Analyse média

Ce mémorial, communément désigné comme la stèle des Alliés, est constitué d’une colonne en pierre taillée d’environ un mètre de hauteur posée sur un socle de béton entouré d’une plate-bande protectrice. Elle a été inaugurée en 1989 sur un terrain appartenant à la famille d’Henri Montagne, ancien maire de Mirabeau en 1944 et propriétaire du domaine viticole Château Clapier, en face de la stèle, de l’autre côté de la route.

Lorsque nous l’avons photographiée en 2015, la stèle venait d’être restaurée.

Les inscriptions suivantes y sont gravées dans la pierre :

EN CE LIEU / LES TROUPES ALLIÉES / VENUES LIBÉRER / LA FRANCE /

ONT PRIS PIED SUR / LE TERRITOIRE / DU VAUCLUSE / LE 20 AOÛT 1944 /EN HOMMAGE À NOS MORTS ET À NOS / LIBÉRATEURS

 

Contexte historique

Historique :

Le 20 août 1944, les libérateurs qui prirent pied dans le Vaucluse étaient des soldats américains de la 3^e division d’infanterie des États-Unis (3^e DIUS), débarqués sur les côtes varoises lors du grand débarquement des Alliés en Provence du 15 août 1944. Leur contingent dirigé vers Vidauban puis vers Draguignan se heurta aux Allemands le 17 août avant de poursuivre son avancée vers Salernes, Riez et Oraison et de se séparer ensuite. Une partie de la 3^e DIUS prit la direction d'Aix-en-Provence, une autre celle d'Apt, et la troisième celle de la vallée de la basse Durance sur sa rive gauche.

Les troupes qui prirent cette troisième direction se trouvaient le 19 août dans le département des Bouches-du-Rhône, face à Mirabeau, de l'autre côté de la Durance. Le pont le plus proche, celui de Mirabeau, qui leur aurait permis d'entrer dans le département du Vaucluse était impraticable ; partiellement détruit à la mi-août par les bombardements alliés afin de gêner le repli allemand, le pont continua à être saboté par la résistance locale et ne pouvait supporter le passage de matériel lourd. Il en était de même du pont de Pertuis plus éloigné, saboté à maintes reprises par la résistance et finalement rendu impraticable au trafic routier le 17 août. Depuis quelques jours, iln’y avait plus aucun soldat, ni patrouille allemande à Mirabeau et dans les villages limitrophes. Le 20 août des maquisards de Mirabeau et du village le plus proche, Beaumont-de-Pertuis, se rendirent à la rencontre des Américains pour leur indiquer le meilleur endroit où ils pourraient traverser la Durance, en amont du pont.

Les moyens techniques dont disposait le génie américain permirent de construire en quelques heures un pont pneumatique à l’endroit de cet ancien gué où l'eau était particulièrement basse au mois d’août. 

Voir visuel n°2 dans l'album. 

Du lourd matériel motorisé, camions, jeeps, tanks, put être immédiatement débarqué sur l’autre rive de la Durance, dans le Vaucluse, sur le territoire de la commune de Mirabeau.

Un film de quelques minutes tourné par le sergent Frye et mis en ligne sur un site pertuisien a gardé un souvenir exceptionnel de cette entrée dans le Vaucluse et de quelques autres épisodes évoqués ici (voir media)

La stèle du souvenir de l'entrée des Alliés à Mirabeau est implantée à plusieurs centaines de mètres de l'emplacement de ce pont éphémère ; elle a été érigée au bord de la route la plus proche, selon l'usage adopté pour la construction de nombreuses stèles afin d’augmenter leur visibilité.

 La libération de Mirabeau et des localités alentour

Dès leur entrée dans le Vaucluse, les Américains installèrent un état-major provisoire en bord de Durance, à Clapier, le vaste domaine viticole appartenant au maire de Mirabeau, Henri Montagne. Parallèlement, une partie du contingent se dirigea vers Mirabeau : les premiers soldats américains arrivèrent le matin du 20 août, vers huit heures. Ils étaient peu nombreux, sans doute des éclaireurs. Le village fit fête en se pavoisant de drapeaux, mais les premiers libérateurs ne s’attardèrent pas trop, car leur mission était de prendre contact avec les chefs de la Résistance de Pertuis et de La Tour-d’Aigues.

