Jacqueline Borgel travaillant à l'atelier de composition de Défense de la France

Légende :

Jacqueline Borgel travaille à l'atelier de composition, rue Jean-Dolent à Paris, printemps 1944. 

Resistant Jacqueline Borgel working in the composition workshop, rue Jean-Dolent, Paris, Spring 1944.

Genre : Image

Type : Photographie / Photograph

Source : © Archives nationales, fonds Défense de la France (don Jean-Marie Delabre) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Ile-de-France

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Contexte historique

 

A partir du mois de février 1942, Défense de la France engage une première étape dans le processus de sa professionnalisation grâce, notamment, au concours déterminant de l'imprimeur Jacques Grou-Radenez, rencontré par l'intermédiare de Paul Ranchon. 
"Outre la fourniture du matériel, Grou-Radenez dépanne DF pour l'impression de certains journaux et, surtout, il forme plusieurs militants à la topographie." (1)
"La composition n'était pas très difficile à assimiler, du moins pour ses rudiments. L'essentiel est de bien connaître les règles de la grammaire et de l'orthograpghe. [...] Il faut que les caractères, petits parallélépipèdes en plomb à l'époque, soient assemblés en lignes rigoureusement de même longueur pour être, ensuite, ficelés en paquets du nombre de lignes que doit comporter une page. Une seule ligne à peine plus longue ou à peine plus courte que les autres crée une instabilité qui éparpillera tous les caractères de la page lors de son transport vers les autres ateleirs ou en cours de l'impression." (2)

Par ailleurs, afin d'éviter tout risque de repérage, la composition des journaux clandestins impose aux typographes l'utilisation de caracactères neufs ne devant jamais servir à d'autres compositions.

Après des débuts laborieux qui "arrachent des fous rires à l'imprimeur", les obstacles sont progressivement surmontés, et Défense de la France se présente comme un véritable journal. Charlotte Nadel, qui bénéficie d'un apprentissage rapide et utile, accepte de se consacrer entièrement à l'atelier de composition et coiffe à terme toute la branche technique du mouvement.

Dès le départ, Philippe et Hélène Viannay mettent en place une organisation très cloisonnée qui permet d'assurer la sécurité du mouvement. Dissociés des imprimeries, les ateliers de composition sont dispersés et connaissent plusieurs localisation entre 1942 et 1943.

La typographie est d'abortd installée au 41 rue du Montparnasse à Paris, dans une chambre de bonne louée par Anne-Marie Jeanprost, puis rue du bocage. Mais le manque de place contraint le mouvement à rechercher de nouveaux locaux. Un temps hébergée par Alain Radriguer, la composition émigre après septembre dans trois lieux différents. Elle s'installe successivement dans un appartement situé à Saint-Ouen ("La Ruche"), puis déménage dans un logement loué square Desnouettes ("Les mouettes") et s'abrite enfin dans l'appartement d'une jeune jardinière d'enfants, Marlyse Guthmann, à Clichy ("l'Asile"). Le 4 mai 1944, cette dernière installation est découverte par les Allemands.

Face à l'imminence du débarquement, le mouvement modifie sa tactique et réunit en un même lieu les ateliers de composition, de clicherie et d'impression, dans une maison louée rue Jean-Dolent.

Sources : (1) Olivier Wieviorka, Une certaine de la Résistance, Défense de la France, 1940-1949, éditions du Seuil, 1995. (2) témoignage de Christophe Grou-Radenez, in, Imprimeurs et éditeurs dans la Résistance, sous la direction de Laurence Thibault (AERI), La documentation Française, 2010.



Starting in February 1942, Défense de la France engaged in its first step in the professionalization process due to the help of the determined support of professional printer, Jacques Grou-Radenez, who was discovered through the intermediary of Paul Ranchon. « Aside from giving us materials, Grou-Radenez also printed certain issues of DF, while teaching several members of the movement in the art of typography. » (1)

« The composition was not very difficult to learn, or at least the basics were not. Knowing grammatical and spelling rules was of the utmost importance. [...] The characters, which were small parallel lead pipes at the time, needed to be assembled carefully into lines in order to assess how many lines could fit on a page. One single line that was slightly shorter or longer than the others would create an instability that would scatter all of the characters across the page during their transport to the other workshops or during the printing process. » (2)

In order to avoid all risk of being spotted, the composition of underground newspapers required typographs to use new characters each time, and never using them again for another composition.

After the laborious beginnings that « forced crazy laughs from the printers », the difficulties were steadily overcome and Défense de la France began to present itself as a veritable newspaper. Charlotte Nadel, who benefited from a rapid but formidable apprenticeship with Grou-Radenez, agreed to consecrate her efforts entirely to the composition workshop and took over the entire technical branch of the movement.

From the beginning, Philippe and Hélène Viannay instituted a closed organization that assured the security of the movement. Disassociated from the printers, the composition workshops were dispersed and moved about several times between 1942 and 1943.

The typography was first installed at 41 Rue du Montparnasse in Paris, in a small apartment rented by Anne-Marie Jeanprost, then in the countryside. However, soon the lack of space forced the movement to look for a new location. At one point sheltered by Alain Radigeur, the composition moved to three different places following September. It was set up successively in an apartment in Saint-Ouen, then into a lodging that was being rented at square Desnouettes, and finally ended up in the apartment of the young kindergarten teacher, Marlyse Guthmann in Clichy. On May 4, 1944, this latest installation was discovered by the Germans.

Facing the imminent Allied landing, the movement modified its tactics and brought all of its workshops together to form one master workshop of composition, templating, and printing in a house they rented on Rue Jean-Dolent.



Source: (1) Olivier Wieviorka, Une certaine de la Résistance, Défense de la France, 1940-1949, Seuil publications, 1995. (2) Account of Christophe Grou-Radenez, in, Imprimeurs et éditeurs dans la Résistance, under the direction of Laurence Thibault (AERI), French documentation, 2010.


Traduction : Matthias R. Maier


Auteur : Emmanuelle Benassi

Author: Emmanuelle Benassi