QUARTIER DE LA GALINE

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : MUREL PACA

Source : © Robert Mencherini Droits réservés

Détails techniques :

Boulangerie de La Galine.

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Saint-Rémy-de-Provence

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Analyse média

La Galine est un terroir agricole et rural du nord des Bouches-du-Rhône qui longe le flanc nord dumassif des Alpilles, sous les ruines du château de Romanin (dont Jean Moulin prit le nom pour sagalerie de Nice). Parsemé de mas qui, à l’abri de grandes haies coupe-vent, pratiquent lapolyculture, irrigué par le canal des Alpines, il est partie intégrante de la commune de Saint-Rémydont il constitue un quartier, à l’est du bourg.

Sur la route 99 qui relie Arles à Orgon, deux plaques apposées sur le mur de l’ancienne boulangerie coopérative du quartier (sur la gauche en direction d’Orgon) et une dalle dans le fossé(sur la droite) témoignent des arrestations et exécutions intervenues en ces lieux en juin 1944.

Saint-Rémy se situe en pays d’Arles, à 25 kilomètres de cette ville, au nord du massif des Alpilles. Le quartier de La Galine est un terroir agricole de la commune qui longe le massif. Sur la route 99 qui relie Arles à Orgon, deux plaques apposées sur le mur de l’ancienne boulangerie coopérative du quartier (sur la gauche en direction d’Orgon) et une dalle dans le fossé(sur la droite) témoignent des arrestations et exécutions intervenues en ces lieux en juin 1944.

La plaque la plus grande, en marbre blanc,est la plus ancienne. Elle précise que ce bâtiment était le siège de la coopérative l’Amicale (de fait une boulangerie), donne la liste des victimes originaires de Saint-Rémy, et souligne les liens qu’ellesentretenaient avec la coopérative. (Visuel 04- Grande plaque)

« In memoriam. En ce lieu siège de la coopérative l’AMICALE dans la nuit du 9 au 10 juin 1944 furent arrêtés par la Gestapo et la Milice pour être lâchement assassinés ensuite nos camarades : THIOT Eugène, BARRIOL Pierre, GRAS Charles, ROUDIER Louis, ROUDIER Marcel ».  

La plaque grise, de dimensions plus réduites, avec mentions FTPF (Francs-tireurs et partisans français) et FFI (Forces françaises de l’Intérieur), ne porte qu’un seul nom, celui d’Eugène THIOT avec ses titres de lieutenant et de chevalier de la légion d’honneur. (Visuel 05 - Petite  plaque)

 

« IN MEMORIAM, FTPF FFI, Il y a 50 ans, en ce lieu, le Lieutenant Eugène THIOT, chevalier de la Légion d’honneur et ses Camarades de combat furent arrêtés et atrocement torturés, transportés et lâchement assassinés par les bourreaux de la Gestapo Allemande, et de la Milice française. H2ros de la Résistance, ils sont morts pur la France. Passant souviens toi, 9 et 10 juin 1994. » 

La dalle dans le fossé droit, à quelques kilomètres de la boulangerie, indique l’endroit où a été retrouvé le corps d’Eugène THIOT : (Visuel 06 - Dalle dans fossé Thiot)

« À l’aube du 10-6-44 a été découvert le corps du lieutenant FFI THI0T Eugène, 35 ans assassiné la veille par la gestapo devant sa femme et ses enfants. Passant souviens-toi»

Une stèle commémorative érigée au bord du canal des Alpines, commune de Lamanon (Bouches-du-Rhône), sur la route Lamanon - Sénas (Bouches-du-Rhône) porte les noms des résistants amenés de La Galine pour être fusillés à cet endroit (Visuels 07a et 07b - stèle Lamanon).

BARRIOL Pierre, GRAS Charles, NEYRAND René (parfois écrit MAYRAND ou MEYRAND), NOVI Delfo, ROUDIER Louis, ROUDIER Marcel, THIOT Eugène

Le septième résistant fusillé le 9 juin entre Sénas et Lamanon, René NEYRAND, ne figure pas sur les plaques de La Galine :  il n’a pas été arrêté à Saint-Rémy et ne fait pas partie du groupe résistant de ce quartier, dont amené à La Galine, il a pourtant partagé le dramatique destin. Son nom, en revanche, est bien gravé sur la stèle commémorative érigée le long du canal des Alpines aux côtés des Saint-Rémois. 

