Journal Défense de la France, n°7, 1er janvier 1942

Légende :

Newspaper "Défense de la France", n°7, January 1, 1942.

Genre : Image

Type : Presse clandestine/ Clandestine Press

Source : © © Archives nationales, fonds Défense de la France (don association Défense de la France) Droits réservés

Détails techniques :

Format 23 x 29 cm.  6 pages (3 feuillets imprimés au recto et au verso). Le papier jaunâtre, acheté au marché noir, est de médiocre qualité.

Lieu : France - Ile-de-France

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Analyse média

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Ce journal est la 7e publication de Défense de la France. Il est daté du 1er janvier 1942. A partir de ce numéro, le tirage augmente : il passe de 5000 exemplaires à 10 000 pendant les premiers mois de l’année 1942.

Cette 7e publication est ornée, sur le haut de la première page, de deux croquis : l’un représentant la cathédrale de Paris, le second d‘une ogive où s’inscrivent ces mots : « 42 : Année d’espoir et de lutte ». Par ailleurs, l’intérieur du journal est abondamment illustré par 4 croquis se rapportant à la campagne de Russie.

Ce numéro est constitué de 4 principaux articles :

- Dans le premier article, « Indomitus », appelle les Français à « s’unir pour construire ». Il manifeste sa confiance en l’avenir et, une fois encore, son maréchalisme.

- René Tézenas du Montcel, « Maître Jacques », signe un deuxième article intitulé « Principes et réalités » dans lequel il dénonce le contrôle « arbitraire » des Allemands sur l’économie française.

- Sous la plume du « capitaine X », Défense de la France apporte aux Français des informations sur l’évolution de la guerre en Russie. Quatre croquis viennent enrichir ce troisième article. Ils présentent successivement la contre-offensive russe, les fronts des environs de Moscou, de Léningrad et la mer d’Azov. 

Abondamment développés dans ses publications, Défense de la France se concentre une fois encore sur « les revers que la Wehrmacht subit en Union soviétique. […] Il dresse un parallèle réconfortant entre la déroute napoléonienne et la chute escomptée d’Adolf Hitler. » (1) 

- Dans son quatrième article « Stratégie mondiale », René Payot « prédit une guerre longue et conserve un ton mesuré. Il traite ses lecteurs en adulte en refusant tout triomphalisme. »

- Ce 7e numéro s’achève par un message écrit en lettres capitales dans lequel  Défense de la France appel les ouvriers à se méfier des Allemands et les encourage à s’unir. Ce « discours à la forte tonalité patronale manifeste l’antibolchévisme et l’anticommunisme de Défense de la France. » (2)

 

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A cette époque, l’impression du journal se fait de nuit dans les caves de la Sorbonne (Paris), sur la Rotaprint dont se dote le mouvement dès le printemps 1941. L’entreprise est encore très artisanale, la petite équipe, aux effectifs encore réduits, gère en totale autonomie cette entreprise dont le chef, Philippe Viannay, souhaite conserver une totale indépendance. « A trois et bientôt quatre puis cinq, ils s’occupent de tout : transporter du papier, aller chercher de l’encre, installer la machine, imprimer, faire sécher les pages, mettre les journaux en paquet et les donner à ceux qui allaient les diffuser. » (3) 

Ces premiers mois, l’impression, longue et difficile, est faite par Philippe Viannay. Il est alors le seul à connaître le fonctionnement de la machine et délègue difficilement.

« Les 21 premiers numéros sont écrits par 9 rédacteurs seulement. […] Les dirigeants s’attribuent leurs articles au gré de leurs affinités et les auteurs, une fois les textes acceptés, signent leur copie d’un pseudonyme : « Indomitus » pour Viannay, « Robert Tenaille » pour Salmon. Les deux hommes rédigent à eux seuls la majorité des contributions, même si quelques personnalités extérieures, René Tézenas du Montcel, « Maître Jacques », ou Alphonse Dain « Francin, Klein, Pelletier », apportent parfois leurs concours. En somme, une poignée d’homme assumes à elle seule la rédaction du journal. » (4) 

