La 35e Brigade FTP-MOI : origine et formation

Légende :

Etat nominatif des cadres officiers de la 35e brigade établi en vue de l'homologation de l'unité après la guerre

Genre : Image

Source : © Service historique de la Défense, Vincennes, GR 19P 31 Droits réservés

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne - Toulouse

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Contexte historique

A la fin des années 1930, de nombreux travailleurs étrangers (Espagnols, Hongrois, Italiens, Polonais, Roumains, Yougoslaves…) militent au sein de la CGT (Confédération Générale du Travail) via des groupes de langue, dont l’ensemble est appelé MOI : Main d’Œuvre Immigrée. De tels groupes fonctionnaient dès les années 1920, au sein du Parti Communiste et de la Confédération Générale du Travail Unitaire (CGTU fondue dans la CGT en 1936). Le terme MOI est couramment employé pour désigner indistinctement les groupes de langue de la CGT et ceux du PCF. Dans la MOI cégétiste militent des communistes membres du PC ou d’autres partis communistes étrangers organisés en France. En 1936-1939 la MOI joue un rôle actif contre la montée du fascisme, notamment pour développer la solidarité avec l’Espagne républicaine.

Le 27 septembre 1939, trois semaines après que la France ait déclaré la guerre à l’Allemagne, le gouvernement Daladier décrète la « dissolution des organisations communistes ». La CGT est dissoute le 9 novembre 1940. La MOI est réduite à la clandestinité.

Dès la fin août 1941, quelques dizaines de ces militants politiques ou syndicalistes étrangers s’engagent dans la lutte armée à Paris contre les Allemands, sous la direction de l’Espagnol Conrad Miret i Musté, aux côtés de l’Organisation Spéciale créée par le PCF. En mars 1942, naissent les Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF), bras armé du Front national de lutte pour l’indépendance de la France. En juin 1942, les unités combattantes issues de la MOI prennent le nom de Francs-Tireurs et Partisans – Main d’Œuvre Immigrée, soit FTP-MOI.

La 35e Brigade FTP-MOI est l’unité FTP-MOI de la région toulousaine. Elle est organisée au début du deuxième semestre 1942, opérationnelle au 3e trimestre avant l’occupation de la Zone Sud par les Allemands. Elle reçoit ses directives générales du délégué de zone Sud à Lyon qui la dote de ses cadres supérieurs (pour les « régions », c’est-à-dire les départements et les « inter-régions » : plusieurs départements) et supervise ses activités. Son premier chef est Marcel Langer, communiste polonais, issu d’une famille juive, ancien des Brigades internationales en Espagne.

Auparavant, en 1940-41, Marcel Langer anime depuis Toulouse le groupe Solidarité qui apporte aide et nourriture à des réfugiés politiques ou juifs, internés dans les camps de concentration (appellation officielle d'époque) du Sud de la France, tels celui du Vernet (Ariège). Ce groupe va fournir le premier noyau de combattants de la 35e Brigade. Marcel Langer y retrouve Abracha Mittelman, Stefan Barsony, Osna Koga et Fela Insel, communistes juifs qu’il avait connus en Palestine avant la guerre.

Le groupe d’entraide se tourne vers la propagande antifasciste, distribue des tracts et colle des affiches. Il est rejoint par Jacob Insel et Sewek Michalak, anciens des Brigades internationales. Marcel Langer est en relation étroite avec les Républicains espagnols qui s’organisent en région toulousaine, notamment avec Juan Díaz Linares, premier commandant de la 2e Brigade de Guérilleros Espagnols de Haute-Garonne, unité à l’origine des premiers attentats dans le département en août 1942.

La 35e Brigade opère à Toulouse à partir d’octobre 1942. A compter du début de 1943, son autorité va s’étendre progressivement au-delà de la Haute-Garonne. Par ordre chronologique, elle prend pied dans le Tarn, le Lot-et-Garonne, la Dordogne, le Tarn-et-Garonne, l’Ariège, le Gers et enfin les Hautes et les Basses Pyrénées.

La 35e Brigade est une unité dont le combat, fait original, va se livrer essentiellement en milieu urbain, notamment à Toulouse mais aussi à Agen et Montauban. Elle rayonne en outre sur un espace rural, d’économie plus agricole qu’industrielle, peuplé de paysans dont une forte proportion sont, chose originale, des étrangers.

Entre le 2e semestre 1942 et le 1er semestre 1944, la 35e Brigade FTP-MOI recrute des étrangers de diverses nationalités (Allemands, Espagnols, Hongrois, Italiens, Polonais, Roumains, Yougoslaves…) tous motivés par la lutte internationale contre le fascisme. Certains ont émigré en France en raison de la répression politique dans leur pays. D’autres en raison de l’antisémitisme. Une partie d’entre eux ont participé à la Guerre d’Espagne de 1936-1939. Majoritairement, ce sont des ouvriers de Toulouse et environs, des paysans du Lot-et-Garonne ou du Tarn-et-Garonne, des mineurs du Tarn. Quelques membres de la 35e Brigade sont des Français.


Auteur : André Magne

Sources et bibliographie :
Service Historique de la Défense (Vincennes) : GR 19 P 31-24, dossier 35e Brigade FTP-MOI.
Archives de Rolande Trempé.
Archives d’André Magne.
Jean-Yves Boursier, La guerre de partisans dans le sud-ouest de la France 1942-1944 - La 35e Brigade FTP-MOI, Paris, L’Harmattan, 1992.
Miguel Ángel Sanz, Luchando en tierras de Francia, Prólogo de Jean Cassou, Ediciones de la Torre, 1981. 
Hommage à la 35e Brigade FTP-MOI, Marcel Langer, ouvrage collectif édité par le comité de quartier Saint-Michel-Toulouse, Tisséo, 2008.