Place Léopold Blanc à Montélimar

Légende :

Place Léopold Blanc à Montélimar : plaque d’annonce du lieu, précisant son ancien nom

Genre : Image

Type : Nom de rue

Producteur : Claude et MIchel Seyve

Source :

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Montélimar

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Analyse média

La plaque nominative est de présentation courante : forme rectangulaire, émail bleu avec inscription en blanc et liseré de bordure blanc également. Celui-ci réserve la place des vis, destinées à la fixation. La plaque a vraisemblablement été posée en 1945, ainsi qu’en attestent deux délibérations accompagnées des avis et décisions de la préfecture. Le conseil municipal s’est réuni une première fois le 10 octobre 1944. Sur les 24 personnes qui le composaient, on remarque quatre femmes, toutes parentes proches de Résistants disparus. Quelques phrases du discours d’ouverture, prononcé par le maire Marius Spézini, affirment quelques préoccupations essentielles de l’époque : « C’est la première fois depuis la libération du territoire que le conseil municipal de Montélimar se réunit en séance publique. En ouvrant cette séance, je tiens à exprimer à toutes les personnes présentes, mes meilleurs souhaits de bienvenue. Après 4 années d’oppression, nous venons de recouvrir la liberté. Cette liberté que les souffrances endurées nous permettent de mieux apprécier […]. Ma reconnaissance va également à tous les Français qui n’ont jamais désespéré, et qui dans la clandestinité, ont lutté à des titres divers pour la libération du territoire, à tous ceux qui ont souffert dans les geôles de la gestapo, à tous les déportés dont le sacrifice a permis la reconnaissance de la République ». Le maire passe à l’ordre du jour et demande le changement de nom de quelques rues au bénéfice de celui de patriotes, « désireux de glorifier les résistants de la première heure tombés sous les balles allemandes ». Ainsi, le conseil pourrait marquer l’époque résistante encore brûlante dans les mémoires : des propositions – approuvées par le conseil à l’unanimité – sont faites au préfet. Parmi elles, nous relevons le nom de Léopold Blanc qui devrait désigner désormais la place du Chapeau Rouge. La préfecture, par courrier du samedi 23 décembre 1944, accepte la proposition concernant l’avenue de la gare, appelée depuis 1940 (ou 1941) avenue Maréchal Pétain : elle sera désormais dénommée avenue Général de Gaulle. Toutefois, elle « préconise […] de conserver les anciennes appellations qui ont un caractère traditionnel » ; c’est donc un refus ! Pour ce qui est des autres noms – dont celui qui nous préoccupe –, le maire remarque qu’ « aucun ne paraît se rapporter directement à l’histoire de la cité, rappeler un fait quelconque ou glorifier une personnalité locale ». Le conseil décide alors à l’unanimité de maintenir son vote du 10 octobre 1944. Le 21 mars 1945 (confirmation par lettre du 19 avril), la préfecture semble d’accord pour autoriser le changement de nom de cinq rues et places, dont celle du Chapeau rouge. Nous avons remarqué que l’ancien nom de la place du Chapeau Rouge a été conservé, dans la nouvelle inscription ; la même remarque peut être faite en ce qui concerne les changements de nom évoqués plus haut. Il pourrait y avoir là le signe d’un souci de compromis entre le conseil municipal de Montélimar et la préfecture de la Drôme. La date de la pose des plaques est difficile à repérer avec précision. Selon Paul Besson (Archives de l’ANACR Drôme), 22 noms de Résistants et Déportés ont été retenus, dans les années 1960, pour désigner des rues et places.


Claude et MIchel Seyve

Contexte historique

Il n’est pas étonnant que les registres municipaux nous apportent que très peu d’éléments sur les circonstances de la mort de Léopold Blanc, sur son passé de Résistant et sur sa personnalité. En fait, c’est par Robert Vernin, dans son ouvrage On se bat à Montélimar, écrit à chaud en fin d’année 1944, publié au début de 1945, que nous pouvons répondre à quelques-unes des questions évoquées. Nous relevons notamment : Peu de personnes connaissaient Léopold Blanc, le responsable des équipes F.T.P. pour la région montilienne. C’était un homme d’une quarantaine d’années, d’un grand équilibre physique et moral, qui accomplissait sa tâche le plus parfaitement possible, sans bruit, en toute modestie. C’était un homme d’action, un homme de vie intérieure. Il a prouvé magnifiquement qu’il possédait au fond de lui-même un idéal vrai, puissant, aimé ; idéal si puissant qu’il lui a permis d’endurer des tortures que peu d’humains auraient pu subir. Arrêté au mois de juin dernier [1944], on dut trouver sur lui les papiers dont il était habituellement porteur, papiers qui concernaient la résistance et son organisation. Mais ces textes d’importance capitale demeuraient indéchiffrables à qui n’en connaissait pas la clef. La Gestapo dut comprendre aussitôt tout l’intérêt qu’il fallait attacher à ses documents et décida pour percer leur secret d’y mettre le prix. On ne sait rien sur ce qui se passa au cours des interrogatoires de Léopold Blanc. […] Ce que l’on a vu par contre, c’est le cadavre de Léopold Blanc au bord du Rhône d’où l’on venait de le retirer. Son cadavre ou plutôt ce qui en restait. On ose à peine évoquer les mutilations qu’avait pu subir cet homme : oreilles coupées, yeux crevés, ventre ouvert. Pour compléter leur œuvre, ses bourreaux lui avaient attaché les bras derrière le dos avec ses entrailles pendantes. Malgré des recherches multiples, il n’a pas été possible de retrouver son état civil, le lieu où il a été découvert, ni le lieu de sa sépulture, ni non plus de préciser davantage les indications relevées par Robert Vernin, qui demeure pour l’heure l’unique témoin.


Claude et MIchel Seyve