 


Contexte historique

HISTORIQUE

Du lieu

Lors du débarquement de Normandie du 6 juin 1944, la Résistance provençale répondit à l’ordre de mobilisation générale. Mais les troupes allemandes réprimèrent dans le sang tout maquis et toute tentative de constitution de groupe armé ou maquis.

À La Galine, où la Résistance était implantée, sa mobilisation fut précoce. Son responsable, Eugène THIOTorganisa, dans le secteur, dès le 7 juin, la distribution des armes. Informés, les Allemands et leurs agents intervinrent rapidement. Le 9 juin 1944, vers midi, les principaux points d’accès à la Galine furent bouclés et étroitement contrôlés par des barrages militaires allemands. En même temps, le quartier fut investi, du côté d’Eygalières, par plusieurs dizaines d’individus déguisés en résistants, réfractaires ou agents parachutés, de fait, membres de la 8e compagnie Brandebourg spécialisée dans les infiltrations de maquis. Sept résistants furent capturés, détenus dans la boulangerie, torturés, puis massacrés sur place ou à proximité, dans la nuit du 9 au 10 juin 1944. Le corps d’Eugène THIOTfut jeté dans un fossé à deux kilomètres de la boulangerie. Les six autres détenus furent fusillés le long de la route de Sénas à Lamanon (Bouches-du-Rhône), entre la voie de chemin de fer et le canal des Alpines. Leurs corps furent retrouvés quelques jours plus tard et inhumés dans l’une ou l’autre commune.

 

Du mémorial

En juin 1946, une plaque de marbre, portant le nom des victimes de la Galine et celui de Marcel BONEIN (résistant saint-rémois arrêté et fusillé quelques mois auparavant) fut scellée sur la façade de la boulangerie coopérative, lors d’une cérémonie qui regroupa les familles et les autorités. Un monument aux morts de la Résistance de Saint-Rémy, financé par souscription et subvention de la municipalité, fut édifié dans l’un des cimetières de la ville et inauguré le 15 septembre 1948. Une stèle fut érigée à Lamanon, au bord du canal des Alpines, sur les lieux où avaient été retrouvés les six corps des fusillés. Sept noms de fusillés de la Galine figurent sur une plaque « Guerre de 1939-1945 » du monument aux morts de la place de la République. Ils sont gravés également sur une plaque disposée au début de l’avenue de la Résistance, face à la collégiale Saint-Martin, tous indiqués (de manière erronée) comme FTPF. La mémoire des événements, entretenue par des commémorations annuelles, a été ravivée, en juin 1961, par la remise posthume de la Croix de chevalier de la Légion d’honneur à Eugène Thiot. Une nouvelle plaque In memoriam a été scellée sur le mur de l’ancienne coopérative en juin 1994.


SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

État civil ;

Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 76 W 129,12 juin 1944, rapport du commandant de la section de gendarmerie d’Arles sur les arrestations dans la nuit du 9 au 10 juin à Saint-Rémy ; note du cabinet du préfet,9 juin 1944, arrestation Thiot à Saint-Rémy ; 12 juin 1944, rapport du commandant de la section de gendarmerie d’Arles ;

 

Archives départementales du Gard, 3U7, article 252, dossier Paolino Honoré ; 

AVCC Caen, dossiers de Mort pour la France ;

Casimir-Pierre Mathieu, La résistance à l’oppression, la première et deuxième guerre mondiale, La Résistance, Saint-Rémy, chez l’auteur, Cavaillon, Imprimerie Mistral, 1978, 447 p. ;

Marcel Bonnet, « Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944 », Revue de l’Amicale laïque de Saint-Rémy-de-Provence, 1984, reproduit (avec des documents) in Marcel Bonnet, Le massacre de “La Galine”, 9-10 juin 1944, présenté par André Bonafos et pas Rémy Bonein (chef de groupe du quartier de la Galine 1940-1943), Eyrargues, Édition espace culturel Eyrarguais, 1991, 25 p.

Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944),Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Paris, Syllepse, 2011, 772 p. ;

R. Mencherini, Notice « Saint-Rémy de Provence (Bouches-du-Rhône), La Galine, 9-10 juin 1944 », Dictionnaire des fusillés ;

Véronique Sassetti « Saint-Rémy de Provence pendant la Seconde Guerre mondiale », mémoire de maîtrise, dir. R. Mencherini, Université d’Avignon et des pays de Vaucluse, 1996, dactylographié, 161 p.

 

 

 

Robert Mencherini