Analyse média

Au nord du pays d’Aix, entre Lambesc et La Roque d’Anthéron, la Chaîne des Côtes domine la vallée de la Durance. (Visuel 00, Carte de la Chaine des Côtes)

À 480 mètres d’altitude, sur le plateau de Manivert (dit aussi de Sainte-Anne, du nom de la chapelle Sainte-Anne de Goiron, édifiée en ces lieux au XI^e siècle), des mémoriaux rendent hommage aux résistants tombés ici en juin 1944. (Visuel 01, la chapelle Sainte-Anne). De nombreuses stèles sont dispersées dans la végétation méditerranéenne, sur les hauteurs ou dans les vallons proches. Visuels 02a,b,c, stèle et plaques près de la chapelle Sainte-Anne)

À quelques kilomètres de la chapelle, dans une vaste clairière, se dresse un mémorial particulièrement imposant.

Une grande colonne de quinze mètres jaillit entre deux ailes parallélépipédiques aux bords arrondis. (Visuel 03, Mémorial vue d’ensemble) 

L’ensemble est posé sur une dalle à laquelle on accède par quatre marches. La colonne comporte au sommet, une croix de Lorraine et, à sa base, une statue de femme en pleurs, le visage enfoui dans ses mains jointes(Visuel 04, Mémorial pleureuse, cliché R. Mencherini). Les deux ailes s’ornent de bas-reliefs sculptés. Celui de gauche est consacré à trois maquisards : l’un en position de guetteur, un autre au repos et un troisième, qui, mitraillette à la main, fait, de face, le signe de la victoire(Visuel 05, Mémorial bas-relief maquisards, cliché R. Mencherini). Sur le bas-relief de droite, deux soldats allemands casqués tirent sur un résistant debout, vu de dos ; deux autres gisent déjà au sol.

L’autre face du socle porte des plaques commémoratives en bronze où figurent, au total 272 noms (271 si l’on tient compte d’un doublon) : 140 sur le premier ensemble, 132 sur le second. Chacun est surmonté par une inscription, gravée dans la pierre :« Ils sont morts pour que vive la France » et « Aux héros et martyrs de la Résistance 1939-1945 ». (Visuel 06, Mémorial  plaquede bronze avec noms).

La liste des noms se clôt sur une exhortation :« Ils sont morts pour nos libertés, sachons nous souvenir et soyons dignes de leur sacrifice ».

Toutes les personnes figurant sur cette liste ne sont pas mortes à Manivert. Une plaque apposée sur un bloc devant le piédestalle précise :« Sur ce monument sont gravés les noms des 272 résistants de notre région, victimes de la barbarie nazie. Leur mémoire est honorée en ce lieu, chaque 12 juin par le rappel du sacrifice des 62 d’entre eux tombés dans ces collines, le 12 juin 1944 ».(Visuel 06, Mémorial plaque explicative).

 

Contexte historique

HISTORIQUE

 

-         du lieu

Les mémoriaux du plateau de Manivert témoignent de la mobilisation qui, en juin 1944, à l’annonce du débarquement de Normandie, a poussé les résistants provençaux à créer des maquis. Ils furent nombreux à gagnerle sommet de la Chaîne des Côtes, à compter du 6 juin, à partir des villages environnants. Ils se regroupèrent en deux lieux : le plateau de Cèze, et plus au nord, le plateau de Manivert. Mais celui-ci fut anéanti, quelques jours plus tard, le 12 juin 1944, par une attaque allemande particulièrement sanglante. 

-         des mémoriaux

Après la Libération, les résistants des Bouches-du-Rhône souhaitaient rendre hommage, non seulement aux maquisards de Sainte-Anne, mais à l’ensemble de leurs camarades du département qui avaient perdu la vie dans de multiples combats contre l’occupant. Une souscription publique, avec édition de cartes postales, fut organisée pour ériger, dans ce but, un mémorial départemental. Une route fut aménagée depuis Lambesc et l’emplacement destiné à l’érection du monument fut déboisé.La pose de la première pierre, le 12 juin 1945 à 18 heures, donna lieu à une « très émouvante cérémonie » au milieu d’une « affluence considérable », en présence des maires et des présidents des CLL des communes environnantes, des associations de résistants. Francis Leenhardt, président du CDL, salue « ceux qui sont tombés les armes à la main, au grand soleil de notre Provence » et appelle à « continuer leur combat, en restant fidèles à l’idéal pour lequel ils se sont sacrifiés » (Le Provençal12-13 juin 1945). Les maires récoltèrent les noms devant figurer sur le mémorial. Celui-ci est l’œuvre de la marbrerie Maunier de Salon-de-Provence, à partir d’une maquette réalisée par Élisée Maunier.  L’inauguration officielle eut lieu le 16 juin 1946 à 10 heures e la commémoration se renouvela tous les ans. Un syndicat intercommunal regroupant les communes d’Alleins, Charleval, Lambesc, Mallemort, Rognes, La Roque-d’Anthéron, Saint-Cannat, Saint-Estève-Janson est en charge de son entretien.