Analyse média

Localisation : Route nationale 580. Deuxième pile, côté amont du viaduc d’accès du pont routier Edouard Daladier en partant du centre d’Avignon, sur la gauche de la route vers Nîmes, Arles, Aix-en-Provence, Bagnols-sur-Cèze, Courtine, Centre hospitalier, qui passe sous le pont.

Coordonnées géographiques : N 43.95114, E 4.80141

Le pont Edouard Daladier permet par la route nationale 580 la traversée du bras gauche du Rhône (bras d’Avignon) entre la Porte de l’Oulle, sur la rive gauche, et l’île de Piot à la pointe sud de l’île de la Barthelasse, sur la rive droite. Il est prolongé sur le bras droit du Rhône (bras de Villeneuve) par le pont en pierre dit Nouveau Pont remplacé par le pont du Royaume en 1972.

Le pont principal est un pont en poutre-caisson composé de deux caissons avec une pile centrale dans le Rhône. Le tablier et les arcs en anse de panier de 74 mètres sont en béton précontraint. La pile et les culées sont en béton armé. Les deux viaducs d’accès comportent trois voûtes de décharge en béton non armé reposant sur deux piles et deux culées. Il mesure 236 mètres de long. Il est composé de deux voies routières, d’une piste cyclable dans les deux sens et de deux trottoirs. Il est la propriété de la commune d’Avignon.

Edouard Daladier, né en 1884 à Carpentras dans le Vaucluse et décédé en 1970 à Paris, était un homme politique important. Ilfut entre autresmaire de Carpentras de 1912 à 1919, député de 1919 à 1942 et de 1946 à 1958, président du parti radical dans l’entre-deux-guerres, plusieurs fois président du Conseil des ministres entre 1933 et 1940 et sept fois ministreentre 1924 et 1940.

Description

Cette plaque apposée au-dessus de l’intersection des deux arcs du pont est un peu cachée par des branches car la végétation recouvre une partie du viaduc d’accès au pont.Il est difficile d’approcher cette plaque discrète en l’absence de passage piéton pour accéder au terre-plein central sur lequel repose la pile. Même si elle se trouve à proximité d’un axe de circulation très fréquenté quotidiennement, elle n’est pas lisible depuis une voiture qui serait ralentie par des embouteillages.

Elle semble être en marbre blanc. Elle porte une inscription de 11 lignes gravée en couleur rouge. Les dates et les acteurs de l’événement commémoré sont en majuscules. La date de son apposition ne nous est pas connue.

 

Inscription

ENTRE LE 25 ET LE 30 AOUT 1944

Le Génie de la 1^° Division Blindée

qui ne disposait alors d’aucun moyen adapté

a réussi avec l’aide des BATELIERS du RHONE

et des POPULATIONS LOCALES

à faire franchir le fleuve par

Le 2^° RSAR et la 1^° DB

soit près de 2 000 véhicules

dont 200 de plus de 30 tonnes

permettant ainsi une exploitation

de plus de 700 km en moins de 15 jours

Contexte historique

Historique

-          du lieu pendant la Seconde Guerre mondiale

Bombardé le 25 juin 1944, le pont suspendu reliant Avignon et l’île de Piot fut coupé entre les deux arches et la deuxième arche fut endommagée. Après le départ des troupes d’occupation, les travaux de réparation débutèrent mais le trafic ne fut rétabli qu’à la fin du mois de novembre 1944. Le franchissement du Rhône était donc impossible au moment de la Libération de la cité papale le 25 août 1944, soit dix jours après le débarquement de Provence. Les autres ponts sur le Rhône en Provence avaient été également touchés par les bombardements. Le passage du fleuve représentait un enjeu politique et stratégique. Les Américains avaient prévu de libérer seuls le territoire par la rive gauche du Rhône, pendant que les troupes françaises étaient retenues pendant plus d’un mois par la libération de Toulon et de Marseille. La Libération de ces deux villes plus rapide que prévue rebattit les cartes. Le général de Lattre de Tassigny voulut franchir le Rhône pour atteindre Lyon par la rive droite, poursuivre en direction de Dijon, de l’Alsace et du Rhin et gagner ainsi en autonomie.

Des soldats du 2^e régiment de Spahis algériens à la disposition de la 1^ère division blindée furent les premiers à entrer dans Avignon dans la matinée du 25 août. Le soir, d’autres éléments de l’armée B (devenue la 1^ère Armée française en septembre 1944) du général de Lattre de Tassigny les rejoignirent en nombre.

Lors de son arrivée à Avignon, le Génie de la 1^ère division blindée aidé par les bateliers du Rhône, de cadres de l’ancien 7^e régiment en congé d’armistice et des populations locales réalisa un bac avec du matériel récupéré sur les bords du fleuve. Dès le lendemain de la Libération, les premiers Spahis et des véhicules légers purent traverser le Rhône pour se rendre à Roquemaure et à Remoulins. Cet aménagement de fortune fut emprunté par des jeeps mais il était trop précaire et trop fragile pour permettre le passage de blindés. Il fallait mettre en place une infrastructure capable de soutenir l’avancée des troupes et du matériel roulant en direction de Lyon. Un pont de bateaux fut conçu en quelques jours et même des véhicules blindés purent passer à partir du 30 août. Ce pont fut inauguré par le général de Lattre de Tassigny. Plus de 2 000 véhicules de la 1^ère division blindée, de la 1^ère division française libre et des soldats de divers détachements américains parvinrent à rejoindre l’autre rive du Rhône.

La plaque sur le pont Edouard Daladier construit ultérieurement rappelle cet épisode qui favorisa l’avancée des troupes et la prise de Lyon dès le 3 septembre avec 80 jours d’avance par rapport aux objectifs prévus. Les troupes alliées purent se lancer dans une poursuite de 700 kilomètres en passant par Lyon, Beaune, Dijon et Langres et effectuer la soudure du deuxième front pour couper la retraite des forces allemandes depuis le centre de la France.

-          du mémorial

Le projet du pont Edouard Daladier date de 1954. Au moment de la construction du pont, le bras gauche du Rhône était navigable. Il se trouvait en amont du pont suspendu qu’il devait remplacer et qui fut démoli en 1960. Les travaux commencèrent en août 1955. Le maître d’œuvre est l’entreprise Rangeard et Fils supplée après sa faillite par la Société des Grands Travaux de Marseille. Il a été inauguré le 5 mars 1960 et le 21 juin 1961 par le ministre des Travaux publics et des Transports, Robert Buron. Ce pont est toujours en service aujourd’hui.