Bruno Larat
Légende :
En novembre 1939, Bruno Larat est affecté à Bordeaux-Mérignac dans l’armée de l’Air.
Genre : Image
Type : Portrait
Source : © Archives communales de Romans-sur-Isère Droits réservés
Détails techniques :
Photographie d’identité noir et blanc.
Date document : Entre novembre 1939 et juin 1940
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère
Analyse média
Photographie d’identité de Bruno Larat dans sa tenue d’aviateur, avec le grade d’aspirant, semble-t-il.
Bruno Larat est affecté à Montauban dans la cavalerie, le 29 septembre 1939. Il fait connaître son souhait de devenir aviateur. Le 25 novembre, il est envoyé à l’école de l’Air de Bordeaux-Mérignac. On peut penser que c’est à cette période qu’il a besoin de photos d’identité avec sa tenue d’aviateur.
Il a alors 23 ans (né le 2 mai 1916). C’est un jeune soldat qui a l’air serein. Tous ceux qui l’ont connu s’accordent à lui trouver une personnalité rayonnante. « Il respirait la droiture, la détermination, la gentillesse et la délicatesse, c’était l’image même du héros » (Catherine Fillon, historienne du Droit).
Auteurs : Jean Sauvageon
Contexte historique
Né à Villeurbanne le 2 mai 1916, Bruno Larat passe son enfance dans sa famille à Romans. C’est un milieu très patriote et catholique. Son père est officier de cavalerie, ancien combattant de la guerre de 1914-1918. Il suit des études de droit à Lyon et devient avocat en mai 1939. Pendant l’été 1937, il séjourne deux mois en Grande-Bretagne qu’il retrouvera après avoir rejoint le général de Gaulle. Il avait, depuis longtemps, rêvé de devenir aviateur.
Il est mobilisé en septembre 1939 au dépôt de cavalerie de Montauban, mais le 25 novembre, il est affecté à Bordeaux-Mérignac dans l’aviation. Il n’accepte pas la situation créée par Pétain. Il falsifie un ordre de mission, se rend à Saint-Jean-de-Luz où il est embarqué, le 22 juin, jour de l’armistice, sur l’Arandora Star, un bateau polonais, qui arrive à Liverpool le 26 juin. C’est donc un des premiers à rejoindre l’Angleterre. C’est de Gaulle qui, le 8 juillet, visitant la base de Saint-Atham, recommande aux jeunes aviateurs de ne pas s’engager dans la RAF (Royal Air Force). Le 1er novembre, il est affecté à la Free French Training School. Rapidement, il tombe malade, est hospitalisé jusqu’au 9 juin 1941. Il est rayé du personnel navigant et affecté à un centre d’instruction. En octobre 1941, il est admis à réintégrer le personnel navigant. Il rejoint l’état-major du général de Gaulle, au service de renseignement (BCRAM). Il est nommé sous-lieutenant. Il intègre la section « Action » qui compte une vingtaine d’officiers, sous-officiers et soldats.
Bruno Larat est chargé d’accompagner en France des agents qui partent en mission. Il accompagnera notamment Jean Moulin lors de son parachutage dans les Alpilles, dans la nuit du 31 décembre 1941 au 1er janvier 1942. Son nom de code est alors "Luc", Jean Moulin étant "Rex".
Du 7 au 13 mars 1943, il s’entraîne sur un avion Lysander. Il est promu capitaine. Parachuté en France près de Roanne, en mars 1943, il est chargé de diriger les opérations dans la région lyonnaise, il prend la direction du Centre d’opération de parachutage et d’atterrissage (COPA) dont le rôle est le transport de personnalités entre la France et l’Angleterre, la réception des parachutages et des fonds destinés à la Résistance. Il établit son bureau à Lyon.
Le 27 mai 1943, sur les consignes de De Gaulle, Jean Moulin crée le Conseil national de la Résistance (CNR).
Bruno Larat organise plusieurs transferts de personnalités. Sa dernière opération d’atterrissage a lieu dans la nuit du 15 au 16 juin.
Le retournement d’un agent de Combat par la Gestapo, des imprudences conduisent à l’arrestation du général Delestraint le 9 juin 1943. Jean Moulin, pour réorganiser l’AS (Armée secrète) et trouver un successeur à Delestraint, organise le 21 juin une réunion à Caluire, dans la banlieue lyonnaise. Sont convoqués : André Lassagne, Raymond Aubrac, le lieutenant Aubry, le colonel Lacaze, le lieutenant-colonel Schwartzfeld et Bruno Larat qui arrive à 14 h 25. Sans être invité par Jean Moulin, René Hardy se joint à la réunion, contrairement aux consignes de sécurité. À 15 h 10, la Gestapo, conduite par Klaus Barbie, fait irruption dans la salle et arrête violemment les participants qui sont transférés dans les locaux de la Gestapo, à l’école de Santé militaire, rue Berthelot, où les tortures se poursuivent.
Le lendemain, 22 juin, la Gestapo perquisitionne au bureau du COPA et arrête les personnes qui s’y trouvent dont la Drômoise Denise Marin.
Bruno Larat est ensuite emmené au fort Montluc où Klaus Barbie poursuit ses interrogatoires sanglants. Vers le 25 août, il est envoyé à la prison de Fresnes, à Paris, puis à Compiègne d’où il embarqué pour le camp de Buchenwald (matricule 44 119). Il est affecté au camp de Dora où les déportés creusent, dans des conditions épouvantables, les tunnels où seront assemblées les fusées V2.
Logé au Block 23 du camp et employé au Kommando Steinbruck, Bruno Larat entre à l’infirmerie de Dora le 30 mars 1944. Il y meurt d’une pneumonie et d’une dysenterie aiguë le 5 avril 1944.
Il fut remplacé au sein du CNR par Paul Rivière.
À Romans, une avenue porte son nom.
Auteurs : Laurent Jacquot et Jean Sauvageon
Sources : Site des Archives Communales de Romans-sur-Isère. Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort.
Livre des 9 000 déportés de France au camp de Mittelbau-Dora, Laurent THIERY (Dir.), Cherche-Midi, 2020, p. 1278.