De Mirabeau, des colonnes américaines continuèrent à avancer vers les villages les plus proches. Un détachement monta vers le Luberon et prit position à Grambois en début d'après-midi. La colonne de soldats, de tanks et de jeeps était venue par la route de Mirabeau qui n'était alors qu'un chemin non goudronné. Ils postèrent à La Grande Bastide un canon pointé vers le village et un autre vers la route nationale.

Les Américains continuèrent à avancer vers le nord en direction d’Avignon en traversant d’abord La Tour-d'Aigues le jour même, souvenir que le village a conservé par la dénomination d’une de ses voies :

 

Voir Visuel 03 – Chemin 20 août ,La Tour d’Aigues, dans l'album

« CHEMIN DU 20 AOÛT 1944. LIBÉRATION DE LA TOUR D’AIGUES »

Voir Visuel 04 –La Tour d’Aigues, Bd Libération, dans l'album

 

Le lendemain les Américains firent halte à Pertuis.

Voir Visuel 05 - photo historique Américains à Pertuis dans l'album

Comme le reste des localités traversées depuis leur arrivée le 20 août à Mirabeau, Pertuis était déjà libre de tout occupant allemand ; elle avait fêté sa première Libération le 15 août, le jour du débarquement allié en Provence. Sous le commandement de Gaston Gilly, une trentaine de FTPF armés avaient alors investi Pertuis, remplacé le drapeau du Reich sur le clocher de l’église par un étendard orné d'une croix de Lorraine et s’étaient emparé de la Mairie. Une municipalité provisoire mise en place par le Comité local de la Libération remplaça la Délégation spéciale de cinq membres nommés en 1943 par le gouvernement de Vichy jusqu’à l’installation d’un conseil municipal nommé par le nouveau préfet de Vaucluse. La Libération « officielle » de Pertuis aura lieu le 21 août, avec le passage d'un premier détachement américain.

L’avancée des troupes américaines se poursuivit par la route nationale 573 qui traversait alorsCadenet et Lauris; lorsque les Américains atteignirent ces localités, les Allemands n’en étaient partis que très peu de temps avant : ils y avaient fait deux ultimes victimes honorées chacune par une stèle : Laurent Gaston, tué à Cadenet le 20 août et Livio Lercari tué à Lauris le 21 août 1944

Voir Visuels 6a et 6b - stèle Laurent Gaston, situation et gros plan, dans l'album

Voir Visuels 7a et 7b - stèlelercari Livio, situation 2009 et gros plan, dans l'albim

Après Lauris, le 7^e régiment d'infanterie américain se scinda en deux parties ; l’une continua àavancer le long de la Durance vers Mérindol en direction de Cavaillon tandis que l'autre traversa le Luberon en direction de Lourmarin, Bonnieux et Maubec. Les deux parties feront leur jonction à Bédarrides et poursuivront leur route vers Cavaillon et Avignon avec le renfort de soldats des Forces françaises libres qui avaient débarqué sur les côtes provençales peu après les Alliés. Des unités dirigées par le Capitaine Chavanac qui comptaient une majorité de soldats algériens et marocains dans leurs rangs utilisèrent aussi le pont pneumatique construit par les Américains à Mirabeau pour entrer dans le Vaucluse.

Le 25 août, Avignon était libérée par des détachements de l’Armée du général de Lattre de Tassigny rejoints par des contingents américains de la 3e DIUS. Moins d'une semaine après le débarquement allié en Provence, l'ensemble du département du Vaucluse était libéré.

Au début des années 2000, des vétérans de l’armée américaines firent apposer des plaquescommémoratives bilingues, identiques, le long de la « Route de la Libération » dans des localités qu’ils avaient contribué à libérer ; nous en avons relevé deux identiques : une à Mérindol, à l’entrée de la salle des fêtes où elle a été dévoilée le 24 août 2011 ; l’autre à Cadenet à l’extérieur du mur d'enceinte de la cour de la mairie où elle a été dévoilée le 20 août 2012.

Voir Visuels 9a et 9b - Cadenet plaque Américains, plan large situation et gros plan, dans l'album

Leurs inscriptions sont bilingues :

Libéré par les soldats de la 3ème Division d’infanterie de l’Armée américaine, au cours de la

2ème guerre mondiale.

LIBERATED BY THE SOLDIERS OF THE 3D INFANTERY DIVISION / DURING WORLD

WAR II / EMPLACED BY OP 5845 SOCIETY OF THE 3D INFANTERY DIVISION