Dans les 22 premiers numéros, publiés entre le mois d’août 1941 et novembre 1942, Défense de la France engage un combat fondé sur une protestation morale. Son discours, centré sur l’information et la contre-propagande traite, de manière inégale, les sujets suivants : la collaboration, le défaitisme, les provinces perdues et la germanisation des populations locales, l’anglophobie, le pillage économique allemand, les rigueurs de l’occupation, l’hitlérisme et le barbarisme nazi, les camps de concentration, les revers de la Wehrmacht et les difficultés économiques du Reich


Sources : (1)  Olivier Wieviorka Une certaine idée de la Résistance, Défense de la France 1940-1949, éditions du Seuil, 1995. (2) Ibid. (3) Clarisse Feletin, Hélène Viannay, L’instinct de Résistance de l’Occupation à l’école des Glénans, éditions Pascal, 2004. (4) Ibid.


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This newspaper is the seventh publication of Défense de la France. It is dated the first of January, 1942. Starting with this issue, the number of copies made increased dramatically, passing from 5000 to 10000 copies during the first few months of 1942.
This seventh issue is marked by two sketches at the top of the first page: the first is a representation of the Cathedral of Paris, and the second is a template bearing the inscription: « 42: A Year of Hope and Struggle ».
The interior of the newspaper is also abundantly illustrated with four sketches pertaining to the military campaign in Russia. This issue consists of 4 principal articles:

- In the first article, « Indomitus » calls the French to « unify to rebuild ». He shows his confidence in the future, and once again, the Marshall Pétain. - René Tézenas du Montcel, « Maître Jacques », wrote the second article, entitled « Principles and Realities », in which he denounced the « arbitrary » control that the Germans had over the French economy.

- Under the pen of « Captain X », Défense de la France brought the French information about the evolutions of the war on the Russian front. Four sketches enriched this third article, presenting: the Russian counter-offensive, and the fronts near Moscow, Leningrad, and the Sea of Azov. A favorite topic of Défense de la France, this issue again concentrated on the « the setbacks suffered by the Wehrmacht in the Soviet Union. [...] It drew on reassuring parallels between the defeat of Napoléon and the anticipated fall of Adolf Hitler. » (1)

- In the fourth article, « World Strategy », René Payot « predicts a long war and keeps a measured tone. He treats his readers like adults, refusing to be too prematurely triumphant. »

- This seventh issue finishes with a message written in capital letters in which Défense de la France calls laborers to be wary of the Germans and encourages them to unite. This « the strong managerial tone of this discourse shows the anti-Bolshevik and anti-Communist stance of Défense de la France. » (2)

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At this time, the printing of the newspaper was done at night in the basement of the Sorbonne in Paris on the Rotaprint that the movement acquired in Spring 1941. The operation was still very artisanal, and the small team, workforce already diminished, managed to remain autonomous. The leader, Philippe Viannay, wanted to conserve this total independence
« At three, soon four, then five, they did everything: transportation of papers, finding ink, setting up the machine, printing, drying the pages, packaging the papers, and giving them to those who would diffuse them ». (3) During these first months, the printing, which was long and difficult, was done by Philippe Viannay. He was the only one who knew how to operate the machine, and had a hard time delegating responsibilities. « The first 21 issues were written by a team of only 9 authors. [...]
The directors attributed their articles to their close friends, and once the texts were accepted, signed the copies under a pseudonym: « Indomitus » for Viannay, « Robert Tenaille » for Salmon. The two men wrote the majority of the contributions themselves, though occasionally contributions were sent in from other personalities, such as René Tézenas-du-Montcel, « Maître Jacques », or Alphonse Dain « Francin, Klein, Pelletier ». Overall, only a handful of people assumed all of the writing for the newspaper ». (4)

In the first 22 issues, published between August 1941 and November 1942, Défense de la France engaged in combat on the basis of moral protest. Its message, centered on information and counter-propaganda, addressed, unequally, the following subjects: collaboration, defeatism, lost territories and the germanization of local populations, anglophobia, the economic exploitation by Germany, the difficulties of the occupation, Hitlerism and Nazi barbarism, concentration camps, the defeat of the Wehrmacht and the economic difficulties of the Reich.



