Marcel Santoni
Légende :
Marcel Santoni, l'un des nombreux résistants corses ayant choisi de poursuivre, après la libération de l'île le 4 octobre 1943, le combat auprès des troupes françaises, ici en 1944
Marcel Santoni, one of the many Corsican Resistance fighters who chose to carry on combat with the French army after the liberation of Corsica on October 4th, 1943, shown here in 1944
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © ANACR Corse-du-Sud Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : 1944
Lieu : France - Corse
Contexte historique
Marcel Santoni est né le 17 mai 1925 au Maroc dans une famille originaire de Pietroso. Il fait ses études secondaires à Ajaccio où il assiste à des manifestations hostiles à l'irrédentisme en 1938 et 1939. La défaite, qui est douloureusement perçue dans son entourage, l'écoute des émissions de la BBC et d'une radio suisse de langue française provoquent chez l'adolescent une certaine prise de conscience et un désir d'agir qu'il reconnaît également chez des amis de Pietroso. Il s'y forme un petit groupe qui obéit aux mots d'ordre de la BBC, par exemple en inscrivant des graffiti et en distribuant des papillons pour riposter à la propagande officielle. L'Occupation de novembre 1942 alimente cet état d'esprit.
On ne sait pas tout de la répression dans une population désinformée, mais Marcel Santoni est à Ajaccio en juin quand se produit le drame de la Brasserie nouvelle. Il en ressent le traumatisme dans une ville rapidement quadrillée par des soldats italiens qui multiplient les arrestations. Il rejoint Pietroso et apprend l'arrestation de résistants de la région. Le petit groupe auquel il appartient intègre aussi des adultes comme le ferronnier d'art François Risterucci, qui était en relation avec André Giusti.
On prépare un terrain de parachutage, Serpent, sur le plateau de Caralba et la BBC diffuse en juillet le message annonciateur : "Suzy envoie le bonjour à ses amis Dumont et Michel". L'équipe de réception attend en vain. Le parachutage est annulé pour des raisons inconnues. Le Front national fédère les petits groupes comme celui de Pietroso. Il donne des consignes : dès l'annonce d'un débarquement allié, entraver sur le territoire de Vezzani les déplacements des ennemis par des barrages et des embuscades et désarmer les petites garnisons italiennes installées dans les villages.
Mais le 9 septembre 1943, quand arrive l'ordre d'insurrection, l'ennemi n'est plus l'Italien - dont l'attitude est d'ailleurs encore difficile à prévoir - mais l'Allemand. Il y a peu d'armes : armes de chasse sorties de leurs cachettes, vieux fusils provenant de Corte, un fusil-mitrailleur anglais, mais avec des balles d'un calibre inapproprié. Après un affrontement entre Italiens et Allemands au carrefour de Pinzalone le 12 septembre, les deux ponts qui se trouvent à l'entrée de Vezzani ont sauté et le village de Pietroso se trouve isolé. Le 21 septembre arrivent des éléments du Bataillon de choc qui demande des guides et mène des actions sur des hameaux voisins de Pietroso. Le 24 septembre, les Allemands quittent la zone. Ils abandonnent le terrain de Ghisonaccia. Quatre habitants de Pietroso meurent en sautant sur des mines.
Après la Libération, Marcel Santoni, désireux de s'engager, obtient l'autorisation familiale. Il est dirigé sur Alger, puis sur Casablanca et rêve de participer à un débarquement en France, une espérance frustrée car il est affecté aux Forces expéditionnaires françaises en Extrême-Orient. Le départ n'a lieu qu'en mai 1945, en direction de Ceylan où les Français sont rattachés aux Britanniques, avec la perspective de combats en Malaisie. Après Hiroshima et Nagasaki, le Japon capitule et le corps français est envoyé à Saïgon. Ce n'est qu'en octobre 1946 que Marcel Santoni revient en France ; à Toulon. Il est démobilisé en janvier 1947. Il reprend ses études à Paris, à la faculté de Droit, après un engagement qui a duré trois ans.
Marcel Santoni est décédé le 7 décembre 2011 à Ajaccio. (1)
Marcel Santoni was born on May 17th, 1925 in Morocco to a family originally from Pietroso. He completed his secondary studies in Ajaccio, where he attended several demonstrations against Italian irredentism in 1938 and 1939. Refusing to accept the French defeat, received with great sadness by his family, and a regular listener of the BBC and Swiss radio programming in French, the young man experienced a sort of realization and desire to act that was felt by many of his friends in Pietroso as well. There, they formed a small group that followed BBC’s instructions, such as engaging in graffiti drawing and distributing stickers in response to official propaganda. Foreign occupation in November 1942 only encouraged them further.
It was difficult to know the whereabouts of individuals during this time of repression and amongst a misinformed population, but it is known that Marcel Santoni was in Ajaccio in June when the tragic event of the Brasserie Nouvelle occurred. He witnessed the equally traumatic aftermath of this event in the small town, consequently put under lock down by Italian soldiers, who increased their arrests. He returned to Pietroso and learned of the arrests of several Resistance fighters in the region. The small group, of which he was a member, also included adults, such as the skilled metalworker, François Risterucci, who had connections with André Guisti.
A parachute landing site, Serpent, was prepared on the plateau of Caralba. In July, the BBC broadcasted the signal, “Suzy sends her regards to her friends Dumont and Michel”. The team that was organized to receive the parachuting waited in vain. The landing was terminated for unknown reasons. The Front national united these small Resistance groups, such as the one in Pietroso. It gave them the following instructions: as soon as Allied landing was announced, in the area of Vezzani, hinder the movement of the enemy using roadblocks and ambushes, as well as disarming the small Italian garrisons in the towns.
But on September 9th, 1943, when orders for insurrection arrived, the enemy was no longer Italian – whose attitude was still difficult to predict – but German. There remained few weapons, just a few hunting arms taken from their hiding spots, old shotguns from Corte, and an English machine gun with the wrong caliber bullets. After a confrontation between the Germans and the Italians at the crossroads of Pinzalone on September 12th, the two bridges at the entrance of Vezzani were demolished and the village of Pietroso was cut off from the rest of the island. On September 21st, troops from the “Shock Batallion” (Bataillon de choc) demanded guides around the island and then carried out militant activity in the neighboring hamlets of Pietroso. On September 24th, the Germans withdrew from the region. They abandoned the area of Ghisonaccia. Four inhabitants of Pietroso died by attempting to jump the landmines.
After liberation, Marcel Santoni, wishing to continue his military activity, obtained his family’s permission. He was stationed in Algiers, and then in Casablanca. All the while, he dreamed of participating in a landing in France, but this dream was complicated by the fact that he was assigned to the French Expeditionary Forces in the Far East. He did not depart until May 1945 to Ceylon (modern day Sri-Lanka), where the French had established connections with the British in the hopes of engaging in combat in Malaysia. After Hiroshima and Nagasaki, the Japanese surrendered and the French were sent to Saigon. It was not until October 1946 that Marcel returned to France, to Toulon. He was demobilized in January 1947. He returned to his studies in Paris, in law school, after a three-year period of military engagement.
He died on December 7th, 2011 in Ajaccio.
Hélène Chaubin, in CD-ROM La Résistance en Corse, AERI, 2007.
(1) Information communiquée par l'ANACR de Corse-du-Sud.
Traduction : Sawnie Smith