Raymonde Lantheaume et sa ceinture-cachette

Légende :

Raymonde Lantheaume est une des nombreuses agents de liaison drômoises.

Genre : Image

Type : Portrait

Producteur : Cliché Alain Voreppe

Source : © Le Dauphiné Libéré, 2 juin 1994 Droits réservés

Détails techniques :

Copie d’une photographie noir et blanc publiée par le journal Le Dauphiné Libéré du 2 juin 1994.

Date document : 1994

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Crest

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Analyse média

Agent de liaison, Raymonde Lantheaume de Crest dissimulait les messages dans une ceinture dans laquelle elle avait pratiqué une cachette où elle glissait les messages qu’elle devait transporter.
Sur la photographie, on la voit dans sa cuisine, en 1994, montrant au journaliste du Dauphiné Libéré, sa ceinture cachette.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

En matière d’organisation clandestine, la première structure qui s’impose est le service des liaisons chargé de transmettre, du sommet à la base de la pyramide, et inversement, instructions, consignes d’action, renseignements et comptes-rendus. Ces liaisons doivent aussi se faire transversalement, entre compagnies, par exemple, ou entre le NAP (Noyautage des administrations publiques) et les responsables de la Résistance armée.

Les agents de liaison sont recrutés généralement parmi les jeunes résistants et les femmes. S'efforçant de passer inaperçus, ils vont parcourir chaque jour des kilomètres à pied, à bicyclette, et par les transports publics. Dans la ville, ils connaissent chaque rue, chaque ruelle, chaque passage dissimulé. Courant d'un lieu à un autre, transmettant messages verbaux, plis portant instructions brèves ou rendez-vous. Très vite, ces derniers sont codés, et la tolérance de retard lors des rendez-vous ne va pas excéder le quart d'heure. L'auxiliaire de l'agent de liaison est la boîte aux lettres, elle est dite "vivante" sous forme d'un sympathisant tenant une boutique, un atelier d'aspect anodin. La boîte vivante reçoit et transmet le message verbal ou le pli à un autre agent ou au destinataire lui-même. Elle est "statique" ou "morte", sous la forme de l'habituelle boîte à lettre d'un couloir d'immeuble choisi, par préférence, dans un lieu parmi les plus fréquentés ou dans le creux d’un arbre à la campagne. L'agent de liaison lève périodiquement le courrier. Il faut disposer de nombreuses boîtes, car elles vont devenir suspectes à l'usage, grillées en cas de filature et/ou d'arrestation. 

Plusieurs facteurs déterminent le danger encouru dans l'exercice de la fonction d'agent de liaison : profil, motivation et formation de l'agent, densité de l'occupation ennemie dans la zone d'action, nature, amplitude et fréquence des missions. Une étude, portant sur 24 agents de liaison recensés en Drôme, montre que, à parité entre les deux sexes, ce sont les femmes qui paient le plus lourd tribut. Ceci peut s'expliquer par le fait que les missions les plus périlleuses leur sont souvent confiées.

Citons quelques exemples :
René Roux, agent de liaison de l'Intelligence Service (IS) est arrêté au retour d'une mission au hameau de Combemaure à Grâne, torturé à Valence-sur-Rhône puis fusillé et laissé pour mort, il va survivre miraculeusement. Comme le jeune Marin Carrat, chargé de descendre du Vercors trois à quatre fois par semaine le courrier des maquisards de sa compagnie jusqu'à Romans.
Nancy Bertrand va multiplier les contacts entre les maquisards et leurs familles. Si de telles activités ne correspondent pas tout à fait à celles de l'agent de liaison conventionnel, chargé de transmettre des messages déterminants pour le succès des opérations ou la survie de l'organisation, elles contribuent néanmoins au maintien de la confiance et du moral des hommes. Et l'ennemi ne s'y trompe pas : le jeudi 3 août 1944, au cours d'une mission, elle est arrêtée et sauvagement assassinée.

Arrêtées plus tôt au cours de la guerre, Renée Silhol, Marie-Louise Dragol-Bordet et Cécily Lefort sont déportées à Ravensbrück, la dernière y meurt.


Auteurs : Jean Sauvageon et Pierre Balliot
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.