Analyse média

Dans son témoigne, Yves Farge explique le commencement du CAD. Moulin, alias "Max" lui expose son plan pour lutter clandestinement contre le STO, tout en en informant Pierre Kaan, "Biran", qui se charge d'en alerter le CNR. 
Le CNR en accepte - selon Farge - l'idée fin juin 1943. Le 14 juillet 1943 se tient la réunion constitutive du CAD, au domicile lyonnais du Dr Descomps.
Yves Farge explique ensuite en quoi consistait en pratique la tâche du CAD :
- à distribuer des fonds (en moins d'une année, plus de 60 millions auraient été distribués)
- à fabriquer des faux papiers "à la tonne" (réquisition des imprimeries de la Fédération des Fonctionnaires, sous la responsabilité du fils de Charles Laurent, Marc Laurent, alias "Martel" ; ouverture d'une usine de faux tampons dont seraient sorties plus de 400 000 cartes d'alimentation ; publication et diffusion de "manuels du parfait faussaire")
- à noyauter des ministères-clefs en vue de connaître et ainsi de combattre les dispositions allemandes en matière de main-d'oeuvre (il cite le noyautage très efficace du ministère de la Production industrielle, dont le chef de cabinet du ministre était d'autant plus acquis à la cause du CAD qu'il avait été placé par le NAP et par lequel "on connaît les demandes de Sauckel* avant même que Vichy n'en ait eu connaissance") 
- à opérer des actions d'envergure ciblées visant à empêcher le STO (il évoque les bombardements des usines Renault d'Auteuil et celui des chantiers Todt à Brest, et enfin, l'incendie du fichier central du STO contenant le fameux recensement de la "classe 1943", opération placée sous l'autorité de Léo Hamon.)
- à saboter les Chantiers de Jeunesse de zone Sud, notamment à Toulouse, en distribuant primes de démobilisation et faux papiers et en montant des filières pour le maquis.

 

*Fritz Sauckel (27 octobre 1894 - 16 octobre 1946) était un responsable nazi. Surnommé le « négrier de l'Europe », il organisa les déportations de travailleurs des pays occupés vers l'Allemagne.
Marin sur des navires de commerce, puis ouvrier d'usine, il adhéra en 1923 au parti nazi, dont il devint Gauleiter en Thuringe en 1927. Chef du gouvernement de Thuringe en 1932, puis Reichsstatthalter de Thuringe en 1933, il fut nommé plénipotentiaire général pour l'emploi de la main-d'œuvre en 1942 et organisa à ce titre les déportations de travailleurs des pays occupés vers l'Allemagne. Son représentant en France était Julius Ritter, assassiné en septembre 19432. Il fut condamné à mort au cours du procès de Nuremberg pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité et pendu en 1946.