Pierre Coti
Légende :
Reproduction de photographie de Pierre Coti, résistant de la première heure
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © ANACR Corse-du-Sud Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Corse
Contexte historique
Pierre Coti, de Sainte-Marie-Sicche, a 18 ans en 1939. Il est proche d'André Giusti qu'il admire et il rejoint le maquis d'Azilone après le drame de la Brasserie nouvelle. Dès septembre 1943, rebuté par les querelles politiques locales qui ne le concernent pas, il va s'engager dans le Bataillon de choc pour la campagne de Corse, celle de l'île d'Elbe, jusqu'à celles de France et d'Allemagne. Toujours volontaire, plusieurs fois blessé, il est sans ambitions personnelles. En 1945, quand il retourne dans son village, il est simple caporal.
Né le 19 mai 1921 dans une famille de cultivateurs de Sainte-Marie-Sicche, Pierre COTI est le plus jeune d’une famille de sept enfants (4 garçons et 3 filles). Il reçoit de ses parents une solide formation morale et religieuse reposant sur des valeurs essentielles dont la droiture, le sens de l’engagement et le courage mais aussi un enracinement, un attachement à la terre, particulièrement à son village et enfin une simplicité, une humilité dont il ne se départira pas. C’est pour rester à Sainte-Marie-Sicche qu’il renonce à poursuivre ses études à Ajaccio et s’engage, à treize ans, dans une formation de préparateur en pharmacie à Sainte-Marie-Sicche même, tout en continuant à s’adonner à sa passion de la lecture. Sa mère, dont l’autorité morale n’a rien à envier à celle du père, lui interdit de s’engager à 18 ans quand, en septembre 1939, éclate le second conflit mondial. Quatre ans plus tard, elle ne lui opposera plus aucun refus, elle lui donnera, au contraire, sa bénédiction, au sens fort, pour qu’il s’engage dans les rangs du Bataillon de Choc.
Pierre Coti reste muet sur son passage dans les chantiers de jeunesse, de novembre 1941 à juin 1942, ce qui ne signifie pas pour autant une adhésion au régime pétainiste. Comme pour beaucoup de ses concitoyens sans formation politique particulière, son entrée dans la Résistance ne procède pas du rejet d’un régime qui s’enfonce dans la collaboration mais bien de l’occupation italienne. Avec la pudeur qui le caractérise, Pierre COTI exprime son patriotisme blessé par l’occupation italienne par une expression euphémique :« J’ai croisé les premières troupes italiennes et cela m’a fait quelque chose ». C’est la mort d’André Giusti, abattu le 17 juin 1943 à la Brasserie Nouvelle d’Ajaccio, qui le précipite dans le maquis et le bascule dans une résistance armée. Son admiration pour Giusti («un être supérieurement intelligent, capable de passer de son métier qui était diseur fantaisiste à celui d’organisateur de la Résistance») et le resserrement de l’étau de la répression italienne, dont est victime le même Giusti, constituent le facteur déclencheur de son engagement armé. Dans cette période de structuration et d’organisation de la Résistance corse sous l’égide du Front National, Pierre Coti s’intègre à un réseau. Il est recruté par André Giusti et fait alors partie de la première équipe, certainement parmi les cinq ou six premiers éléments…. à Ste-Marie Sicche. Mais l’heure n’est point encore à la prise d’armes. Pour Coti comme pour les autres, la résistance est en gestation dans les esprits et s’écrit en lettres rouges sur les murs du village.
A partir de juin 1943 et durant tout l’été, Pierre Coti prend le maquis avec sept autres résistants de Ste-Marie Sicche et rejoint «naturellement» celui de Zigliara-Azilone, «noyauté», dira-t-il, par Arthur Giovoni, «le grand chef». Il participe pour l’essentiel à des opérations de réception d’armes provenant soit du sous-marin Casabianca (3 mitraillettes Sten attribuées à Ste-Marie Sicche), soit de parachutages (50 mitraillettes).Nommé responsable du maquis de Ste Marie par A. Giovoni, à la Libération, il se doit d’attendre le passage d’une colonne allemande rendu improbable par le harcèlement des partisans de l’Alta Rocca et particulièrement de ceux de Lévie. Avec 30 000 autres Corses (22 classes mobilisées), P. Coti participe à la Libération et intègre le Bataillon de Choc dont il voit les premiers éléments dès le 14 septembre à Ajaccio. Ce choix répond au rêve de P. Coti de « participer à la guerre avec une unité considérée comme valeureuse », à « notre » rêve, dit-il, car ils sont nombreux les Corses à vouloir rejoindre ce bataillon d’élite de l’Armée d’Afrique au point de constituer la 4e Compagnie (ou Compagnie Corse). Après les déboires initiaux nés de l’inexpérience, le commandant Gambiez donne aux Chocs un chef, le Capitaine Torri, ancien légionnaire de la région de Vescovato, soldat de métier qui saura faire de ces patriotes corses dépenaillés, de ces soldats de l’an II, ceux de la Compagnie Corse.
De l’île d’Elbe en juin 1944 à l’Autriche en mai 1945, en passant par l’Alsace, P. Coti s’est révélé un « magnifique chasseur alliant à un courage éprouvé un calme et un sang-froid exceptionnel, capable de réussir les missions les plus délicates », quatre fois blessé, plusieurs fois cité : Croix de guerre, Médaille militaire, Légion d’honneur. A la fin de la guerre, il refuse d’être officier et part, fièrement avec le grade de caporal, retrouver la vie civile et sa chère Corse avant que des impératifs professionnels ne l’en éloignent. Il s’engagera comme visiteur de prison au soir de sa vie lors de sa mise à la retraite.
Ce n’est que le 12 décembre 2000, quelques jours avant de disparaître (le 5 janvier 2001) qu’il accepta de témoigner. Il repose dans le cimetière de son village de Ste Marie-Sicche.
Extrait du CD-ROM Itinéraire de dix jeunes Corses en Résistance, réalisé par les élèves de la 3e 2 du collège Laetitia Bonaparte, sous la direction du professeur Mlle N. VINCENZI.