Marcel Piat

Légende :

Marcel Piat, dit "Marceau", membre de l'OCM et pressenti pour devenir chef départemental de Libération-Nord, il préfère s'effacer devant Georges Moulin, de Melun. Commandant du sous-secteur FFI de Nemours en 1944.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Service historique de la Défense Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc extraite du DVD-ROM La Résistance en Île-de-France, AERI, 2004.

Lieu : France - Ile-de-France - Seine-et-Marne

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Contexte historique

Marcel Piat est né le 6 août 1908 à Ervauville (Loiret). Les influences familiales l'orientent vers la profession de charcutier et il devient apprenti à Champagne-sur-Seine, Pantin, Paris... Son service militaire au 65e régiment d'artillerie divisionnaire d'Afrique l'entraîne à Aumale et Laghouat (Algérie). Démobilisé, il se marie en juin 1932 avec une jeune femme rencontrée dans son milieu professionnel. En juillet 1934, il peut s'installer dans ce qui sera sa charcuterie, à Nemours, rue du Souvenir.
"Fidèle, écrit-il, à [son] idéal de justice et de liberté",il est entré en maçonnerie en mars 1934 à la loge des Fidèles d'Hiram de Rueil, sous l'obédience du Grand Orient. Installé à Nemours, Piat s'affilie à la loge Germinal-Orient de Moret-sur-Loing. Compagnon le 17 janvier 1936, il est maître le 20 mars 1938. En cette année 1938, Marcel Piat est profondément affecté par les accords de Munich : "Je mesurai la veulerie de nos dirigeants, la lâcheté de la population... J'en pleurai de rage et de honte."
Mobilisé le 29 août 1939 au 5e régiment du train, il rejoint Orléans. Brigadier, maréchal-des-logis, il gagne l'Alsace et la frontière. Cependant, "la vraie guerre, tant attendue, se transforme en défaite". Sur les plages de Dunkerque, il éprouve profondément un sentiment de refus, alors que l'obsède la réflexion de Clémenceau sur les peuples qui ne peuvent jamais être vaincus. Embarqué pour Douvres - il n'oubliera jamais l'accueil des Britanniques -, il revient  par Southampton, le Cotentin, Bordeaux (où son épouse a entendu l'appel du 18 juin). Démobilisé en août 1940, il reprend son activité de répartiteur cantonal à Nemours et devient chef de secteur de la défense passive locale.
Sa volonté de résister ne prend pas corps avant 1942. Entre-temps, il a tout de même rencontré Gilbert Gaillardon de Souppes-sur-Loing qui, lui aussi, cherche des contacts. Ils vont se rattacher à l'OCM de Montargis, secteur qu'ils connaissent l'un et l'autre, dont le chef est Vaissière. Les armes proviennent du réseau Prosper dont le chef local est Carmignac, de Chuelles, localité proche de Courtenay. L'exécution par les Allemands de Carmignac, en juillet 1943, casse cette organisation et isole les groupes.

Il convient de renouer les fils, de retrouver O'Neill, responsable de l'OCM, au moment où justement ce dernier vient de fonder son propre mouvement qui sera les Volontaires paysans et ouvriers (VPO). C'est sous cette appellation que Marcel Piat rassemble un groupe à Nemours. Gaillardon fait de même à Souppes. De plus, les pourparlers de O'Neill avec Grégoire ("Godefroy", "Guiselain") de Libération-Nord conduisent à l'idée d'un travail en commun, localement, entre les deux mouvements. Gaillardon est le chef de VPO pour le Gâtinais de Seine-et-Marne. Piat, son lieutenant à Nemours, noue des contacts avec Libération-Nord. Pressenti comme chef départemental de ce mouvement, il préfère s'effacer devant Georges Moulin, de Melun.

Piat ("Marceau") rassemble un groupe d'une vingtaine d'hommes pour les parachutages et les sabotages. Il dispose de multiples complicités dans sa ville. Il a noyauté la poste avec l'essentiel du personnel et l'accord de la directrice, Mademoiselle Deballe. Des communications nocturnes avec Gaillardon sans trace écrite sont possibles. Le courrier destiné aux Allemands est systématiquement ouvert. Piat peut aussi compter sur un groupe de douze hommes à la gare. On détruit des feuilles de douane ; des marchandises sont envoyés dans de fausses directions... A l'hôpital, il peut mettre sur pied un service chirurgical clandestin pour les résistants, et noue des intelligences avec pratiquement toute la brigade de gendarmerie.

Un terrain de parachutage est préparé dans une coupe du bois de Saint-Paul et des parachutages se déroulent les 25 juin et 12 juillet 1944. Ils permettent l'armement du groupe Marceau mais également de deux autres que Piat a pris sous son autorité : le groupe "Maisons", d'Ormesson, issu des réseaux Buckmaster, et le groupe "Fabry" avec Paul Delouvrier. Les 22 et 23 juillet 1944, Marcel Piat et ses hommes organisent le sabotage des écluses de Bordes et de Bagneux sur le canal du Loing. Une péniche de 248.000 litres d'essence est immobilisée. Le 10 août 1944, Piat est nommé commandant du sous-secteur FFI de Nemours par Desouches, responsable départemental des FFI de Seine-et-Marne.

Les trois groupes commandés par Piat  participent, en août 1944, aux combats de la Libération. Ils appuient les Américains lors de la libération de Nemours le 23 août 1944.
Il met sur pied le Comité local de Libération dont il sera un des membres.
Après la Libération, Marcel Piat reprend son activité professionnelle. Décédé en 1999, il repose à Nemours.

Décorations : médaille militaire, médaille de la Résistance.


Claude Cherrier, "Marcel Piat" in DVD-ROM La Résistance en Île-de-France, AERI, 2004.