Source: (1) Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance , Défense de la France 1940- 1949, Seuil publications, 1995. (2) Ibid. (3) Clarisse Feletin, Hélène Viannay, L'instinct de résistance, de l'Occupation à l'école des Glénans, Pascal publications, 2004. (4) Ibid.

 

Traduction : Matthias R. Maier


Auteur : Emmanuelle Benassi

Author: Emmanuelle Benassi

Contexte historique

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L’évolution du conflit continue de jouer en faveur des Allemands et des forces de l’Axe. Malgré l’entrée en guerre des Etats-Unis depuis l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, l’ennemi gagne du terrain.  Les succès de Rommel en Afrique comme l’offensive allemande déclenchée en Russie au printemps 41 n’incitent guère à l’optimisme. De leur côté, les Japonais poursuivent leurs offensives dans le Pacifique.

« Les années 1941-1942 sont des années très longues, très lourdes ». L’espoir d’une victoire rapide en 1940 est déjà loin et au fur et à mesure que les mois passent la guerre tisse sa toile. Elle s’étend et s’enracine partout. » 

En France, la répression allemande à l’encontre des résistants, des Juifs et des civils est de plus en plus violente, notamment depuis le décret Nacht und Nebel promulgué les 7 et 12 décembre 1941. 

Pourtant, peu à peu, le maréchal Pétain perd en crédibilité auprès d’une population française fatiguée, usée par les difficultés du rationnement et les restrictions quotidiennes que lui inflige une occupation allemande de plus en plus pesante. La rigueur d’un hiver qui s’éternise ne fait qu’accentuer cette morosité.

Dans ce contexte de plus en plus difficile, la Résistance intérieure et extérieure s’organise progressivement. Le 1er janvier 1942, deux événements marquants vont influencer, voire déterminer, l'avenir de la France Libre et de la Résistance :
- à Washington, 25 états signent la Déclaration des Nations unies, le lendemain la France Libre y adhère ;
- dans le sud de la France, Jean Moulin se pose en parachute, il est le représentant personnel du général de Gaulle et chargé de fédérer tous les éléments de la Résistance autour de la France Libre.


Sources : Clarisse Feletin, Hélène Viannay, l’instinct de Résistance de l’Occupation à l'école des Glénans, éditions Pascal, 2004.

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The evolution of the conflict continued to play in favor of the Germans and the forces of the Axis. Despite the United States having entered the war following the Japanese attack on Pearl Harbor on December 7, 1941, the enemy was gaining ground. The success of Rommel in Africa as the German offensive into Russia began in the Spring of 1941 hardly inspired optimism. For their part, the Japanese also continued to pursue their offensives in the Pacific.
« The years of 1941 to 1942 were very long, very difficult ». The hope of a rapid victory in 1940 had already long dissipated. As the months dragged on, the war wove a web of ever greater complexity, ensnaring more and more of the continent in its fatal trap.

n France, the German repression of resistants, of Jews, and of civilians became more and more violent, notably since the Nacht und Nebel decree promulgated the 7th and 12th of December, 1941.

Little by little, Marshall Pétain lost credibility amongst a worn-out French population, tired of the hardships of rationing, the daily restrictions that were inflicted by a German occupation growing heavier and heavier, as the rigor of a winter that dragged on for months only accentuated this gloom. However, in this context that was becoming more and more difficult, the Resistance, both inside France and overseas, continued to organize. On January 1, 1942, two events would markedly influence, even determine, the future of the Free French Forces, as well as the Resistance:
- In Washington, 25 nations signed the Declaration of the United Nations, which Free France would join the following day;
- In the south of France, Jean Moulin, the personal representative of General de Gaulle, charged with the federation of all of the aspects of the French Resistance relating to the Free French Forces.

Source: Clarisse Feletin, Hélène Viannay, L'instinct de résistance, de l'Occupation à l'école des Glénans, Pascal publications, 2004.



Traduction : Matthias R. Maier


Auteur : Emmanuelle Benassi

Author: Emmanuelle Benassi