanditée par Klaus Barbie.

En 1948, un monument (le Veilleur de Pierre) est érigé place Bellecour en mémoire des cinq victimes. Elie, seul survivant de la famille, œuvre de longue année pour que la mémoire de son frère soit reconnue par la ville de Lyon. En 1988, deux ans après sa mort, le nom de Léon Pfeffer est donné à un parc du VIIIe arrondissement de la ville.

Titulaire d’une citation à titre posthume à l’ordre de l’Armée avec attribution de la croix de guerre avec palme, Léon Pfeffer est décoré de la médaille de la Résistance française à titre posthume par décret du 9 novembre 1992.


Auteur : Alexandre Bande

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, DAVCC, Caen, AC 21 P 130 411.
Service historique de la Défense, Vincennes, DE 2014 ZB 3 54 (attribution de la médaille de la Résistance à titre posthume)
Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds Carmagnole-Liberté, carton 1.
Fondation de la Résistance / fonds Max Weinstein.
Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et alentours : 2 824 engagements, Lyon, BGA Permezel, 2003.
Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression. Fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.
Alexandre Pinto, Le Bataillon Carmagnole : Histoire des FTP-MOI de la région lyonnaise, juin 1942-septembre 1944, sous la direction de Laurent Douzou / [s.l.] : [s.n.] , 1997.
Notice "PFEFFER Léon [Pseudonyme : Roland]" par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 4 décembre 2014, dernière modification le 7 décembre 2020.