Analyse média

Cette plaque rectangulaire en marbre blanc se situe dans la galerie du premier étage de l’hôtel de ville d’Avignon sis sur la place de l’Horloge. L’inscription est gravée en majuscules rouges, elle est accompagnée au début de la deuxième ligne de l’insigne de la première armée française, appelée armée B jusqu’en septembre 1944. Cet insigne fut présenté au général de Lattre de Tassigny le 21 avril 1945 par Gérard Ambroselli, artiste et officier maquettiste. Il reprend le blason de la ville de Colmar (de couleur rouge et vert, parti de gueules et de sinople, à la masse d’armes d’or perte en barre brochant sur la partition) au-dessus de quelques lignes bleues rappelant les flots du Rhin et du Danube mais aussi ceux de Saint-Tropez où les soldats de l’armée B avaient débarqué.

Une bordure de la même couleur entoure le texte. La plaque a certainement été inaugurée en 1964 puisqu’à l’échelle nationale, pour le 20^e anniversaire de la Libération, l’association Rhin et Danube avec l’accord du gouvernement voulait commémorer l’action de la première armée française dans toutes les communes où celle-ci était passée. 43 plaques furent réalisées et placées sur son parcours généralement dans les hôtels de ville, sur leur façade, à proximité, sur un monument préexistant ou sur une zone de combat. Le texte est commun à toutes les plaques, seuls le nom de la localité et la date de laLibération changent et l’insigne n’est pas toujours en couleur.

La liste non exhaustive des autres plaques de marbre blanc est la suivante avec la date de la Libération entre parenthèses et sa localisation : Cuers (17 août, stèle sur l’esplanade de l’hôtel de ville, côté façade sud, inaugurée le 17 août 1964), La Londe-les-Maures (17 août, sur la route de Saint-Honoré, la plaque est posée au pied de la stèle de la Libération érigée en 1970 par le Souvenir français à l’emplacement du premier cimetière divisionnaire créé au moment de la Libération), Le Lavandou (17 août, sur la façade de la Maison des Associations patriotiques, à l’angle du quai Gabriel Péri et de la rue Rabelais), Hyères (21 août, devant le monument commémoratif de la Libération, chemin du Père éternel), Lyon (3 septembre, dans la cour d’honneur ou cour haute de l’hôtel de ville, au 1 place de la Comédie dans le 1^er arrondissement), Villefranche-sur-Saône (3 septembre), Mâcon (4 septembre, square du 4^ème bataillon de choc), Châlons-sur-Saône (5 septembre, dans la cour de l’Hôtel de Ville), Jura (plaque sans date, à Lons-le-Saunier, carrefour de la Libération, entre le monument aux héros morts et le monument à la gloire de la Résistance jurassienne), Chagny (6 septembre, square Jean Moulin), Meursault (7 septembre, place de l’Europe), Beaune (8 septembre, devant le char Orléans II, route départementale 18 en direction de Bligny-lès-Beaune), Dijon (11 septembre, sur le mur du jardin Darcy), Langres (13 septembre, en face de la gendarmerie, avenue de Turenne), Servance (28 septembre), Ronchamp (2 octobre, à l’entrée du site de la chapelle sur la colline de Bourlémont, inaugurée le 18 octobre 1964), Cornimont (14 octobre), Montbéliard (17 novembre, sur la façade de la mairie), Champagney (19 novembre, sur la façade de la mairie), Belfort (20 novembre, plaque en marbre noir sur le mur ouest de la citadelle de Belfort), Giromagny (22 novembre, sur la façade de l’hôtel de ville), Altkirch (21 novembre) et Thann (8 décembre, inaugurée le 5 et 6 décembre 1964 sur le mur sud de l’hôtel de ville).

 

Inscription

LA PREMIERE ARMEE FRANCAISE

COMMANDEE PAR

LE GENERAL DE LATTRE DE TASSIGNY

FORGEE EN AFRIQUE ET EN ITALIE

DEBARQUEE EN PROVENCE

GROSSIE DES FORCES FRANCAISES

DE L’INTERIEUR

A LIBERE AVIGNON LE 25 8 1944

DANS SA MARCHE VICTORIEUSE

AU RHIN ET AU DANUBE

Contexte historique

Historique

-          du lieu pendant la Seconde Guerre mondiale

La ville d’Avignon représentait un enjeu politique et stratégique. Les ponts de la basse-vallée du Rhône avaient été endommagés ou détruits par les bombardements alliés de l’été 1944. Les Américains débarqués en Provence à partir du 15 août 1944 comptaient libérer seuls le territoire français par la rive gauche du Rhône. Au matin du 25 août 1944, des chars et des véhicules américains du 7^ème régiment de la 3^ème division d’infanterie furent aperçus dans les faubourgs à l’est d’Avignon. Par la route nationale 7, en provenance de Cavaillon, ils suivaient la progression prévue vers le nord.

Le général de Lattre de Tassigny, lui, voulait franchir le Rhône pour atteindre Lyon par la rive droite, poursuivre en direction de Dijon, de l’Alsace et du Rhin et gagner ainsi en autonomie vis-à-vis de l’armée américaine. Son plan fonctionna grâce à la traversée du Rhône par ses troupes à Avignon.

Arrivant par le gué sur la Durance aménagé près du pont de Rognonasdans la nuit, les premiers soldats qui entrèrent dans Avignon dans la matinée du 25 août furent des soldats du 2^ème régiment de Spahis algériens à la disposition de la 1^ère division blindée.Sous une chaleur lourde, ils avancèrent dans une ville déjà évacuée par les troupes d’occupation qui avaient fait exploser différents dépôts de munitions avant leur départ.Des tanks américains et des automitrailleuses françaises passèrent dans la rue de la République. Vers 10 heures, la population détruisit la plaque du boulevard Maréchal Pétain (anciennement avenue Jean Jaurès). Des femmes accusées de collaboration ou d’avoir eu des relations sexuelles avec l’ennemi furent tondues sur la place de l’Horloge. A 14 h 10, le docteur Lioure fut proclamé maire au balcon de l’hôtel de ville.Vers 16 heures, le buste de Marianne fut présenté au balcon avant de retrouver sa niche dans le hall de la mairie.

 

-          du mémorial

L’hôtel de ville a été construit de 1845 à 1856 sur l’emplacement de l’ancienne livrée d’Albane bâtie au XIVe siècle et convertie en maison commune au XVe siècle. Seule la tour transformée en beffroi au XVe siècle fut conservée. L’architecte de la ville Joseph-Auguste Joffroy conçut les plans de cet édifice de style néoclassique. L’architecte Léon Feuchère ajouta un balcon porté par des colonnes. Le bâtiment fut inauguré le 24 septembre 1852 par le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte et le maire d’Avignon, Joseph Poncet. Son entrée est surmontée par les armoiries de la ville. Il est composé d’un rez-de-chaussée, d’un entresol et d’un étage.